Strict contrôle
« Ça c’est bien passé ton contrôle Urssaf ? » demande Hostaika à sa collègue Maider.
« Oui, j’ai cru que l’inspecteur allait remettre en cause mes explications sur un différé d’IJSS, c’était un peu technique et j’étais un peu courte en arguments mais je l’ai convaincu. »
Fernand honteux
Reposté quand même
Quand je pense à Fernand,
je me rends, je me rends.
Mais quand j’pense à Lucien,
là, je me prends en main.
On the beach
Ça y est ! J’y suis. On the beach ! Tu te rappelles surement ! Bien sur que tu te souviens de ce que tu disais : « Ah, cette chanson de Chris Rea, je la mets en boucle quand tu t’en vas. Et je nous vois tous les deux, là-bas, sur la plage, rien que nous deux ».
Moi, je me souviens bien de ce que je te répondais « Et bien, allons-y ! On est jeunes, on y va. On recommencera tout là-bas ».
Dans le baiser que tu me donnais, il y avait tout, le t’es mignon, le mon mari, le ma fille, le mon patron, le on n’a pas trop de temps, dépêchons nous de jouir au lieu de causer.
Et bien, moi, j’y suis, on the beach ! Ce n’était pas si difficile que cela en fait. Et c’est encore mieux que la chanson et les clichés. Alors ne viens pas.
Vent de sable
- Maika bai ?
- Agur, c’est Pantxika. Oh, tu as une petite voix. Tu as un souci ?
- Pas vraiment un souci, je suis dubitative.
- Raconte !
- Tu as vu le coup de vent du sud qui nous est tombé dessus hier soir ?
- Oui, de la poussière de sable partout, plein les voitures.
- Et bien, j’avais fait une petite lessive à la main juste pour une culotte et je l’avais mise à sécher dehors. Le vent l’a emportée chez le voisin.
- Ton voisin super mignon ?
- Non, l’autre mais peu importe. Ce matin, il sonne chez moi : « Tiens, c’était dans mon jardin. Je me suis dit : une culotte pleine de poussière, ça doit être à Maika ! ». Et il est parti en rigolant !
- Et cela te rend dubitative ?
- Oui, pourquoi est-ce qu’il imagine qu’une culotte poussiéreuse, c’est à moi ?
- Il doit penser que tu en mets tellement peu souvent qu’elles ont le temps de prendre la poussière.
Sujet
Quand on lit Cendrars à 14 ans,
Qu’on écoute Dvorak à 15 ans,
Qu’on découvre Camus à 16 ans,
Avec qui perd-t-on son pucelage ?
Départage
Domenga se saisit de Bitxintxo d’un seul geste, précis et sur.
« Je pense que je vais déclencher la pluie avant l’orage » annonce-t-elle en affermissant sa prise.
« Tu ne prends pas de risque » souffle Bitxintxo « la pluie ne va pas venir, l’orage est trop loin ».
Domenga ne répond pas et s’applique tout en regardant la nuit et la course des nuages noirs dans le vent d’ouest.
L’éclair brutal de la foudre sur un pin très proche suspend dans l’air les premières gouttes de Bitxintxo et de pluie.
« Je ne suis pas certain que tu aies gagné » risque Bitxintxo.
« Oh, avec un flash pareil, la photo va être nette et nous départager ».
Aigre
Du fond du canapé, sans lever la tête de son propre livre, Usoa interroge :
« Encore un auteur qui veut acidifier ton plaisir ? »
Hanneton
Dans l'air
" Je suis contente que cela participe à l'odeur de ce coin du monde " déclare Donaiki.
Main dans la main
C’est Joxean qui se déporte un peu pour se placer à hauteur de Grazia, sans forcer, simplement pour échanger un regard, un sourire. Et il reste là. Les deux voitures cheminent côte à côte sur l’autoroute déserte. Ce n’est pas très long finalement mais c’est un peu comme de se tenir la main pour prolonger le matin.
Ordre
« Qu’est ce que tu viens de faire ? » fulmine Dominika
« Rien de bien extraordinaire, je n’en ai pas mis partout et je me suis même lavé les mains » répond Oilhan surpris.
« Tu t’es lavé les mains ! Et quand s’il te plait ? »
« Et bien comme Ama(*) me l’a appris quand j’étais petit, toujours se laver les mains après avoir fait pipi. »
« Ah j’aurais du m’en douter ! Les basques et leur mère, Ama par çi ! Ama par là ! »
« Qu’est ce qu’elle a à voir la dedans ? »
« Et bien, ta mère et moi nous n’avons pas la même approche, cher Oilhan. Il y a des choses que je m’approprie dont elle n’a jamais eu l’usage te concernant et j’entends que tu te laves les mains AVANT de les toucher afin de ne pas les salir ».
(*) Ama : maman
Pratique
« Les mères de nos mères n’ont pas amené que la recette du chocolat dans leurs malles » murmure-t-elle.
Conspiration
- Txomin Bai ?
- Arratsaldeon, c’est Maika. Tu peux me prêter un film intello, ennuyeux juste ce qu’il faut mais avec un message derrière ?
- Je dois avoir ça Maika mais d’habitude tu n’aimes que les bons gros films américains avec de beaux gosses dedans !
- Un beau gosse c’est ça le problème. Je fais la queue pour voir les films avec Matt Damon. Mais si je te dis Clint-Eastwood-les-bons-sentiments, Nelson Mandela, apartheid et rugby, toi tu fais la queue dans ton cinéma d’art et essai préféré où je ne mets jamais les tongs !
- Oui, il y a des chances.
- Alors, Eastwood, Mandela, l’apartheid, le rugby ET Matt Damon, tu vois le problème ! Cela veut dire que je vais être obligée de rentrer à l’Atalante ! Je crains un choc violent. Aussi je préfère me préparer tranquillement dans mon canapé avec la télécommande à portée de main en cas de malaise.
Double pluie
Deux escargots s’élèvent l’un vers l’autre sous la pluie au premier plan devant le seuil.
Deux tétons, fièrement portés par Petexa, pointent sous l’auvent du cayolar(*) à la limite du champ visuel.
Fermintxo se dit qu’il va devoir, d’ici la fin de l’averse, se dresser deux fois également.
(*) cayolar : cabane de berger sur les estives
Débarquement
Pantxika constate que, de plus en plus, hommes à poil et hommes poilus ne sont pas synonymes.