Sardonique

Domiku dort encore, insensible au chant des oiseaux qui saluent le jour dans le grand arbre ; Domiku est au chaud sous les draps, sans rêve, serein.
Josune est debout depuis déjà quelques temps. Elle a bu son café, finit une grille de mots croisés commencée la veille. Le soleil est prometteur et rend irrésistible l’attrait de la plage, de l’océan.
Josune pénètre dans la chambre. La chaleur de Domiku vient à sa rencontre lorsqu’elle soulève délicatement le drap. Josune approche ses lèvres du corps chaud et dépose sur l’érection matinale un baiser avec le glaçon qu’elle garde au creux de ses joues.

Flots

Toutes les neiges du Béarn fondent et viennent gonfler l’Adour qui peine à rejoindre l’océan. Cela fait trois jours qu’on ne quitte plus le niveau des marées hautes et que ça bouillonne dans les conduits sous le quai Bergeret. Les canards dorment sur le bitume. 2 heures du matin. C’est la bonne heure pour que sorgin Dulantzia se livre à son rite d'offrande préféré : mettre suffisamment de conviction dans sa prise en main de la hampe de Ttotte pour que la nacre brillante, en une courbe parfaite, atteigne les flots sombres de l’Adour depuis la terrasse du dernier étage.
« Ce n’est peut être pas très prudent » s’inquiète soudain Ttotte.
« Ez, il n’y a personne » rassure Dulantzia en accélérant un peu.
« Ce n’est pas ça mais le niveau du fleuve est très haut et je ne veux pas le faire déborder » murmure Ttotte avant de se rendre.

Mayou

- C’est marée très haute, informe Usoa au retour de la mission baguette-chocolatines du petit matin, il y a vent de mer et la Nive touche le dessous des arches du pont Marengo.

- Mais t’es passée par où pour voir l’océan remonter la Nive ? interroge Damattit

- Par le pont Mayou. Bai, je sais que cela rallonge, mais ce pont abimé par la crue, depuis qu’il est réouvert aux piétons, chaque fois que je peux je passe dessus pour lui dire : allez vieux, t’effondre pas.

- C’est bien cette sollicitude, se moque Damattit.

- Mais plus tard, tu sais, j’aurai la même sollicitude avec toi en te donnant ton viagra : allez vieux, t’effondre pas.

Pression

Udana et Peio roulent loin d’euskadi, au milieu de grandes plaines céréalières sans un ardillon qui dépasse, avec des champs de blé en herbe parfaitement toisés comme s’ils étaient passés sous le rasoir des grandes éoliennes à l’arrière plan.

« Tu crois qu’ils existent des hommes qui osent encore avoir du poil sur la poitrine dans des pays pareils ? » s’interroge Udana.

« Probablement pas, il y a comme une pression environnementale ».

J'aime pas attendre

Rue Ste Catherine, restaurant familial à l’ambiance décontractée. Une table vers le milieu : Elaia et Xalbat grignotent des olives. Une table plus loin : « J’aime pas attendre ! » claironne le string-en-dentelle-qui-remonte-tellement-haut-sur-la-hanche-que-cela-n’en-est-pas-possible-d’être-aussi-vulgaire, à l'adresse de la patronne qui se fait une petite pause avec un verre de rosé.
« Il y a quand même une connotation sexuelle terriblement forte à exhiber sa culotte comme ça » constate Xalbat.
« Elle le dit et elle l’assume » répond Elaia « elle n’aime pas attendre ; ce n’est pas un cache-sexe qu’elle porte, mais un rappel-sexe pour qu’il n’y ait pas de temps perdu en drague ou en préliminaires ».
« Bai, mais dans ce restaurant, à cette heure là, des familles avec enfants et des couples tranquilles, ce n’est pas a priori le meilleur endroit pour choper de la grosse bite en rut ».
« Je ne sais pas » minaude Elaia en élevant discrètement son pied sous la nappe en direction de l’entrejambe de Xalbat.

Preuve

Sabina est jeune et volage. Elle affiche clairement ses deux états et change de lit aussi souvent que d’envie. Sabina reçoit les coups de rein de Patxi en même temps que des SMS coquins de Firmin – et l’inverse également - C’est lorsque, allongée nue dans le lit de Patxi, Sabina voit son téléphone portable voler par la fenêtre de la rue des cordeliers qu’elle se dit que finalement Patxi tient un peu à elle et que ce n’est pas si désagréable que cela.

Marché

Un cri féminin clair et puissant jailli d’une fenêtre ouverte.
« Mais puis-ce que je te dis que j’ai mal au ventre ! »
Les passants de la rue des tonneliers ralentissent imperceptiblement le pas mais la voix d’homme qui répond ne porte pas. Par contre, le même cri féminin jaillit de nouveau.
« Et bien t’as qu’à te branler ! »
Les passants reprennent leur allure initiale vers le marché, rassurés.

Chocolat

400° anniversaire de l'arrivée du chocolat à Bayonne dans les bagages des juifs chassés d'Espagne : sortie de timbres odeur cacao
















Avec des timbres de ce type, le mâle basque peut difficillement refuser de
Lécher un timbre pour envoyer une lettre vers l'infini

On fait plein de choses en chocolat

Aiguilles

Pour retrouver Jean René lors d’un weekend sur la côte basque, Marie Chantal a tout prévu : le chemiser sexy, la jupette courte sexy, les dentelles pigeonnantes sexy, les talons aiguilles ajourés sexy.

Dès la descente d’avion à Parme, ça marche, Jean René est parfaitement allumé et répond à tous les signaux.

Un weekend sexy comme prévu.

Marie Chantal a même prévu la tenue de fin de weekend pour reprendre l’avion. Après le dernier baiser essoufflé au contrôle de sécurité, elle reprend pied et constate que ses talons aiguilles ne vont pas du tout avec son jean unisexe et son sweet informe.

Janequin

Pour Berthoise qui demande ce qu'on peut chanter en mai,
un extrait du Chant des Oiseaux de Clément Janequin (1550 et cela ne date pas du tout)

Il estoit une fillette
qui vouloit scavoir le jeu d'amours.
Un jour qu'elle estoit seulette
je luy en aprins deux ou trois tours.

Asprès avoir senty le goust,
elle me dit en soubzriant :
"le premier coup le semble lourd,
mais la fin me semble friant".

Je luy dis "vous me tentez"
El' me dit "recommencez",
je l'empoigne, je l'embrasse,
je la fringue fort.
Elle cire "ne cessez",
je lui dis "vous me gastez,
laissez moi petite garce
vous grant tort".

Mais quant ce vint,
a sentir le doulx point,
vous l'eussiez veu mouvoir si doulcement
que son las cueur luy tremble fort et poingt,
mais Dieu mercy c'estoit d'ung doulx tourment"

Papillons

Promenade le long de l’Adour dans le soleil couchant.
Migeltxo : « Ça sent bon ce soir »
Bidane : « Bai, on passe à coté du faux jasmin. Et regarde : un papillon, deux, trois papillons, ez attend … sept papillons ! Il y a pourtant d’autres arbustes fleuris autour mais, ez, ils sont tous là, tous attirés par cette odeur ».

Migeltxo : « Bai, tu obtiendrais probablement le même effet si tu enlevais ta culotte discrètement au milieu d’une soirée. Mais je sais très bien sur quel endroit précis de l’anatomie des papillons je planterais mon aiguille de lépidoptérophile ».

Laisser couler

Au plaisir pris à se lever de bon matin pour commencer une randonnée, Patxika peut imaginer que le printemps est là.

À marcher la matinée entière au milieu des pottoks en sentant le soleil sur ses bras et en contemplant les mollets musclés de Xalbat, Patxika peut imaginer que le printemps est là.

À trouver un endroit tranquille pour dévorer avec un réel appétit un sandwich à l’ibaïona, un autre à l’ardi gasna puis à s’allonger au soleil et à basculer l’un sur l’autre, Patxika peut imaginer que le printemps est là.

À sentir le soleil chauffer ses épaules, ses fesses, ses seins tandis que le plaisir monte sous les coups de reins de Xalbat, à jouir ensemble et en même temps que les oiseaux bruyants qui ne perdent rien du spectacle dans les chênes alentour, Patxika peut imaginer que le printemps est là.

Mais à constater que la douceur de l’air permet de prendre le temps de laisser le miel et la nacre s’écouler lentement et se faire absorber par la mousse, là, Patxika est certaine que le printemps est vraiment arrivé.

Glycines

Le marché, c’est bien, Jaima et Geraxan y vont à pied et achètent des légumes, des fruits, du pain bio pour la semaine. Le marché c’est bien, c’est pas cher alors Jaima et Geraxan prennent de belles quantités, par kilo, par 2 kilos.
Le retour à pied est joli par le pont St Esprit. Le retour à pied, c’est un peu lourd, les sacs scient les mains mais le marché c’est bien.
« Hé, mais pourquoi tu nous fais passer par la rue Aristide Briant ? » s’étonne Jaima « ça rallonge ».
« Ça rallonge un peu » répond Geraxan « passe moi un sac, si c’est trop lourd »
« Mais pourquoi rallonger ? »
« Parce que les glycines de la place d’Albret dégoulinent de fleurs et que je pense à t’embrasser sous leur odeur depuis une semaine ».

Zakur

Le chien rouge passe et repasse en se frottant le long du buisson odorant de faux jasmin dont l’odeur suave et entêtante couvre toute la scène. Ohiana, sur le banc qui regarde l’Adour, pose son livre pour admirer la puissance, la vitalité, la fougue éternelle du jeune mâle. Les branchettes craquent, plient, le chien rouge se lustre en arquant le dos. Son pelage se couvre des minuscules pétales du faux jasmin. Il s’éloigne du buisson, s’approche du banc, tout près et s’ébroue généreusement. Les pétales volent sur la robe d’Ohiana. Le chien rouge part dans un galop fou et disparait vers l’amont.

Ohiana recueille patiemment les pétales, les glisse entre les pages de son livre et regagne la rue des lavandières.

Sur le seuil de la chambre, elle secoue son livre et appelle Txomin.

L’érection qui saisit Txomin lorsqu’il entre à son tour dans la chambre ne surprend pas sorgin Ohiana mais la conforte un peu plus dans la puissance phénoménale de la magie de Mari*.