Urte berri on deneri


2008 : le retour du septième ciel
Faites l'amour, faites des câlins, tout ça très bien et pendant toute une année

Image aériennement empruntée à one day in my garden du groupe Bayonne sur FlickR

Truffes

Dédicace à Bénédicte qui sous marine parfois ici

« Bonjour monsieur le kiné qui vous occupez de mon dos depuis si longtemps que cela mérite bien des chocolats pour les fêtes » dit Orreaga en tendant une boite de truffes.
« Milesker » répond l’urbain auxiliaire paramédical « Je suis gourmand, je crois que je vais en prendre une le temps que vous vous prépariez. »
« Vous êtes comme mon mari » répond Orreaga en déboutonnant son chemisier « Il résiste rarement aux truffes. »
« Ah, je pense qu’il a pioché dans ma boite » poursuit le masseur en la regardant.
« Euh, peut être » rougit Orreaga un peu gênée « Vous arrivez à compter les truffes aussi vite dans une boite ? »
« Non, mais il y a des empreintes digitales chocolatées sur votre soutien-gorge ».

Carnet bayonnais de décembre

Allez, une fois n’est pas coutume, un peu de nombrilisme pour dire que les bloggeurs existent dans la vraie vie.

Impressions au soleil couché de la rencontre foisonnante, mensuelle et d'hier soir des différents courants de blog

Canal historique :
- J’ai laissé un message sur le répondeur de l’Atalante pour réserver. T’es fou, on l’écoute jamais !
- Tiens, tu n’es pas tombé de moto ce soir ?
- Mais à quoi ça sert un clavier avec une lettre C qui n’existe pas en euskara ?
- Mais pourquoi tu as mis une couleur de fond pareille ? Ça allait bien avec une photo que je n'ai pas mise.

Canal geek :
- Moi mon mec, il m’a offert un APN pour noël, nananère.
- J’ai fait du httpS sur haut-et-fort, moi monsieur.

Canal larmes :
- Tu ne m’as même pas laissé un commentaire alors que j’ai écrit ça pour toi.
- De toutes façons, je ne voulais pas en faire un de blog moi, c’est lui qui m’a forcé.
- Quand le titre est bon, ce n’est pas vraiment la peine d’écrire autre chose.
- Même en sachant où j’étais, je n’ai rien compris à ton dernier post.

B Bhutto

Etre une femme et faire de la politique, ce n'est pas possible partout (quels cons)
El barka fikom

Kiwis

Dans la grosse caisse en bois arrivant des bords de l’Adour, les kiwis bio hors calibre s’offrent aux regards. Il y en a de toutes les tailles, de toutes les formes, beaucoup de doubles, collés l’un à l’autre, ronds juste comme il faut pour que Goizane laisse ses doigts frôler délicatement leur peau duveteuse, qu’elle en soupèse quelques-uns au creux de sa paume en testant doucement leur souplesse avec la pulpe de son pouce tout en fixant Extebe du regard suffisamment longtemps pour que ce dernier soit obligé de placer le panier en osier devant lui.

Solstice

- Il se passe quoi en euskadi, la nuit la plus longue de l’année ?
- Olenzero descend de la montagne et devant la cheminée, près du feu, on fait l’amour toute la nuit.
- Ah, je ne la vis pas tout-à-fait comme cela cette nuit de solstice.
- Ah bon ?
- Non, on est devant la cheminée et, toi, tu joues toute la nuit avec le feu.

Le secret de la chambre d'amour

Dédicace pour celle qui réclame une histoire avec la chambre d'amour

Agoitz : Oui, je suis sur que c’est elle, j’en suis persuadé. Mais c’est bien aussi d’assurer vraiment. Et puis Amatxi(*) est catégorique, ça marche. Je pourrais peut être attendre les beaux jours, ça serait plus confortable. Mais avec les fêtes de fin d’année qui arrivent, les tentations, et tout et tout, je préfère mettre les chances de mon coté. L’emmener là-bas, c’est facile. Toutes les filles en rêvent. Même Oviri ne jure que par la chambre d’amour (**), et pourtant, elle en a chevauché des vagues. Mais une fois là bas, en pleine nuit de décembre, il va faire, pff, 2°C, peut être même moins, c’est pas gagné pour lui faire enlever sa culotte, le sable ne va pas être accueillant.

Haizea : C’est le bon, je le sais. Mais je forcerais bien un peu le destin, juste pour être vraiment sure. Si je pouvais l’amener à la chambre d’amour « Elles sont comment les vagues ? » Le coup de la promenade surfo-romantique au clair de lune, c’est jouable. Après, faire ça dehors, c’est pas gagné, il est un peu timide.

Plus tard, beaucoup plus tard, serrés l’un contre l’autre dans le froid.

- Amatxi, elle perd un peu la tête mais elle raconte des histoires amusantes parfois, commence Agoitz

- Je la connais l’histoire de Laorens, de Saubade et de leur amour éternel, si c’est de celle-ci dont tu veux parler.

- Et la suite, tu la connais ?

- Peut être mais toi tu ne devrais pas la connaitre, c’est un secret qui se transmet de grand-mère à petite fille !

- Je t’ai dit qu’Amatxi perd un peu la tête.

- Et le secret c’est ?

- « La personne qui jouit avec toi dans la chambre d’amour t’aime toute sa vie ».

Haizea l’attire en murmurant : Alors recommence, je suis une chatte et j’ai 7 vies.


(*) grand-mère

(**) en français dans le texte

Bannière (1) Décorations de fin d'année


La maison voulait décorer un peu pour la fin d'année mais l'affichage d'une image à la bonne taille et bien centrée dans la bannière est apparemment une opération un peu trop technique. C'est la solution la moins pire qui accueille.

Les dessins viennent de chez Olislaeger qui a un blog très joli mais pas de courriel visible pour être informé de l'emprunt (temporaire).

Avent 3

Olaria rentre dans le salon et trouve Bitxintxo assis en tailleur, son corps nu recouvert d’une multitude de guirlandes argentées, dorées, renvoyant les éclats des deux bougies allumées qu’il tient dans ses mains.

« Oh mais tu t’es trompé, c’est le troisième dimanche de l’avent, il faut trois bougies » le reprend Olaria.

« Il y en a bien trois mais je ne peux plus bouger, je te laisse donc faire briller la troisième ».

Olentzero

On se rapproche du solstice d'hiver, il est temps de réveiller Olentzero

Le chemin est long pour Olentzero lorsqu’il descend de la montage pour vendre son charbon de bois à la ville. A mi chemin, il trouve un cayolar avec Onintza la bergère qui veille sur ses brebis à tête noire. Les visites sont rares et Olentzero le charbonnier est plutôt gentil. Aussi la langue d’Olentzero est-elle invitée vers le petit portier d'Onintza, ses mains acceptées en coupe sur les collines et sa vigueur reconnut comme telle.

Olentzero va.

Olentzero revient, son charbon vendu. Les gens de la ville l’ont lavé, peigné et lui ont jeté un vilain sort. Ses mains réclament des chaines, des liens, des fouets, son langage glisse vers l’ordurier avec comme conséquence une virgule impuissante qui peine à s’exclamer. Onintza la bergère attrape dans l’âtre un morceau calciné de chêne d’Irraty et mâchure le visage d’Olentzero, ses mains et son corps entier de suie. Le sortilège quitte Olentzero qui retrouve force, langue et mains attentives.

Constellation

Avec application et du chocolat fondu, Zohargi complète les grains de beauté sur le dos de Ttole pour dessiner les constellations qui brillent dans la nuit claire et glacée de l’autre coté de la porte fenêtre.

Zohargi trace Orion, les Gémeaux, ...

« Tu es certaine qu’il y a une constellation si loin au sud ? » interroge Ttole allongé sur le ventre.

« Oui » le rassure Zohargi « C’est la constellation du fourneau ».

Intention

Arantxa repousse la frange de son visage. Son rimmel de fin de journée l’a fait ressembler à un panda. Gazko dépose un bisou sur la pommette, glisse la main sur la peau du dos, détache les agrafes du soutien-gorge pour libérer les seins lourds.

« Je te fais couler un bain ? » propose-t-il.


« Prends ton temps, détends toi » complète-t-il en déposant un peignoir propre près de la baignoire avant d’ajouter in petto en refermant la porte de la salle de bains « que j’aie le temps de voir le dvd du dernier derby Bayonne-Biarritz que l’on m’a passé »


Avent 2

« Mais qu’est ce que tu fais ? » sourit Olaria

« C’est le deuxième dimanche de l’avent » répond Bitxintxo en reposant le pot. « Cela serait bien le comble si sur ces deux brioches bien dorées je n’arrivais pas à faire pointer deux fières bougies » complète-t-il en commençant à enlever du bout de la langue la confiture de cerises noires qu’il vient de déposer sur les aréoles.

Sacs et bulle

Il y a un vent à décorner les vachettes des ganaderias landaises. Fermina sent la voiture qui tangue lorsqu’elle passe le pont de l’Adour. Fermina rentre tard, trop tard pour Xalbat qui dort déjà profondément. Elle se glisse, glacée, dans la bulle de chaleur qu’il a créée au creux du lit. Il grogne un peu à ce contact mais ne se réveille pas. Fermina colle à lui toute la surface de peau qu’elle peut et s’émerveille, comme toujours, qu’à l’insistance de sa main, Xalbat endormi passe sur le dos et s’ouvre suffisamment pour lui permettre de se réchauffer à ses sacs de soie.

St Nicolas


Nicolas

Ne pense qu'à ça
Quand il la serre contre lui
Qu'il laisse doucement glisser ses doigts
Ou qu'il écorche sauvagement son vernis


C’est le jour où jamais de placer ce monument girly pop des années 80.

Qui connait encore ?

Sourdre

Il y eut un soir. Il y eut un matin, un matin de décembre tout neuf avec un océan écumant, un vent de mer bien installé et la promenade de la grande plage de Biarritz déserte.
« Je coule encore de toi » murmure Ihintza serrée dans les bras d’Alatz.

Portes chaudes

Cela sort un peu du cadre amoureux gnan-gnan habituel mais un loup hurlait

Ils avaient édifié leur église 100 ans plus tôt à l’emplacement de la source. Ils avaient mis l’anneau d’or trouvé dans la source au doigt de la statue du saint. Le basajaun, seigneur sauvage, voulut entrer dans l’église récupérer son anneau. Le curé, le bedeau, le sacristain et cinq assidues des confessionnaux fermèrent les deux battants de la porte. Le basajaun, seigneur sauvage, poussa, frappa. Le curé, le bedeau, le sacristain et cinq assidues des confessionnaux s’appuyèrent lourdement contre les battants pour l’empêcher d’entrer. Le basajaun recula et lança sa malédiction : « Vous vouliez maintenir ces portes closes, vous en faites désormais partie ». Il y eut plus de trois sangs mêlés et bien des cris perçants dans ces portes chaudes.

Avent

- C’est l’Avent, d’accord. Tu décorais ta maison quand tu étais petite, d’accord. Mais pourquoi tu as mis une guirlande électrique dans la chambre ? interroge Bitxintxo.

- Mais parce qu’elle est clignotante, répond Olaria. Regarde, quand je te tiens comme ça, là, et que je bouge en rythme, ça fait stroboscope !

Bitxintxo sourit et trouve finalement son compte à cette récupération des décorations de Noël. Mais son regard devient nettement interrogatif lorsqu’il voit Olaria se saisir d’une grande bougie de cire blanche.

- Et oui, explique Olaria, à partir du premier dimanche de l’Avent, on a le droit d’utiliser la première bougie de la couronne.

Drapé

Dédicace clin d'œil à Bénédicte (qui n'a même pas de blog)

Lezana et Bladi sortent de la galerie des corsaires. Ils remontent le long de la Nive.

« Drapée de ses plis de bois, comment savoir ce que porte la statue sous sa robe ? » s’interroge Bladi.
« En écoutant le sculpteur parler de son modèle ? » propose Lezana.

Paul et Emma, ne revenez pas

- Et pourquoi ça t’énerve cette histoire d’amour qui n’était qu’une histoire de pub ? Tu en racontes bien des histoires toi !

- Ah non ! Quand on voit une pub, on sait que c’est une pub. Quand on lit un roman, on sait que c’est un roman. C’est clair. Il n’y a pas d’hypocrisie. Par contre, quand quelqu’un nous raconte sa vie, on sait que son monde est notre monde, que sa copine qui est partie pourrait être la nôtre. Personne ne veut que sa copine s’en aille. Tout le monde veut une histoire d’amour qui se termine bien *rire sardonique* voilà, vous avez cru que j’étais amoureux, vous m’avez trouvé sympathique, j’étais en fait une agence de pub qui n’avait même rien à vous vendre directement, je voulais juste utiliser votre empathie naturelle pour me faire mousser auprès de mes futurs clients : vous avez vu comme je les ai bien embobinés ces gentils idiots qui croient encore à l’amour. Tu veux que je te dise, cette agence, elle doit être remplie de cocus à petite bite.

- Oh, tu es en manque de crudité toi.

Tâtonner

Udana tâtonne du regard au milieu de cette foule sur le mail Chaho. Il suffit juste qu’elle pousse son sentiment amoureux sur la position maximum et Damattit va apparaitre, forcément. Le ciel variable de novembre décide de basculer en position soleil et un des rayons éclaire le sourire de Damattit.

Les corps sont tombés dans le lit comme la satisfaction ultime les a saisis, sans sens. Damattit tâtonne du regard dans la nuit. La finesse de la peau, le galbe ... peut être ... surement même. Damattit avance les lèvres, certain d’embrasser le mollet d’Udana.

Udana n’hésite ni ne tâtonne, parfaitement sure de ce qu’elle va réveiller au creux de sa main.

Technorati Profile

Mari

Dans le petit tour mythologique, la déesse mère de toutes choses avait été oubliée et elle est plutôt à cheval sur les convenances

Ugaitz s’assied à la table de l’etxe, se coupe un morceau du pain cuit par Otsana et une tranche d’ibaiona. Il savoure la première bouchée, toujours la meilleure, se sert un verre d’eau, et, comme il approche un second morceau de sa bouche, Ugaitz se retrouve au bord du chemin, sa hache à la main, devant son bois à fendre, tandis que la malédiction de Mari claque dans les airs :

« Autant d’instants à table pour toi que de moments de frisson pour Otsana »

*

Les lèvres de Jago sont magnifiquement rouges et terriblement tentantes. Mais Betixa ne les embrasse pas car ce n’est pas le moment, car il y a trop de monde, car il y a des choses plus urgentes à faire.

La malédiction de Mari claque et les lèvres de Betixa sont bleues et glacées.

« Tu n’as pas besoin de sang dans tes lèvres si tu réfrènes leurs envies »


Se bouquiner

Au détour d'un test "d'intelligence artificielle" analysant les questions et y répondant en fonction des informations entrées par le programmeur, on en apprend de belles sur les pratiques de certains :










« J’aime bien me bouquiner » ne signifie pas tirer du plaisir onaniste à la lecture de romans du style - « J’aime bien me bouquiner avec Anaïs Nin » -

mais émettre un son bref et de basse fréquence comme boucs et lièvres quand ils couvrent leurs femelles du style - « Boudiou, ça fait du bien » -

Basajaun

Le basajaun, est assis sous un chêne, immense, nu et poilu, au bord du sentier qui traverse la forêt. Il réclame son dû comme à chaque fois qu’elles se rendent à la foire. « Nourrissez moi euskaldunak ou je prends vos enfants » La plus âgée ne se formalise plus. Elle s’approche du chêne « Agur basajaun, voici du pain pour toi », elle dépose un demi-pain près du seigneur sauvage et murmure en lui caressant discrètement l’entrejambe « le reste du pain t’attend ce soir ». Ensuite une autre dépose un demi-lapin, la suivante un demi-poulet, une autre une bouteille de cidre à moitié remplie. La plus jeune est plus hésitante, c’est sa première foire depuis son mariage tout neuf, elle n’a jamais suivi ce chemin. Elle s’approche sur l’insistance des plus anciennes « Agur basajaun, voici de la confiture de cerises », elle dépose un pot entier et se relève. Le basajaun la regarde, surpris et marmonne «Tu me donnes tout ? » puis il grogne et elle rejoint ses compagnes.

Elles arrivent à la foire où les hommes sont depuis le matin et dont ils ne rentreront que tard ou très tard ou plus surement pas du tout, les brebis vendues tôt le matin s’arrosant toute la journée et toute la nuit.

Elles achètent, causent, mangent, font un dernier tour, reprennent ensemble le chemin puis se séparent, chacune regagnant son etxe avant la nuit.


Le basajaun arrive au premier etxe

« Je viens chercher le poulet que tu m’as promis »

« Tu l’auras si tu te fais long et fin »

Le basajaun prend son attribut à deux mains, le modèle parfaitement, entreprend, comble et disparait avec son demi-poulet.


Le basajaun arrive au deuxième etxe

« Je viens chercher le lapin que tu m’as promis »

« Tu l’auras si tu te fais double »

Le basajaun prend son attribut à deux mains, le dédouble, fait luire et reluire, comble et disparait avec son demi-lapin.


Le basajaun arrive au troisième etxe

« Je viens chercher le cidre que tu m’as promis »

« Tu l’auras si tu te fais basajaun »

« Es-tu certaine ? »

« Oui, pleinement »

Le basajaun laisse son attribut se tendre naturellement, laboure, fait râler, comble et disparait avec sa demi-bouteille.


Le basajaun arrive au quatrième etxe

« Je viens chercher le pain que tu m’as promis »

« Tu l’auras si tu te fais gros et court »

Le basajaun prend son attribut à deux mains, le modèle parfaitement, astique, fait chanter, comble et disparait avec son demi-pain.


« Je peux modeler moi même ? » demande la plus jeune dans le dernier etxe.

¿ Por que no te callas ?

¿ Por que no te callas ? intime Lorentxa à son amant hispanique en lui plaçant fermement sa toison sur le visage.

Basaandere

Txantxo le chasseur est perdu, trop loin de sa vallée pour reconnaitre les traces dans la forêt, si éloigné qu’il arrive devant l’entrée de la demeure du basajaun et de la basaandere, seigneurs sauvages. La basaandere est seule, le seigneur sauvage est parti au-delà des montagnes depuis plusieurs jours et elle s’ennuie. Aussi, du haut de ses 3 mètres, elle regarde arriver Txantxo qui ne cherche pas à se cacher malgré son appréhension. Il salue la dame sauvage, bien bas, comme il se doit.
« Arratsaldeon basaandere, je suis devant toi, je poursuivais l’ours, je suis perdu »
« Pourquoi chasses-tu l’ours, euskaldun ? » répond la basaandere en forçant sa voix plus que nécessaire.
« L’ours s’approche trop près des miens, je dois les protéger »
« Tu es faible euskaldun, l’ours est fort »
« Je sais basaandere, mais je dois les défendre » répond Txantxo en osant lever les yeux vers elle.
La basaandere est grande, forte, avec une longue chevelure qui couvre son corps nu et poilu. Txantxo baisse les yeux pour ne pas tenter d’apercevoir ce qu’il ne doit pas.
La basaandere réfléchit un long moment « Tu penses mal euskaldun. Pourquoi vouloir tuer l’ours qui était là avant toi ? Respecte le, fais lui une offrande et il ne s’approchera plus des tiens ».
« Que dois-je lui offrir, basaandere ? »
« Donne-moi ton xahakoa »
Txantxo donne sa gourde en peau. La basaandere s’assied confortablement et tend un pied aussi gros que la tête de Txantxo « Lèche moi la plante du pied ».
Txantxo craint d’être écrasé mais s’exécute. « Bai » l’encourage la basaandere. Txantxo lèche toute la longueur de la plante du pied avec application. La basaandere écarte ses longs cheveux et place le xahakoa à l’entrée de son intimité. Txantxo est fasciné par la beauté sauvage qui s’ouvre devant lui. Il commence à glisser sa langue entre les orteils de la basaandere, redescend sur la plante, réchauffe le talon, suce le petit orteil avec application. « Bai » poursuit la basaandere d’une voix beaucoup plus féminine aux oreilles de Txantxo tandis qu’elle secrète un miel odorant qui remplit goutte à goutte le xahakoa. L’odeur du miel enivre Txantxo qui lèche de plus belle la plante du pied. La basaandere se met à murmurer comme le vent dans la futaie. Txantxo se redresse, subjugué et haletant. La basaandere lui tend son xahakoa. « Fais offrande de ce miel à l’ours et il respectera les tiens ». Txantxo s’incline et s’enfuit, sûr désormais de retrouver son chemin.

Au moment de déposer le contenu de son xahakoa en offrande à l’ours, Txantxo a une envie irrépressible de goûter le miel.

Mamurrak

Maixux caresse le petit écrin en cuir ; elle ne l’ouvre pas, pas encore, Koldo vient juste de se coucher à ses cotés, ivre de fatigue, ivre de cidre, ivre de politique, ivre de vie sociale, ivre de réussite et il ne va pas tarder à dormir profondément. Koldo offre plus souvent de l’or à Maixux qu’un frisson. Maixux repense en souriant à la bonne affaire qu’elle a réalisée : une paire de boucles d’oreilles, une chaine en or et son lauburu pour 4 mamurrak qui ne crient plus « zer egin *» en jaillissant. Maixux ouvre l’écrin et murmure « ostebia **». Le premier mamur glisse délicatement le long de son flanc dans un mouvement lent qui la fait frissonner. Ce mamur était rugueux la première fois qu’elle lui a demandé ce frôlement. Désormais, son glissé est parfait. Le second mamur effleure la limite de l’auréole et fait pointer fièrement le téton. Le troisième descend s’enrouler autour du petit portier dans une ronde sans fin. Le quatrième mamur poursuit encore plus bas s’enivrer dans les senteurs de miel et rebondir sur les parois. Maixux trouve les mamurrak parfaits, parfaits, parfaits, parfaits, paaaarfaits.

Maixux se cale au fond du lit, l’écrin renfermé et se demande si une bague en or peut s’échanger contre un mamur additionnel lui embrassant la commissure des lèvres.

* Zer egin ? : quoi faire ?
** Ostebia : la pluie céleste

Rindy Sam

Lovely Rouge (Bourjois) : 1
Toile juste apprêtée sur un châssis en bois : 0










Ps : Bourjois devrait faire un geste pour la publicité faite à son rouge à lèvres.
PPs : Un lecteur éjaculant sur une édition originale de Sade commet-il une dégradation patrimoniale ou réagit-il à l'œuvre ?

Laminak -2-

Periko guette désespérément la surface de la nive depuis plus d’une semaine. Rien ne nage, ne surnage entre les eaux. Periko n’a plus qu’un morceau de pain noir et aucune envie de retourner vers les siens sans rien ramener. La honte est pire que la faim. Sans raison, il remonte le courant vide, le suit encore jusqu’à ce que la nivelle ne soit pas plus large qu’une main. La source jaillit de sous un gros rocher sur laquelle est assise la lamina. Elle regarde Periko approcher tout en coiffant ses cheveux avec un peigne en or.
« Que viens-tu faire, euskaldun ? Essayer de me voler mon peigne en or ? »
« Non » répond Periko sans hésitation « Je cherche juste des poissons pour nourrir ma maison »
« Et tu en trouves euskaldun ? »
« Non » répond Periko toujours sans hésiter. « Et j’ai honte » ajoute-t-il
La lamina continue de peigner ses cheveux blonds, lentement, en silence, jusqu’à la pointe.
Periko la regarde, sans impatience.
La lamina finit par ranger son peigne. Elle se lève du rocher et s’approche de Periko.
« Tu es beau euskaldun. Que me donnes-tu pour des poissons ? » demande-t-elle.
Periko hésite puis tend son morceau de pain noir.
« Je ne mange pas de ce pain là » sourit la lamina « Je ne mange que du pain blanc, le plus blanc qui soit. Nous autres laminak n’aimons que le blanc. As-tu quelque chose de blanc à me donner ? »
Periko réfléchit puis soupire « Hélas, non »
La lamina approche la main des sacs de vie entre les jambes de Periko « Tu mens euskaldun, tu caches ta blancheur » ; elle soupèse ; « Ne garde rien, donne moi tout et je ferai venir les poissons ».
Periko fait chanter à la lamina son chant de plaisir et délivre sa blancheur en elle. Il se redresse lentement mais la lamina le reprend « Donne m’en encore ». Periko l’entreprend une nouvelle fois. La lamina chante, une source plus profonde cette fois. Son chant fait vibrer ses nymphes qui, par leurs caresses, libère Periko une seconde fois. Il s’assied mais la lamina le reprend de nouveau « Tu peux » lui souffle-t-elle. Periko revient. La lamina trouve cette fois le chant juste, son chant, auquel Periko ne peut résister. Il se met à chanter avec elle, à l’unisson de la nive. Il vibre et se libère entièrement.
Avant le matin, la lamina fait ses ablutions dans la source du torrent. Les principes mêlés, masculin et féminin, qui s’écoulent d’elle forment ensemble, même dilués des milliers de fois, un attractif irrésistible pour les saumons qui quittent la mer et, faisant fi des obstacles, remontent nives et nivelles vers cette source de désir primitif.

Laminak -1-

La mythologie basque date d’avant l’Histoire mais cela n’interdit pas d’en raconter.

Lontxo le berger n’a pas connu beaucoup de femmes mais il lui semble que cette lamina n’a rien à leur envier : une poitrine ferme, des hanches fines et une peau aussi blanche que douce. Les pieds palmés ne l’ont pas du tout gêné en fait. Non, c’est plutôt la toison qui l’a laissé sans voix. Lontxo le berger n’a pas connu beaucoup de femmes mais il lui semble que toutes détenaient un buisson sombre. La lamina, en revanche, arbore un fin duvet aussi chatoyant que ses cheveux blonds, toison claire qui souligne plus qu’elle ne masque des nymphes rose pâle. Lontxo le berger n’a pas connu beaucoup de femmes mais il lui semble que l’étreinte avec la lamina se déroule normalement. Alors il se rassure, il va, il vient selon le rythme plaisant, berçant et efficace que son corps d’homme courant la montagne basque prend naturellement. Ses mouvements plaisent à la lamina qui s’accroche à sa nuque, bascule la tête et se met à murmurer comme une source qui chante. Lontxo le berger n’a pas connu beaucoup de femmes mais il est désormais certain que seules les laminak font vibrer leurs nymphes pour caresser les sacs de vie de leurs amants lorsqu’elles entonnent leur chant de plaisir.

Révisions botaniques

L’étudiante de la faculté de Dijon revient du jardin de l’Arquebuse où elle a révisé ses leçons de botanique. Dans l’ordre des poales, le genre juncus est un peu trop étendu à son gout : jonc courbe, jonc grêle, rien de bien intéressant si ce n’est de vagues souvenirs d’étudiants en médecine. Le jonc capité dressant fièrement sa tête rouge lui fait, furtivement, se remémorer un étudiant en droit social. Dans la famille des balsaminacées, l’impatiente glanduleuse la ramène à des déboires d’avant l’université. C’est finalement le genre des carex qui lui rend la botanique plus sympathique, surtout carex echinata qui, vernaculairement, se nomme laiche hérisson.

Frisson infra visible

Inspiré par Arnaud (qui écrit tellement qu'il est difficile de retrouver le post initiateur)

Début de nuit sur la terrasse

Chaine physiologique habituellement admise
Souhait conscient d’Igoa d’un câlin sur sa nuque
Commande motrice discrète mais toujours efficace visant à faire basculer la nuque imperceptiblement vers l’arrière
Activation du nerf optique de Bitxintxo par le déplacement de la nuque d’Igoa
Déclenchement volontaire d’un mouvement doux et mesuré de la main de Bitxintxo sur la nuque d’Igoa
Igoa frissonne
Le frisson résulte de l’action de Bitxintxo

Chaine infra visible
Une envie d’émoi irradie de la nuque d’Igoa
L’ombre de la main immobile de Bitxintxo remonte l’onde de l’envie d’émoi de la nuque d’Igoa
Igoa frissonne de l’ombre de la main de Bitxintxo
En totale autonomie, la main de Bitxintxo répond à l’appel que la nuque d’Igoa n’a pas encore formulé
La nuque d’Igoa oscille d’un souffle vers l’arrière
Bitxintxo prend conscience de caresser la nuque d’Igoa
Le frisson précède l'action

Voyage d'affaires

La vision inattendue de la toison sombre d'Onintza offrant un au revoir à la lueur des phares de Xabi rend finalement moins pénible le départ dans le petit matin.

Briochée

- Mais comment tu fais pour sentir aussi bon ? interroge Urtzi depuis l’écrin des cuisses d’Eztitxu.
- C’est simple, explique-t-elle en se calant confortablement sur le dos, je lis dans la cuisine pendant qu’une brioche au beurre lève dans la machine à pain.

- Brioche, beurre, il ne manque plus qu’une goutte de miel, ajoute Eztitxu en caressant les cheveux d’Urtzi du bout de ses doigts tendus.

Cuisine et santé

Chaque jour à marée basse, le retraité de Noirmoutier descend le Goix, entre sable et boue, vers un filet d’eau large d’un mètre environ au fond duquel le flux descendant met à jour des palourdes comme des pépites dans un torrent. Il y ramasse 12 palourdes, jamais plus, de 6 cm, jamais moins. Il laisse les gratteurs remplir leurs seaux par kilo entier, remonte le Goix et rapporte sa pèche chez lui.
La retraitée de Noirmoutier prépare les palourdes farcies, avec échalotes, gros plan, deux jets des bourses du retraité et un hachis de ciboulette.
« Si tu n’avais pas eu ton problème de cholestérol, je n’aurais jamais pensé à remplacer la crème dans la recette » confie-t-elle.

L'appel du froid

Les vols d'oies et de grues qui passent en longeant la côte, c'est un appel irrésistible à remonter vers le nord chercher des prunelles (des vraies, gorgées de jus, pas les rachitiques espagnoles vendues à Irun) pour préparer le patxaran de l'année prochaine. (et même le praxaran).

Et c'est loin, il faut du temps, une bonne semaine.

Alors, vous pouvez faire une pause dans Harry Potter, avec des fleurs bleues, des crudités, un peu de trucs en vrac, ou même Maika.

Guerre des sexes

- Mais qu'est ce que tu fais à regarder des femmes nues ? questionne Naiara le menton en avant pointé sur l'écran de l'ordinateur.
- Ce n'est pas une femme nue, c'est un test pour comprendre le fonctionnement du cerveau, répond Pello
- C'est ça, c'est plutôt ta libido que tu testes.
- Allez, fais le avec moi.
- Pas question que je regarde des trucs cochons sur un écran. Si elle est mieux que moi, tant pis pour toi !
- Alors, tu la vois tourner comment : aiguille d'une montre ou l'inverse ?
- Tu révises ton kamasutra avec elle ?
- Non, je me rends compte que je suis cerveau gauche.
Naiara jette un coup d'oeil, quand même, à l'écran.
- Aiguille d'une montre. concède-t-elle
- C'est pour cela que nous sommes complémentaires mon amour, susurre Pello.

Bichonne

En rebond sur quelque chose pioché chez Swann d'outre-Escaut

Moi je suis l’amante, celle qui pique le mec des autres, celle à qui on écrit des lettres d'amour, celle à qui on susurre des mots doux pendant des heures au téléphone. Moi je suis l’amante, l’aimée et c’est bien fait pour moi.
Là, il est un peu cassé l’amant ; dans ce lit d’hôpital, le bel hidalgo a objectivement besoin qu’on s’occupe de lui. Et je te croise, toi la légitime, toi l’officielle. Et tu es très forte pour jouer à l’infirmière, à la grande sœur attentive qui assume dans les coups durs, à la solide qui écrase une larme avec discrétion, à la nounou douce, bref, tu tiens à la perfection tous les rôles qu’il te regardait jouer avant, alors qu’il attendait simplement que tu sois femme. Alors bichonne si tu veux, il en a besoin, c’est sur, cela ne lui fera pas de mal. Mais je peux te dire un truc ; quand il sortira d’ici, je sais très bien qu’il viendra vers moi. Et tu sais pourquoi ? Parce que moi, dans sa chambre d’hôpital, sous ses draps d’hôpital, j’ai glissé ma main. Et j’ai vu sa fierté quand je l’ai rendu homme. Alors bichonne si tu veux, j’ai tout mon temps et je n'ai aucun doute.

Retraite internationale

Si vous avez raté le début de Maika, c'est dommage car c'est fini. Mais vous pouvez vous rattraper en commençant par le bas

Sonnerie du téléphone
- Maika bai ?
- Bonjour, c’est le Journal du Pays Basque, service des sports. Alors, c’est vrai, vous arrêtez ?
- Oui, je confirme, c’est définitif. La Coupe du Monde est finie, je n’aspire plus qu’à retrouver mon mari.
- Mais enfin, c’est incroyable, avec tout ce que vous avez apporté ! Vous avez enrichi le dictionnaire amoureux - avec « laporte », qualificatif peu amène certes -. Mais vous êtes surtout l’inventrice du strip-rugby !
- Oui, et j’ai appris avec plaisir que cette discipline était de plus en plus pratiquée, même par des couples peu sportifs.
- Vous voyez ! Alors pourquoi vous retirer maintenant ? Et le tournoi des six nations qui arrive ? Vous n’avez pas votre place ?

- Non, c’est décidé, j’arrête. Retour au calme, les amants c’est fini. Je prends ma retraite internationale. Et je vais faire du sport avec mon mari, nous allons nous mettre au golf ensemble, des petits trous, des petites balles, rien que des choses simples.

Paz de la noche

Dans la douceur de la nuit, Betixa attise le point rouge de sa mentholée ; un appel long auquel répond le bout incandescent de la blonde ibérique de Pantxo. A cette heure, il n’y a plus que les cigarettes qui poursuivent leur dialogue. Les pensées s'unissent dans les volutes qui montent lentement vers le quartier de lune.

Sauvetage

S Royal/N Sarkozy : Certains font un enfant pour sauver leur couple, d’autres essayent d’être Président de la République. Cela ne marche visiblement jamais dans le second cas.

Gâchis

Sonnerie du téléphone
- Nathalie à l’appareil.
- Salut, c’est Maika. Tu sais, tu m’as embrouillé la tête l’autre soir avec tes histoires de petite finale, petite mort. Et mon mari s’y est mis aussi : « la petite finale, c’est pour les branleurs ». Ca m’a fait une nuit agitée. J’ai rêvé que tous les spectateurs mâles du Parc des Princes partaient dans une séance d’onanisme collectif et que le flot noyait le sous secrétaire des tas. Un tel gâchis m’a réveillée.

Fiction théatralisée et soyeuse en 3 actes.

Acte 1, scène 1
Candidat à un scrutin helvète écoutant sa petite voix intérieure.
« Fritz, si tu fais de la politique, c’est pour gagner. Et si tu veux conquérir les suffrages il faut que tu sois visible. Donc une campagne de pub de la Migro, tu peux difficilement trouver mieux comme visibilité. C’est pour des sous-vêtements, d’accord mais tu es encore présentable. De toute façon, tu gardes ton teeshirt ».










Acte 1, scène 2
Le même candidat, la même petite voix intérieure.
« Voilà, c’est fait, c’est dans la boite. Avec un peu d’humour, ce n’est pas si compliqué finalement. Allez le peignoir. Ca donne quoi, les photos des autres ? Oui, mignonne la petite candidate des Jeunes VertEs, mais à son âge ce n’est pas très difficile. Oui, celui là, il pourrait être mon fils, triathlète, sans un gramme de graisse, 24 ans, devrait s’intéresser aux filles plutôt qu’à la politique. Et celle ci, …








Acte 2, scène unique
Le même candidat, une autre candidate.

- Bonjour, je suis boxer et teeshirt noir.

- Oui, moi je suis élue du canton de Soleure, vous êtes sur mon téléphone de permanence, en quoi, puis-je vous aider ?

- Vous êtes élue certes et également soutien gorge et culotte nacre liseré noir.

- Vous parlez de la pub de la Migro ?

- Oui, de cette même pub pour laquelle j’ai été choisi pour faire boxer et teeshirt noir. J’ai fait les photos moi aussi….. C’est pour des sous-vêtements, d’accord mais tu es encore présentable. De toute façon, tu gardes ton teeshirt.

- Oui, je me suis dit à peu près la même chose, sauf que je n’ai pas gardé mon teeshirt, moi.

- Je sais, je sais. Quand mes prises ont été dans la boite, j’ai renfilé mon peignoir et j’ai regardé les photos des autres. Et c’est là que je vous ai vue. Et que je suis tombé amoureux, raide, d’un coup.

- C’est flatteur mais j’ai du mal à vous croire, j’ai aussi regardé les photos et il y a de jeunes élues charmantes.

- Vous avez raison mais le monde est mal fait, je suis amoureux de vous.

- Mais notre rencontre n’aurait aucun sens, vous connaissez déjà mes dessous.

- Vous allez vite en besogne.

- Si je fais de la politique, c’est pour gagner. Et je vois un obstacle majeur.

- Ah ?

- Nous ne sommes pas du même parti.

- Alors, c’est peut être cela la vraie aventure.


Acte 3, scène unique

- Tiens, tu as mis des dessous rouges ?

- Il fallait bien que je te fasse une surprise, tu me connaissais déjà nacre liseré noir.



Effet retard

Tous les jours, vers 10 heures : « Café ? » propose obstinément un collège.
« Non, toujours pas, merci » répond invariablement Orhi, ajoutant in petto « Je n’ai aucune envie de perdre le gout du rouge à lèvres que Jaiona m’a laissé, comme chaque matin, avec son baiser de départ ».

Vol et pages

Marée basse, vent de terre dressant des arcs-en-ciel sur l’écume des rouleaux, ciel incroyablement bleu et sans nuage. Un papillon prend le travers de la plage, à toute allure. Calé contre la dune, Oinatz lit dans la douceur d’octobre.
Lezana sort de l’eau et remonte le sable, sa planche sous le bras. Oinatz lit.
Lezana pose sa résine à coté d’Oinatz, détache son leash « Je ne sais pas pourquoi j’ai pris ma 6.0 », se plante face à l’océan et regarde avec dépit « Mais pourquoi j’ai laissé la 6.8 à la maison ? ». Oinatz lit.
Lezana tire sur la fermeture de sa 5/3 « Et j’ai trop chaud avec cette carapace », dégage ses épaules, ses seins. Oinatz lit.
Lezana quitte sa combi, la pose sur la planche, ébouriffe sa toison et se redresse nue tournant le dos à l’océan. C’est le moment choisi par Oinatz pour lever les yeux et par le vent pour déposer un papillon sur les ronces douces de Lezana.

Beau jeu

Sonnerie téléphone :
- Maika Bai ?
- Agur, c’est Pantxika. Tu as 2 minutes ?

- En fait pas trop, je suis en train de me préparer pour ce soir, pour la demi-finale.

- Toi Maika qui va suivre le rugby ! Tu vas dans quelle peña ?

- Ce n’est pas vraiment une peña, c’est une soirée huitres, champagne, caviar d’Aquitaine.

- Je vois, soirée parisiens, bordelais, ah que j’aime ce sport viril, surtout les joueurs du Stade Français, si craquants avec leur polo rose.

- Voilà c’est ça, des amateurs de rugby comme moi, le grand écran plat dans un salon mais on n'est pas obligé de regarder.

- Alors tenue correcte et pas de maquillage bleu-blanc-rouge sur les joues pour soutenir l’équipe ?

- Tenue de ville quand même, pas tenue de soirée mais je prépare une petite surprise.

- Raconte.

- Et bien je vais me mettre une minuscule mouche bleu-blanc-rouge, juste à la naissance du sein gauche, je suis sure que je vais ferrer un maximum avec ça.

Home made

A Bayonne, on sait travailler le chocolat (ceci est une affirmation depuis 1496)






Gâteau : Plébéien
Photo : Drakar

Pêche à la mouche

Le grain de beauté sur la naissance d'un sein est un appât imparable.

Pré-sens

Olaria ressent l’ombre de la main de Xabi sur ses cheveux avant même que celui-ci n’en esquisse le mouvement.

Regarde-moi

Elle, tu sais, elle n’existe que parce que tu la fais vivre ; elle n’est réelle que dans tes rêves. Mais en vrai, il n’y a rien, pas de sang, pas de règle, pas d’humeur, pas de miel, rien, juste une représentation.


Alors que moi, regarde-moi, je suis une vraie femme. Et je peux le prouver, si, si. Regarde bien mon ventre. Examine ce sur que quoi est faite la mise au point. Tu les vois, oui ? Tu les vois ? Ils sont fins, ils sont doux, un vrai duvet sur lequel il est bon de poser la tête ou la main ou ce que tu veux. Ce n’est pas une preuve ça ? Et oui, je suis une vraie femme sans retouche. Et regarde encore, oui, un peu plus bas, oui, à la limite de mon ventre si doux et de mon jean, tu la vois, tu la devines ? Et oui, les vraies femmes de la vraie vie ont toujours une culotte à enlever. Les autres sont juste des pixels retouchés.



Statue de Kate Moss : bronze peint, 3 m

Photo de Riotgirl


Isis

D'après un fil (ténu) trouvé il y a déjà longtemps chez Oviri : ne pas être persévérant dans sa désespérance.

Le culte est vieux comme Plutarque : Isis porte le membre à ses lèvres et Osiris revint d’entre les morts. Et pourtant, Janbattit est désespéré : Nagore n’est pas une grande prêtresse du culte d’Isis. Elle reste sur le conceptuel, le rite, la répétition d’une liturgie. Certes, Janbattit suit l’office jusqu’au bout et, entre les lèvres de la prêtresse, son propre jaillissement rend hommage à Osiris. Mais il n’en ressent pas intimement le mystère, il reste au seuil de l’infini. Il sait, intuitivement, qu’Osiris a été emporté par une pulsion suffisamment forte pour le ramener à la vie alors que lui, Janbattit, est à chaque fois désespéré de n’en avoir éprouvé qu’une infime étincelle.

Mais Janbattit n’est pas très persévérant dans sa désespérance. Il suffit que Nagore s’adonne au culte d’Isis pour que Janbattit l’assiste de nouveau. Il croit au miracle, à chaque fois. Il essaye d’associer sa voix à la prière de Nagore, modestement, par de simples murmures d’approbation, d’encouragement mais cela a souvent pour effet d’interrompre brutalement la cérémonie « Je t’ai fait mal ? Tu veux qu’on change ? ». Alors Janbattit se désespère silencieusement de voir Nagore se fourvoyer et le laisser si loin d’Osiris.

Jusqu’à ce matin où Nagore a quitté le rite pour se livrer à une interprétation personnelle de la liturgie. Et où le soleil est apparu à l’horizon.

Définition lexicale

Sonnerie téléphone :
- Maika Bai ?
- Agur, c’est Pantxika. Alors, la dernière soirée rugby, ton amant, il était comment ?
- Ne m’en parle pas, une horreur ce mec, un vrai Laporte !
- Un Laporte ?
- Ben tu sais ces mecs qui sont tout le temps dans les préliminaires. J’aime bien un peu, léger, on se met de la pression dans la poitrine et ailleurs, on essaye deux ou trois trucs pour s’échauffer. Mais pas trop longtemps, faut que cela démarre. De l’endurance, de la présence, du souffle, un mec qui fait son travail quoi.
- Et là ?
- Un Laporte, je te dis, ça papote, ça léchouille, ça s’emmêle les lignes en mêlée, ça papote, ça change d’aile, ça essaye à l’arrière, ça reléchouille. Mais on n’a pas toute la nuit, coup de sifflet final, le mari va lever les yeux de la télé, je me rhabille, je rentre chez moi et je n’ai pas pris mon pied.
- Et lui ?
- Pas plus, un Laporte, y doit toujours y être dans ses préliminaires.

One text for Burma

Mieux vaut une femme qui sourit qu'un général qui grince.

Distraction

DRH reçoit stagiaire pour lui remettre les documents de fin de stage et conduire un entretien rapide qu’il pilote presque en mode automatique avec l’habitude.
- DRH : Bien, c’est donc votre dernier jour de stage. D’après les échos de vos collègues, cela c’est bien passé.
- Stagiaire : Oui, très bien, j’ai beaucoup appris et progressé. Mon maître de stage m’a bien fait évoluer.
- DRH : Parfait.
Il ouvre le parapheur,
« Voici les documents signés, tenez, …
Il tourne la page cartonnée du parapheur,
« le chèque du montant prévu dans la convention, tenez, …
Il tourne la page, trouve deux enveloppes en craft qui ne sont pas présentes habituellement lors des sorties de stagiaires,
« Ah oui, c’est ça, vous avez été un peu distraite et vos collègues ont retrouvé, une petite culotte dans le four à micro-ondes de la salle de pause, celle-ci, tenez … et une autre culotte, non un string si j’en crois ce qui est écrit sur l’enveloppe, dans la voiture de service, tenez ... Donc pour résumer votre passage chez nous, oui, votre maitre de stage est satisfait et l’intérêt pour vous est de dépasser, lors de votre prochain stage, les petites distractions pour entrer un peu plus dans le monde professionnel. Alors bon courage et je vous raccompagne »

Avec sucre

La théière frôle déjà la tasse « Tu veux ton thé maintenant ? » propose Bladi.

« Oui, mais avec du sucre, s’il te plait » répond Jaiona en tempérant l’ardeur du bec verseur.

« Bien sur, le sucre toujours avant » se reprend Bladi en éloignant le récipient.

Il joue avec le cabochon du sucrier avant d’en soulever le couvercle. Avec sa cuillère, Bladi s’extasie « Oh, mais c’est du miel ce soir. »

« Cela fera aussi bien l’affaire » l’encourage Jaiona.

Avec délicatesse et dextérité, Bladi transvase le miel vers la tasse « C’est assez sucré ? » s’enquiert-il.

« Encore un peu s’il te plait »

Bladi parachève puis verse.


« Excellent service » concède Jaiona plus tard « Tu n’as pas ébréché la tasse et le thé était parfaitement infusé »

Sans sucre

Depuis quelque temps, les moments que Fermina et Gaizko passent ensemble sont plus longs qu’utilement nécessaires et les occasions ne semblent plus fortuites mais recherchées. Il ne manque, en apparence, qu’un petit mot, un minuscule geste pour écrire une histoire autre qu’amicale. Gaizko se lance : « Fulgurance ou temps d’échange ? Coup de tonnerre ou pluie d’automne ? Fort en bouche ou douceur suave ? Présence indiscutable ou sensation enveloppante ? Plutôt midi ou plutôt matin ? … » « Arrête, je vais rougir » susurre Fermina en bloquant l’élan de Gaizko. « Mais je te demandais juste si tu souhaitais un café noir ou un café long … » s’entend répondre Gaizko.

Rugby capillaire

Maika a sa propre rubrique qu'il est conseillé de lire en commençant par le bas

Sonnerie téléphone :
- Pantxika Bai ?
- Arratsaldeon, c’est Maika. Je cherche un peu de doc sur la poussée en mêlée, tu peux m’aider ?
- On a surement ça, passe à la maison. Mais tu t’intéresses au rugby, Maika ?
- Non mais j’ai récupéré une accréditation pour Australie/Canada samedi à Bordeaux. Je vais faire les interviews sous la douche. Je ne sais pas encore si je commence par les bucherons canadiens avec leur gros manche de cognée ou par les kangourous sauteurs australiens.
- Je sais que tu as la santé Maika, mais 15 hommes jeunes et en pleine forme, même après 80 minutes de match, cela risque d’être un peu violent la mêlée avec toi comme ballon.
- Ah mais pas du tout, on m’a dit qu’Australie/Canada, c’était le match des coiffeurs. Et chez le coiffeur, c’est chacun son tour.

Tentir

Leho n'est pas parti dans une cavalcade visant à obtenir le maximum de cris de plaisir de sa partenaire.
Leho désire accumuler en ce peu d'espace tout ce qu'il doit exprimer. Il est persuadé de la valeur primordiale du physique sur le verbal, le verbiage. Leho veut qu'un concentré d'amour ouvre la corolle de son évidence.
Leho surprend Hegoa par son rythme inédit, la rend réceptive pour accueillir l'évidence.
Hegoa retentit.

Dessin

Dans le chant du grillon qui remplit la douceur de la nuit de septembre, Xabi sait que le rayon de lune qui caresse le mollet d’Itxaso n’a jamais dessiné quelque chose de plus beau.

Adn et filiation

L'excellent Gino a été plus rapide que cruditeetfleurbleue pour raconter une histoire. Donc, en voici deux.

Illégitime
Maité a depuis bien longtemps oublié le prénom et même le visage du collègue anglais dans le lit duquel elle avait conclu un séminaire sur les produits dérivés il y a 15 ans. Et quand elle voit son fils et son mari sortir de l’eau avec leurs planches et le soleil couchant qui éclabousse leurs épaules bien découpées, elle se dit que ces deux là se ressemblent beaucoup, qu’ils sont vraiment très beaux et que l’illégitimité serait de les empêcher de surfer.


"Les chercheurs qui étudient la transmission des maladies génétiques sur plusieurs générations disent écarter 5 % à 10 % de leurs échantillons en raison des discordances de filiation".

Belle
Dans les affaires de Maria, il y a Maritxu. Arnalt aime Maria et Arnalt apprend à Maritxu comment faire ses lacets, signe ses bulletins de notes, assiste aux réunions parents/professeurs, dispute Maritxu quand elle rentre à 3 heures du matin, tremble comme elle avant les résultats des examens de fin d’année. Arnalt est vraiment fier d’avoir une aussi belle fille et n’envisage même pas une seconde que Maritxu tienne le bras de quelqu’un d’autre lorsqu’elle entre à la mairie.


"Le lien de filiation ne peut en aucun cas se réduire à sa dimension biologique".

Test lessivier

On ne nous fera pas croire que le psychologue qui a pondu ce test ne connaissait pas l’expression « Faire sa petite lessive à la main »

Échelle d’activités de la vie quotidienne (NADL)
..
II. IADL
..
E. Lessive

1. S’occupe normalement de la lessive
2. Fait uniquement la petite lessive personnelle de façon autonome
3. Ne fait pas la lessive, mais y participe activement

4. Ne participe pas du tout à la lessive

Matin primal

Nerea colle son dos contre le ventre de Koldo dans le presque matin du fond du lit. Koldo adosse son bassin sur le séant de Nerea et l'enserre de son bras libre. Les respirations se calent. Nerea et Koldo replongent juste sous la surface de l’endormissement, serrés, rassurés. Les chaleurs des peaux s’unissent, se renforcent et, dans la semi-conscience, la perception des limites corporelles de Nerea et Koldo disparait pour laisser place à une sensation évidente de fusion primale.

Prémices

Maru a essayé de tout prévoir. Il a passé un coup d’aspirateur dans sa petite voiture « C’est vraiment pas large la banquette », il a pensé un instant enlever le A rouge de la vitre arrière mais Elaia connait son âge, elle a le même. Il a cherché un film, un peu intello en VO, pour pouvoir démarrer une discussion donc pas le choix de la salle. Il a réfléchi à un resto pour après mais pas trop romantique afin que cela ne fasse pas traquenard.


Là, c’est parti. Rendez-vous devant la mairie : Elaia est à l’heure -Bai. « Ouah, elle sent le propre ta voiture » -Bai. Film en roumain, franchement noir -Bai. Même une larme qui lui échappe durant la séance Bai, pas prévu, mais Bai. Sortie de la salle dans l’air doux du soir, on marche un peu sur la promenade du quai de Lesseps, on parle pour évacuer, -Bai.

« On va manger ? Il y a le Cappadoce à coté » propose Maru

… Pas de réponse. Moment de silence. Regard vers le fleuve « Aille, j’ai été trop vite, j’ai été trop vite » se maudit Maru.

« Ils font de la vente à emporter ? » questionne soudain Elaia

Surprise dubitative…

« Ca serait dommage de ne pas profiter du coucher de soleil sur l’Adour, non ? »










Image de constantelevitation du groupe Bayonne sur Flickr