Politique

- Contre la dictature du pornormatif, dites non à la nymphoplastie !

- Pas mal, tu crois que tu peux avoir tes 500 signatures avec ça ?

Parce qu’il n’y a pas de raison que ce soit toujours les mêmes qui fassent de la politique sur leurs blogs !

Sens

Oskitz ne regarde pas les femmes dans les yeux. Son imagination va trop vite et le laisse à chaque fois sur le bas-côté des illusions. Il croit en des idées nobles car le regard est clair et elles se révèlent sombres et boueuses dès que la parole s’installe. Un regard inconnu direct lui est presque aussi insupportable qu’une vieille femme mal assise qui impose sans gène la vision de sa culotte défraichie. Obscène et non désiré. Aussi Oskitz parle beaucoup. Il guette les inflexions, les hésitations, tout ce qui lui dessine un profil rassurant, ses yeux toujours en mouvement échappant à la capture.

Geaxina connait trop de bavards pour accorder le moindre intérêt aux verbiages. Elle ne dit rien, jamais. Elle ouvre ses yeux, sonde les regards et ne garde en estime que ceux qui soutiennent, en silence, sans fierté agressive, simplement ouverts et attentifs.

Geaxina et Oskitz se croisent depuis quelque temps en diverses occasions si rapprochées que le hasard n’a plus sa place. Mais Oskitz n’arrive pas à entendre cette femme parler d’elle, vraiment. Geaxina se faufile entre ses questions à chaque tentative avec une adresse qu’elle commence à regretter, de même que sa propre incapacité à saisir le regard d’Oskitz. Ce soir, il y a une terrasse qui s’ouvre sur la nuit et une balustrade sur laquelle s’appuyer pour sonder la ville. Oskitz sait qu’il doit se taire. Geaxina devine que son regard ne doit pas quitter les lumières devant elle. Toutes les voies sans issue leur apparaissent, le ridicule comme le regret. C’est Geaxina qui trouve la première la main d’Oskitz. Elle n’est pas vraiment surprise de sentir qu’il la laisse découvrir ses doigts un à un.

Pluie au dehors

« Ce vent ! » ronchonne Exuperi au fond du lit dans le petit matin.
« Humm » souffle Amiliana en se collant tandis que sa main cherche et s’insère dans la tiédeur.
« Il pleut encore ! »
« Oui. Et tes bourses sont toutes relâchées. »
Exuperi soupire et écoute la virulence extérieure.
La paume, les doigts d’Amiliana sont présents sans insistance et possèdent l’expertise délicate qui font se mouvoir les boules chinoises sans heurt et sans bruit.
Entre l’agitation discordante de la bourrasque et la présence douce, les sens juste éveillés d’Exuperi sont à la peine. La tête d’Amiliana qui repose sur sa poitrine et l’absence évidente d’arrière pensée dans sa tendresse lui font oublier la chevauchée vaillante qu’il souhaitait accorder au rythme de la pluie.
Alors grain, pluie, douce, vent, averse, tendre, choses qu’on ne peut faire à l’extérieur ce matin, calme, lent.
Et Amiliana gagne, envahit.
Et la pluie reste dehors à frapper les volets.

Langue

Histoire tissée avec des fils fournis par Nathalie

«Voila » pense Garxot depuis l’écrin doux des cuisses de Sastiana qui achève ce voyage dont Garxot ressent fierté et jalousie à la fois.
« Je crois avoir trouvé comment le dire ». La langue de Garxot accompagne souvent Sastiana dans ses départs au-delà
mais jamais il n’a pu nommer ce chemin. Pas plus le pseudo latin technique que les expressions mi-populaire, mi-mièvre, ne conviennent à cette porte qui s’entrouvre. Il a, un temps, usé du vieux gamahucher avant que la sonorité même du mot ne le disqualifie.

Alors Garxot entreprend ce à quoi Sastiana le convie dans un désert lexical.

Jusqu’à cet instant où le souffle de Sastiana lui délivre la solution : l’infini au bout de la langue.

Animation musée

Nuit des musées, appuyés sur une rambarde circulaire, à tenter de chercher un peu de vie dans les ballades ennuyeuses fredonnées à l’étage inférieur.
« Le fait que cela soit en eukara, cela n’excuse pas tout » murmure Haritz à la deuxième chansonnette.
« Jeune création musicale, nous aurions du nous méfier. N’avoir qu’un âge à vendre, c’est louche » répond dans un souffle Santxa en tapotant dans ses mains.
Les deux accords mous de guitare annonçant clairement que le morceau suivant va parachever l’anesthésie de l’assistance, Santxa et Haritz s’éclipsent pour un tour dans le musée.
« Fascination, profondeur, relief, beauté limpide… ils ont fait montre de beaucoup d’imagination pour annoncer ce groupe » sourit Santxa en relisant le programme.
« A nous d’en faire preuve »

Il y a plein de coins et de recoins dans ce musée. Cela prend plusieurs salles et même la montée et la descente d’un grand escalier désert mais il est tout à fait possible finalement pour Santxa et Haritz d’être fascinés, de découvrir de la profondeur, de ressentir du relief jusqu’à faire jaillir de la beauté.

A la sortie du musée, appuyés sur la rambarde face à la Nive, Santxa et Haritz serrent leurs corps en repos. Haritz lit une dernière fois le programme « une séduction si particulière, sans cesse renouvelée ».

Folklore

- Trois ans de vie commune, c’est les noces de quoi ?
- De froment, je crois.
- Alors on fait des crêpes et tu m’appelles Suzette.

Coucou

Muskilda et Geraxan courent le dimanche matin. Enfin, ils partent de chez eux avec la tenue des sportifs. Ils s’engagent dans la forêt. Ils courent un peu, dans des chemins de plus en plus étroits. Puis Muskilda souhaite s’adonner à une miction matinale. Alors ils cherchent un chemin encore plus à l’écart. Une trace d’animaux, c’est parfait. Ils avancent assez profond, puis Muskilda enlève short et culotte « Sinon, je m’en mets partout, tu peux me les tenir » et quand elle se redresse, Geraxan n’a plus du tout envie de courir.

Ce matin, c’est très confortable, un tapis de trésis de glands, avec des petites feuilles vert tendre très serrées. Et puis le coucou qui lance son appel.
« La première fois de l’année qu’on entend le coucou, si on a des sous dans sa poche, on est riche pour l’année ».
« Je n’ai pas de poche et mes bourses sont vides ».

Intimité

Dédicace à Oviri qui a fourni (involontairement) la première phrase.


Naturellement installée sur son visage, Maixa raconte tout à son psy. Le naturel est venu très vite. Au début, elle gardait sa culotte. Maintenant, elle la quitte dès qu’elle entre en séance. Son psy s’allonge sur le divan et elle s’installe sur son visage. L’idée lui est apparue évidente immédiatement : elle se dévoilait, il allait connaitre son intimité. Il n’y a rien de sexuel pour Maixa. Elle s’installe, reprend le fil, déroule le sens, respecte le temps puis se lève, renfile sa culotte, dépose les billets sur le bureau. Et prend ceux qui lui sont destinés sur le guéridon près de la porte.

A refaire

Ces draps froissés par nos corps insistants et impérieux,
ces draps saturés de l’odeur de nos fièvres,
ces toiles sur lesquelles nous dessinons avec nos liqueurs intimes à la brosse et au pinceau,
allez ! A la machine !

Et on le refait ce lit avec des draps propres et bien repassés.
C’est le milieu ? Pas tout de ton côté. Tire un peu. Je vois tes collines lorsque tu te penches comme cela. Il y a un pli. Oui, je les connais. C’est trop long au pied. Si tu continues, je vais me tendre ...

Il ne sera jamais fini ce lit.

Affinités électives

"Et si les résultats ne sont pas ceux que l'on souhaite ?"
"On va se promener sur la plage"
"Et s'ils sont conformes ?"
"On va se promener sur la plage"

Avare

La peste soit des pâquerettes tombant sur un peu

Assaut de civilité (2)

Le porsche cayenne étale sa rutilance sur la place handicapés.
Gurutz appuie sur la télécommande pour déverrouiller.
Maika se tourne « Je boirais bien encore un peu de champagne, tu vas nous en chercher ? »
Il hésite « Tu ne vas pas t’en aller ? »
Maika soulève sa jupe, se défait de sa dentelle et la glisse dans la chemise de Gurutz « Dépêche-toi ».

Il file en courant, se retourne, éclate de rire et disparait vers la soirée où il a levé cette beauté au bord de l’ennui.

Maika enlève ses escarpins, escalade pare-chocs, capot et toit du 4X4.
Elle s’accroupit et s’adonne voluptueusement à la miction d’un champagne hors de prix.

« J’ai une histoire à te raconter, petite sœur » dit Maika en poussant le fauteuil roulant dans le jardin.