Laitière

Je sors à peine d’une rupture.
Pas de problème, je serai tendre

J’ai des enfants et pas les moyens de me payer une baby-sitter, il faudra qu’on se voit chez moi
Pas de problème, ton lit est plus grand que le mien.

Avec les enfants endormis à coté, il ne faudra pas faire trop de bruit.
Pas de problème, on va tester toutes les positions dans lesquelles nos lèvres sont trop occupées pour gémir.

C’est bientôt l’heure où je les lève, je n’ai pas envie qu’ils te voient … pour l’instant, ajoute précipitamment Hartz.

Pas de problème, sourit intérieurement Olartia en retraversant à pied le pont St Esprit à l’heure du laitier, j’ai juste caché ma petite culotte sous ton matelas, c’est un sort de sorgin bien trop puissant pour qu’un homme, même rompu, fauché et père, puisse y résister.

Premiers martinets

Les premiers martinets sont de retour et passent à fond entre le cèdre de la rue Bourbaki et le dernier étage de l’immeuble à l’angle de la rue Brigadier Muscard. C’est une bonne nouvelle qui donne à Elaia l’occasion d’entrer, pour la première fois tout là-haut, dans l’appartement sous les toits de Peli « pour voir passer la ronde des martinets au coucher du soleil ». Et également d’entrer, pour la première fois, dans le lit de Peli une fois les martinets partis plus haut que les nuages pour passer la nuit. Puis, au matin suivant, d’entrer dans la salle de bains tandis que Peli s’y rase.

« Est-ce que je peux faire pipi sous la douche la première fois que je partage la salle de bains avec ce garçon ? » s’interroge Elaia.

Conjonction toujours - parenthèse Berthoise

Ceci n'est pas une note.
Juste un remerciement pour une lisière dédiée.

En lisière de l’avenue Benjamin Gomez, le scintillement derrière la brume laisse deviner l’Adour. Seul le bruit de leurs frottements sur les pontons permet d'imaginer les bateaux amarrés. Edurne se prend à tendre l’oreille pour guetter le teuf teuf d’un petit moteur vers le milieu du fleuve. Y aura-t-il un pilote courageux pour passer les arches du pont de fer dans la brume ?

En lisière des dentelles sages et couvrantes, la douceur de soie de la peau se devine rosissante et le léger dessin du sillon se charge de capturer un peu plus le regard de Neketi qui passait sans intention de voir. L’appât est en place sous son apparente inoffensivité fonctionnelle. Y aura-t-il un coquin assez subtil pour y glisser la main et faire pointer le téton ?

Conjonction toujours - parenthèse Mae

Ceci n'est pas une note.
Juste un muxu d'anniversaire pour arreba Mae

Elle se sait très appétissante ce soir, désirable comme une pâtisserie d’anniversaire. Elle entre au Sankara. Dans ce bar, à cette heure de la soirée, il y a bien 25 bougies pour le gâteau.
Comment ils s’allument les 2 bougies à gauche du comptoir ? Un peu timides, le nez dans leurs bocs ? Bai, alors une ondulation de la croupe simplement, juste pour faire frissonner la jupette. Tiens, une étincelle dans leurs regards ! Parfait !
La bougie appuyée contre le poteau, le beau blond un peu distant ? Une banderille noire en plein dans ses yeux ? Bai, un regard soutenu, direct. Il va bruler toute la soirée le grand blond.
Le groupe bruyant de bougies au milieu de la pièce ? Ça c’est plus facile, juste rentrer dans la conversation, poser la voix, gagner sur le tumulte, les faire rire, franchement.
La petite bougie triste devant son coca ? Un sourire de tout l’émail des dents et il se consume.
La bougie en grande conversation avec une femme qui pourrait être sa mère ? Un salut et un frôlement juste assez ambigu sur l’avant bras, ça va suffire.
Là, ça va être plus difficile, un vrai challenge : une bougie bavarde. Un doigt discret qui fait sauter un bouton du décolleté ? Bai, ça y est, le discours du bavard s’emmêle dans la lisière de dentelle.

Et la bougie magique, celle qui se place au sommet du gâteau ? Elle se cache où ?

Il est dehors, il n’est pas rentré dans le bar, il regarde la Nive couler vers l’océan. Il l’attend, patiemment, certain de lancer ses étincelles toute la nuit.

Conjonction toujours - parenthèse strip-tease

Ceci n'est pas une note.
Juste un remerciement pour deux strip-teases dédiés.

" Oh, mais tu as filé tes collants entre midi et deux " constate la collègue à l'oeil perçant tandis que l'assistante RH regagne son bureau.
" Bai, mais j'ai joui deux fois ".

Fin de conjonction

Finalement, le ET de crudité et fleur bleue est une conjonction trop intimement liée aux deux termes.
Donc, les petites histoires s'arrêtent pour de bon.

Les commentaires sont fermés et c'est dommage car ce blog a beaucoup existé à travers eux.
Il reste le courriel (en bas à gauche).

Tout ce qui a un nom existe.

Conjonction

Dans crudité et fleur bleue, la présence d'une conjonction de coordination n'aura échappé à personne.
L'absence d'une telle conjonction dans la vraie vie a -finalement- un retentissement sur la production de petites histoires qui, certes, sont fictionnelles mais néanmoins enracinées.
Donc, une pause s'impose, le temps de remettre un peu de cohérence dans tout cela (durée ? qui sait ?).
Muxu.

Vélo

Il ne pleut pas. Ils marchent dans la rue Bourbaki, un peu en désordre, 5 de front, Iban poussant son vélo. Le sujet de la conversation importe peu : ils sont contents et ils vont déjeuner ensemble. Et soudain, Iban les plante là, en 2 coups de pédales atteint déjà la rue Sourrigues alors que les mots en suspens n’ont pas encore eu le temps de rebondir. Surprise, incrédulité : « mais qu’est-ce qu’on a dit ? » « Xan, qu’est-ce que tu as encore dit ? » « mais pas du tout, je n’ai même pas eu le temps de finir » « alors, c’est … »
Au bout de la rue, à contre sens, apparaissent Iban et Maia roulant doucement côte à côte.
« C’est sûr qu’il y avait urgence » « c’est sûr » « on est des amis, on doit comprendre » « d’ailleurs on comprend » « on y va doucement au resto » « bai pas trop vite, peut être qu’il va réussir à la convaincre ».

807 bis bis

Vous vous rappelez le principe des 807bis ?
Voici une nouvelle contribution (un peu sage) judicieusement relue par Frank Garrot lui même.

L’amour me rendait beau. Après son départ, je me devais de réagir rapidement afin de me conformer au cliché social du cocu : je me suis rasé la tête.
Me rendre laid est quand même ce que je fais de pire le plus vite.

Sur le tronc, l’oiseau
807 fois son pic
Soupir de l’homme

Dans son message de rupture, elle faisait mention, entre autres, mon extrême pilarité. Ah, ah, ah, la volupté de cette revanche lexicale ! Je sortais de cette histoire le torse hirsute et bombé.

Mimosa arc en ciel

« Tu rentres vite ? »
« Bai, je suis en train de plier mes affaires, j’allais partir. »
« Alors tu accélères le mouvement, tu ne passes pas par la maison, tu me retrouves au bord de l’Adour, au bout de mon circuit de footing ».

La pluie a lavé le ciel, l’air est clair, l’arc en ciel au-dessus du fleuve immense et les mimosas explosent leur jaune.

« Tu crois qu’il y a au monde un meilleur endroit pour t’embrasser ? »

image de fabrice c

I Feel Pretty

Erlantz est un garçon classique : en matière de romantisme, au-delà de Shakespeare et de Roméo et Juliette, il n’y a rien. Alors West Side Story, c’est un bon compromis entre la modernité et le classicisme.
Erlantz est un garçon pratique : un cadeau qui plait, ça peut s’offrir plusieurs fois.
Maialen est amoureuse d’Erlantz. Il lui offre un disque, West Side Story. Maialen chantonne « I feel pretty » comme Erlantz joue délicatement de la langue sur son petit portier.
Nahia est amoureuse d’Erlantz. Il lui offre un disque, West Side Story. Nahia chantonne « I feel pretty » tandis qu’elle chevauche Erlantz rageusement.

Maialen et Nahia ne sont plus amoureuses d’Erlantz qui, lui, sourit toujours lorsque « I feel pretty » lance ses notes fleur bleue.

Oignon

Des petits pulls enfilés les uns sur les autres, c’est pratique pour l’hiver. Surtout pour l’hiver basque où le temps change vite : j’ai un peu chaud, j’ai vraiment froid ; Elaia enlève, remet, rajuste. Ça en fait des couches, comme un oignon. Mais il n’est pas prévu de l’éplucher l’oignon : Elaia a dit « pas trop vite ». Alors Periko se conforme à la demande, des promenades main dans la main, des bisous papillons. Et très consciencieusement, lorsque le câlin dérape un peu, que sa main s’égare dans le dos d’Elaia et rencontre un centimètre de peau, Periko remet en place les différentes couches de laine et de coton. « Pas trop vite ».

Juste après le coucher de soleil, la nuit les surprend devant l’océan. C’est très ancestral de se serrer un peu plus dans ces premiers instants d’obscurité. C’est très doux de sentir le cœur de l’autre qui bat. Enlacés. Les bras autour des reins sous les manteaux. La main de Periko remonte, découvre la peau douce et chaude au bas du dos. Il caresse un instant, amorce le geste de rajuster les couches mais le murmure d’Elaia interrompt son repli : « tu peux ».

Rafraichir (la nuque)

La peau de Fermin frissonne. Les quelques poils présents sur le dessus de ses épaules se dressent. Les doigts de Gaxuxa caressent les omoplates en un petit geste de balayage très léger puis assurent de nouveau leur prise sur la nuque de Fermin.
Fermin frémit aussi lorsque la paume de Gaxuxa, dans le même geste de balayage, s’aventure sur ses petits tétons d’homme.
« Tu as froid ? » interroge Gaxuxa.
La première réponse venant à Fermin tandis qu’assis dans la cuisine torse nu, il offre ses cheveux aux ciseaux et à la tondeuse à Gaxuxa est :
« Je n’ai pas chaud, ne fignole pas trop ».
Mais, bien cachée sous les cinquante ans de mariage dont dix de chambres à part -il ronfle fort dit-elle-, Fermin sent poindre une explication un peu différente au frisson que lui procure la main de Gaxuxa.

Il faut pleurer les amours inabouties

Le titre est de Berthoise

Le carnaval et le procès de San Pantzar, il ne faut pas les rater. Patxi arrive juste au dernier moment à l’appartement pour filer avec Terexa vers le défilé. La table basse du salon est un peu encombrée.
« Tiens, tu as sorti tes affaires de couture ? Ça faisait longtemps » constate Patxi.
« Bai, longtemps. »
« Et tu fais quoi ? Un doudou en tissu ? Il y a une naissance ? C’est pour qui ? »
« Ce n’est pas un doudou, c’est …, c’est pour moi. Allez viens, on y va, on va être en retard » dit Terexa en glissant le bonhomme en tissu dans la poche de son manteau.

Défilé, danses, procès et on brule San Pantzar.
« Je crois que j’ai un chagrin en retard, tiens moi la main » murmure Terexa en regardant bruler San Pantzar.
Patxi prend la main et ne dit rien. Il n’a pas besoin de tout comprendre. Il n’a pas besoin de savoir que Terexa a donné un nom à son bonhomme en tissu et qu’elle l’a glissé dans la poche de San Pantzar qui brule là au milieu de la place.

Plus tard, sous la couette.
« J’ai un souvenir qui m’est remonté de nulle part avec une telle violence que j’aurais pu le croire tout frais. Mais il était tout vieux, une vieille histoire que j’aurais voulue d’amour. Et vu comme cela m’a fait mal si longtemps après, c’en était une finalement. Mais pour moi seule. J’aurais du me l’avouer à l’époque et être triste. Il faut pleurer les amours inabouties. C’est un peu plus facile quand tu me tiens la main. Et que San Pantzar se charge de tout ».

San Pantzar
En février, cette créature grotesque est jugée sur la place publique, accusée de tous les malheurs, problèmes rencontrés par le village durant l'année. A la fin du procès, il est brûlé sous les acclamations, danses.

Valentin Shakespeare



« Tiens » propose Ageio en tendant un petit paquet « pour la St Valentin. »
« Ah » s’étonne Pakita « c’est gentil mais on ne le fête jamais. »
« Et bien, cette année, ce jour, j’ai envie. »
Pakita ouvre délicatement le papier « Shakespeare ? … Mais on l’a déjà Roméo et Juliette ! »
« Bai, c’est même notre exemplaire, celui de notre bibliothèque. »
« … ? »
« Et bien, nous sommes sortis au théâtre cette semaine. »
« Bai, Pippo Delbono, ce n’était pas vraiment du Shakespeare » tempère Pakita.
« Ez, contemporain, dérangeant. Et quand nous sommes rentrés, je suis allé devant notre bibliothèque avec le besoin de relire Roméo et Juliette. »
« Cet exemplaire là ? »
« Bai. Je venais d’éprouver de la nouveauté et pourtant j’avais besoin de Shakespeare, comme un sentiment théâtral indépassable. »
« Et la St Valentin dans tout cela ? »
« Et bien, c’est pareil avec toi maita, tu m’es indépassable ».

Petit Valentin,
Fourre son nez et glisse ses mains.
Rosée à minuit.

Petite Valentine,
Du doux des lèvres rend plus beau.
Crème sur le gâteau.

La Rhune a mis sa culotte

Pour une fois, il ne s'agit pas d'une histoire mais d'une conversation culottée avec Coumarine.
- Tiens la Rhune a mis sa culotte !
- Qu’est ce que tu racontes ? Elle est toute blanche de neige.
- Bai, comme une culotte
- Ce n’est pas toujours blanc une culotte.
- Ah c’est blanc sinon il n’y a pas de désir.
- … ?
- La peau nue, qu’elle soit claire, dorée ou laiteuse, peu importe ; les seins, les hanches, c’est secondaire en fait ; ce qui capture le regard en premier, c’est le drapeau noir de la toison, ce buisson sombre qui fait semblant de masquer pour mieux appeler. Le désir est donc sombre, définitivement, comme une frise de ronces douces. Le ton sur ton de la petite culotte noire va trop vite en besogne. La petite culotte blanche, c’est vraiment l’écrin qui fait ressortir le sombre et le désirable.
- D’accord, pour la frise de ronces douces qui ressort sur le blanc. Mais si je suis épilée, on ne le voit plus ce noir.
- Ah, je t’arrête, les femmes ont un blason, ce sont les petites filles qui n’ont pas de poil. Et désir et petite fille, ça ne va pas ensemble.
- Désir sombre, culotte blanche. Tu n’es pas en train de réinventer le yin et le yang ?
*
D'ailleurs la voici Coumarine
*
Oui, dans mon tiroir de lingerie, j'ai des petites culottes, des noires et des blanches...
Les blanches je ne les aime pas vraiment: les lessives les ont malmenées, leur donnant une teinte plus grise que blanche, et une forme qui pour certaines, laissent à désirer (oui!oui Monsieur, à désirer!)

Une culotte blanche, ça fait culotte blanche, il faut en convenir (oups! con-venir!)
Une culotte noire ça fait davantage joli petit maillot, ou vêtement de plage
N'est-il pas? dit-elle avec un sourire innocent et des yeux qui semblaient l'être tout autant...

807 bis

Frank Garot avait lancé les 807.
Quand on tarde, on arrive après
le 807 final.
Là, c'est reparti pour les
807bis, sous forme de triptyques.
Et cruditéetfleurbleue ne laisse pas son tour.


Comment avouer à cette charmante agrégée de lettres modernes rencontrée dans un café littéraire que je me satisfais pleinement d’un livre de chevet n’ayant que 2 pages ?

Ce 807ème tour de langue était vraiment ma limite maximale : son plaisir résidait bien au-delà de la luxation de ma mâchoire.

La satisfaction du dimanche matin lorsque l’acquisition d’une baguette toute chaude se double du plaisir de m’être débarrassé de toutes les piécettes dont la boulangère leste consciencieusement mon porte monnaie au cours de la semaine.

Pluie en retour

Reposter une histoire d'il y a deux hivers, ce n'est pas vraiment de la triche : c'est la même pluie qu'il y a deux hivers.

La mythologie basque date d'avant l'Histoire mais cela n'interdit pas d'en raconter.

La pluie incessante qui baigne les montagnes et les vallées d’ipparalde en hiver enchante Lamina. Elle passe des heures, nue sous la pluie, à coiffer avec son peigne en or ses longs cheveux noirs en écoutant les sources déborder. Et lorsque la puissance de l’eau se conjugue à la montée de la lune vers son plein, Lamina est envahie d’un besoin irrépressible de conjonction. Mais la pluie éloigne des sources préférées de Lamina bergers, chasseurs et autres pêcheurs. Aussi remonte-t-elle inlassablement les cours d’eau à la grande vitesse de ses pieds palmés. Elle finit par rencontrer un vieux charbonnier ramassant du bois mort malgré les trombes d’eau. Il est tout entier dans sa tâche et peu ému par la nudité de Lamina.
Elle s’en offusque : « Et bien euskaldun ! Tu n’as pas la politesse de te tendre pour moi ? »
« J’ai deux bonnes raisons, Lamina, deux bonnes, vraiment »
« Nomme la première raison euskaldun ! »
« Le bois ! Sans lui, sous cette pluie, j’ai froid et je meurs »
Lamina claque des doigts et tout ce que la forêt compte de bois mort se retrouve empilé à l’arrière de la cabane du vieux charbonnier en un tas énorme.
« Allons chez toi et tu me nommeras la deuxième raison euskaldun ».
Le vieux charbonnier entre dans sa cabane, suivi de Lamina. Il jette de grandes brassées de bois dans l’âtre, place ses vêtements dégoulinants devant les flammes. Il reste un long moment devant le feu avant de retourner son corps sec vers Lamina en déclarant : « La seconde raison, Lamina, est que je ne me tends plus, ni pour toi, ni pour personne ».
Lamina retire le peigne en or de ses cheveux, s’approche du charbonnier et commence à peigner le taillis blanc entre les jambes de ce dernier, lentement, patiemment. Le buisson quitte le blanc, se grisaille, puis s’assombrit franchement, s’assouplit et laisse se dresser en son milieu un baliveau bien proportionné que Lamina se plait à utiliser à sa guise.


Au matin, le vieux charbonnier se réveille près de son feu bien entretenu, un peu rompu et un peu déçu de constater que son buisson a retrouvé la couleur neige de ses cheveux.

La fièvre du voyage

Ce matin quand je suis partie, le petit aitatxi de l’autre coté de la route faisait bruler des feuilles mortes. Elles n’avaient aucun plaisir à bruler et fumaient en attendant la pluie. Le petit aitatxi n’était pas plus pressé que d’habitude et, la cigarette aux lèvres, il m’a saluée lorsque je suis sortie avec mon sac vers la gare.

C’est pour toi, Damattit, que j’ai chargé mon sac des petites choses de chez nous et que je me suis ennuyée durant 5 heures dans ce train. Ton hôtel près du Luxembourg est très classe, ta boite ne se moque pas de toi pour ce déplacement longue durée. J’aurais préféré qu’elle soit garnie la chambre, garnie de toi et qu’on évacue tout de suite ce désir bloqué depuis une semaine. Mais, travail, travail, travail, les galipettes, c’est en soirée. « Profite des derniers jours des soldes, Otxenda ». Bai. La fin des soldes à Paris c’est aussi triste que les ventas au col d’Ibardin après le 31 août. J’ai quand même trouvé un petit truc plein de dentelles, terriblement cher et pas du tout soldé. J’ai fait un tour au Luxembourg aussi. C’est joli. Très civilisé mais joli. Beaucoup plus petit que la forêt d’Iraty cependant.

Il est tard. Et te voilà. Enfin, il semble qu’une partie de toi vient de rentrer. La fièvre qui te dévore n’est pas de la même nature que la mienne et dans tes yeux la flamme est pour le moins vacillante. Ne me dis pas que tu es … malade ! Ne me dis pas, Damattit, que tu m’as susurré des coquineries au téléphone durant toute la semaine pour ce soir être … malade ! Ne me dis pas que ce que ma main va cueillir au bas de ton ventre, c’est tout ce que tu es en mesure d’offrir à une basquaise en pleine santé !

Tu es sous les couvertures dans les bras accueillants de ta fièvre. Tu penses que je vais te veiller comme une bonne amatxi. Erreur ! Le feu, ça se soigne par la glace. Sens ! Je viens de me passer sous l’eau glacée, je suis un bloc de froid, mes tétons pointent comme des clous de givre et je te crucifie. Tiens ? ma cuisse toute entière sur ton entrejambe te fait frémir ? Bien. Je retourne sous la douche, je me glace, je reviens, je me colle. Tiens ? tu changes de registre de fièvre ? Egun on Damattit.

Je ne regarde pas l’heure. Il est un peu plus tard. Je t’entends juste fouiller dans le mini bar de la chambre à la recherche de la chiffonnade de jambon et de l’ardi gasna que je t’ai montés. Je me dis que tout va bien.

Rebond sportif

Vaincre son vertige lors du premier saut de l’élastique de la petite culotte au bord d’un lit inconnu.

Arbre froid

La Nive est boueuse. L’arbre arraché plus haut dans la montagne est charrié perpendiculairement au courant. Accoudés à la rambarde, Naroa et Haitz le regardent s’approcher de la pile centrale du pont Pannecau.
« Il va passer à droite ou à gauche ? » questionne Haitz.
Le tronc ne choisit pas, il affronte la pile, se cale en son centre recevant deux poussées égales des courants jumeaux de chaque coté de la pile.
« Ce n’est pas possible qu’il reste comme ça ! Il ne peut pas être placé juste sur son centre de gravité ! » raisonne Haitz.
« Je crois qu’il veut raconter une histoire avant de disparaitre dans l’océan. Il nous a sentis. On doit juste rester là, à l’écouter » explique Naroa.
Haitz se garde bien de commenter. S’il ne voit rien, c’est qu’il ne veut pas apercevoir. S’il ne sent rien, c’est qu’il ne veut rien ressentir. Il sait juste qu’ils vont prendre froid tous les deux à regarder le tronc résister au flot qui l’emprisonne et qu’on ne discute pas avec une sorgin.

« Et bien, je n’ai rien ressenti, rien entendu » admet Naroa comme l’arbre finit par être emporté sous la voûte gauche du pont.
Haitz se garde bien de préciser que lui, il a parfaitement reçu, en connexion directe avec l’écorce, le souvenir de toutes les siestes crapuleuses qu’un pêcheur du bord de Nive a enchainé, année après année, avec une rousse pulpeuse et déchainée à l’ombre de l’arbre. Et que l’éclaboussure finale dont le tronc a gratifié leurs joues avant d’être entrainé était également un souvenir.

Indéfiniment

- « Ez, tu es gentille mais après mon troisième dé à coudre, tu ne vas plus en tirer grand-chose. Laisse-moi plutôt jouer de la langue et des doigts, je ne suis pas trop maladroit » propose Xalbat en se déplaçant doucement pour échapper à l’attention de Maixa.
- « Tu n’es pas maladroit, certes mais ce n’est pas ce dont j’ai envie là maintenant » déclare Maixa en sortant nue du lit et en s’approchant de la baie vitrée donnant sur l’Adour.
- « Tu cherches quoi ? » interroge Xalbat
- « Quand tu es arrivé tout à l’heure, c’était marée basse, ez ? »
- « Bai, même très basse, on voyait le pied des piles du Pont St Esprit »
- « Ça veut dire que le fleuve coulait dans le sens du temps »
- « … bai, le fleuve coulait … vers l’océan … un fleuve cela coule toujours vers l’océan »
- « Tu es vraiment un basque de l’intérieur » grogne Maixa en sautant dans ses habits -juste les dessus sans les dessous- et en disparaissant.

Xalbat s’approche de la baie, distingue la silhouette de Maixa qui se contorsionne pour franchir le portillon fermé d’un ponton, qui se penche entre 2 bateaux vers l’Adour. À peine le temps pour Xalbat de s’étonner que déjà Maixa est de retour dans la chambre, ouvrant la baie, renversant quelque chose sur la petite terrasse et se débarrassant de ses habits. Xalbat se retrouve avec une érection si fraiche que trois nouveaux dés à coudre viennent accompagner les orgasmes répétés de Maixa.

- « Tu peux m’expliquer sorgin ? » interroge Xalbat dans un demi-sommeil.
- « Le temps va toujours vers demain indéfiniment. Le fleuve va toujours vers l’océan indéfiniment. L’infini c’est loin alors le temps s’économise et se fait porter par le fleuve puisqu’ils vont tous les deux vers le même but. Sauf qu’ici, après la marée basse et l’étal, le fleuve change puissamment de sens. Il suffit juste de récupérer le temps lorsqu’il repasse ».
- « Alors mon retour érectile, ce n’était pas ma superbe forme physique ; c’était juste mon érection d’avant que je n’arrive ici ? »
- « Tu n’es pas obligé d’y croire mon petit coq tu sais » minaude Maixa.

Corbeau, castor, lapin, devant, derrière

Sur un défi de Mère Castor (qui n'a pas peur) avec une liste de mots impossibles et un bricolage devant être double figure, double-face, double ce que tu veux.

Txabi dépose son désir au profond de Marixa.
Marixa mêle ce désir au sien propre et expulse le tout sur le seuil de la maison.
Le gel de la nuit sculpte le désir en un cristal ivoire que le corbeau blanc prend dans ses serres à minuit.

Un corbeau blanc ?
Évidemment qu’il est blanc le corbeau sinon ce n’est pas une histoire !

Le corbeau blanc, donc, trace son cercle au dessus de la campagne gelée. Il cherche le souffle du vent du sud qui fait fondre le givre et laisse dans son sillage les pâturages verts et gras. Le corbeau blanc, il le trouve ce vent chaud dans la trouée du bosquet qui prolonge l’échancrure du col. Il refait un tour pour bien choisir l’endroit idéal, descend lentement et dépose avec précaution la gemme qu’il tient dans ses serres.

Wouh, il faut plusieurs ingrédients et plusieurs intervenants pour cette potion de sorgin !
Et ce n’est pas fini.


À minuit, Marixa se dirige vers les cages de ses lapins. Elle libère le gros mâle fauve qui s’élance dans la cour en cercles fous puis s’arrête, hume le vent du sud et part à travers champs, ventre à terre. Le lapin fauve trouve toujours l’endroit où le corbeau blanc a déposé la gemme de désir.

Toujours ?
Bai, il trouve toujours l’endroit.

Le désir glacé a fondu dans le vent du sud et s’est mêlé à la terre rouge. Le lapin s’y roule, s’en couvre et refait son voyage à l’envers vers ses maitres, jusqu’au creux d’une boite en carton rempli de linge blanc que Marixa dépose sur le seuil. Le lapin s’y blottit et s’endort. Juste un peu plus tard, Marixa récupère le linge dans la boite, l’applique sur son buisson puis sur le baliveau de Txabi. Et le bouton de Marixa se met à grandir. Et le baliveau de Txabi devient bourgeon. Et le vide devient plein et le plein devient creux. Et Marixa donne et Txabi reçoit. Tout s’inverse mais tout est évidence. Et ce qu’il reste de nuit suffit juste pour apaiser le nouveau désir.

Et il y a une contre potion, quelque chose qui remet tout comme avant ?
Tu crois que Marixa et Txabi ont envie de changer ? Peut être. Alors il faut juste de l’eau. Et le soleil du matin.
Et le chant du coq aussi ?
Ez, le coq rouge c’est une autre histoire.

Pompiers Bilbao

C'est Nadège qui va être déçue : pas de calendrier des pompiers basques de Bilbao en 2010.
Alors pour faire patienter Maika, une photo de douche.


La photo de fesses que vous cherchez toutes est cachée en 11 (novembre)

Invictus

Sonnerie téléphone :
- Maika Bai ?
- Arratsaldeon, c’est Txomin. Alors, tu as fini par le voir ce film sur la coupe du monde de rugby dont tu nous parles depuis 18 mois ?
- Bai, je suis allée le voir. Et même en VOST à l’Atalante, c’est te dire ma motivation ! Et j’ai été très déçue !
- Ah bon ! C’est vrai que j’ai lu que les scènes de rugby étaient très moyennes.
- Ce n’est pas ça. Ce film est une escroquerie : tu prends des mecs qui jouent dans la boue, qui passent leur temps à se plaquer par terre, le film dure plus de 2 heures et pas une seule fois tu ne vois les joueurs sous la douche, pas une seule fois tu m’entends ! Pas le moindre petit bout des fesses de Matt Damon ! Une escroquerie !

Agur Jaunak (2)

Bai, cruditeetfleurbleue a déjà posté une version hippie d'Agur Jaunak.
Bai, c'est la clôture d'une réunion politique.
Bai, ce n'est pas l'endroit pour discuter des idées dudit parti.
Juste que dans le registre de l'émotion, c'est beau.

Roi déchu

Le triangle sombre dessine une parfaite part de gâteau des rois. Oilhan la déguste en concentrant toute sa patience au bout de la langue. Dulantzi l’encourage, s’écarte grande, confortablement déployée sur le canapé : bai, oh que c’est bon, bai, là, parfait, bai.

Oilhan trouve le carrelage un peu froid sous ses genoux et se dit qu’il peut, peut être, prendre ses doigt pour trouver la fève. Et il glisse un index dans la facilité de Dulantzi qui l’encourage : bai, oh que c’est bon, bai, là, parfait, bai.

Les genoux d’Oilhan sur le carrelage sont insatisfaits et le font savoir. Le majeur rejoint l’index et le pouce frappe dans la cour intérieure. La langue d’Oilhan englobe et aspire sans répit, sans pause tandis que Dulantzi semble se tendre : oh que c’est bon, bai, oh que c’est bon, oh que c’est bon.

Les chevilles, les mollets, les genoux, Oilhan n’est plus qu’un bloc de glace. En respiration rapide, il tambourine tant qu’il peut, fouillant jusqu’aux tréfonds pour trouver la fève, le santon dans le jardin, dans la cour intérieure. Son pouce libre remplace sa langue qui pend de sa mâchoire irrémédiablement luxée. Il accélère, accélère, au bout de lui-même, au bout du plaisir de Dulantzi qui semble proche : oh que c’est bon, bai, bai, bai, bai, bai.

Oilhan va abandonner, sa légendaire patience va disparaitre. Le bas de son corps appartient au carrelage, sa bouche ne lui sert plus qu’à chercher l’air dans l’effort, ses poignets vont céder, c’est certain, tant le rythme qu’ils leur imposent est au-delà du naturel. Et Dulantzi … bbaiiiiii … le reverse, le bouscule et part dans un orgasme à briser le cristal et les doigts égarés.

Ce qu’il reste d’Oilhan entend à peine Dulantzi murmurer « Je veux bien être ta reine ».

Image de Sinkrou

Continuons le combat

Après
" Plutôt à poil qu'en fourrure "
Faut-il tenter
" Plutôt fourrée qu'en fourrure "

Femme active à l'Epiphanie

« Mais c’est quoi ce … truc … dans le tiroir de la table de nuit ? » demande Ramuntxo à la recherche d’un marque page.
« Tu dois parler de ma petite surprise pour l’Épiphanie » répond Nahia depuis la salle de bains.
« Cela ne ressemble pas vraiment à une galette, ni à une fève » s’inquiète Ramuntxo.
« En effet ; et pourtant cela permet de tirer les rois » déclare Nahia en s’approchant.

Econome


Arrête, je déteste ça !
Oh, j’épluche juste des légumes !
Ez, pas ça, ne me regarde pas avec cet air sadique quand tu fais … çaille !

Convenances

Au cours d’une soirée, rentrer dans une pièce où se trouvent déjà un homme et une femme est parfois délicat quand on respire cette tension qui ne permet pas de déterminer si le degré de la relation est le bientôt ou le tout frais.
Face au bientôt, le recul vers un autre lieu sur un prétexte insignifiant est de loin préférable à quelque tentative de conversation que ce soit, conversation qui, de toutes façons, sera exaspérante et hors de propos.
Le tout frais, au contraire, a besoin d’un petit vernis d’encouragement permettant d’asseoir, de valider. L’usage du vous, collectif anodin, dans la conversation est alors le bienvenu.
Ttotte se trompe rarement dans ce genre de situation. Aussi lorsque, venant récupérer ses cigares, il trouve Pantxo et Onintza près du lit où ont été déposé les manteaux, il a le vous au bord des lèvres car il pressent le tout frais. Mais il opte précipitamment pour le recul devant l’ultra fraicheur du filament qu’Onintza n’a pas encore eut le temps de faire disparaitre de sa frange.

Premières secondes

Betixa trouve le serveur du café Salud vraiment très mignon en ces premières secondes de l'année.
-Vous désirez ?
- Oui.

Plus tard, au milieu du pont St Esprit en ce premier matin de l'année, le vent joue avec sa jupe.
-Serre moi un peu, j'ai froid entre mes Dim up.