2009

De la confiture de soleil pour tous.
Urte berri on deneri.

Ménage

Un peu de ménage de blog pour voyager léger :

Les actes manqués de l’année : (1) les commentaires laissés en rebond sur les idées des autres, recopiés (tiens, c’est pas mal ce que j’ai écrit – immodestie du commentateur -, demain j’en ferai quelque chose) et toujours en l’état de terreau sans graine :
Chez Anne Archet
Parce que c’est comme sur un champ de bataille : à la fin de la bataille, les vivants se regardent, s’étonnent d’avoir échappé à tout cela et sont égoïstement contents. Ce n’est pas tant la nouvelle année, nouvelle bataille, que l’on fête que la chance inouïe d’avoir passé l’ancienne.
Chez Gino (pas sur)
Le but n'est pas de répondre à la question mais de tuer le sphinx.
Chez Txita
Se mettre en cuisine, c'est presqu'aussi bien que se mettre au lit.
Chez Martin-Lothar
Quand un loup a quelque chose en travers de la gorge, il ne peut pas le ronger.
Chez Arnaud Maisetti
Il n'y a que les écrivains qui savent imaginer une fin à une histoire, les autres ne font que passer sans même se rendre compte qu'ils racontent quelque chose.
Chez Cat
Une giclée sémantique ? Poussières d'étoiles et voie lactée ? Les fluides masculins seraient donc des poussières d'étoiles ? Ah, cela éclaire (et redonne des couleurs à l'onanisme vespéral)
Chez Jalexis
Les grandes amours, on peut les enfermer dans un gros édredon et les y oublier mais parfois il y a une plume qui ressort.

Les actes manqués de l’année : (2) les phrases concises et coups de chapeau jaloux : (Mais comment ils/elles font pour trouver ça ? Je recopie, demain je rebondirai dessus)
De Nathalie
Le pire qui séduit au premier sourire qu'il esquisse

Ces chers démons au sourire de rasoir
De Lilas (j’ai perdu le lien)
Samedi midi devant un café : hommes et femmes sentent l'amour et le sexe doux

Comme dirait quelqu’une, c’est du tout-venant, cela aurait pu être des bases d’histoires.

L'acte pas vraiment réussi mais posé lui au moins : finir une histoire commencée en 10/2007 (bai, c'est helvète donc un peu lent)

Voilà, c'est mieux ; la page est blanche pour la nouvelle cueillette. Milesker à tous ceux qui offrent leur blog et qui laissent rebondir.

Nombril

« C’est fou tout ce qu’il y a dans un nombril », soupire Periko :

un « Remona avait des nymphes plus petites »,

un « Sabina astiquait plus énergiquement »,

un « Usoa mouillait instantanément »,

et d’autres éléments parcellaires tous conjugués à l’imparfait.

Le coton-tige à la poubelle, Periko se sent bien mieux pour rentrer dans le présent de la chambre où l’attend Betixa.

Crèche

Lorsque Maïka met le petit Jésus dans la crèche, il n’est pas rare qu’une étoile s’allume dans le ciel après que la grâce eût inondé le lieu.

Haize

« Oh, depuis toute petite, j’ai envie de me cacher avec mon amoureux la nuit sous le sapin devant l’église et qu’on s’embrasse au milieu du village, allez viens, ce n’est pas méchant » murmure Alaia en tirant Xalbat par la main.
Cette année pour Noël, la mairie a fait livrer un grand sapin, énorme même. Du coup, les décorations habituelles semblent un peu perdues au milieu de toutes les branches chargées d’aiguilles. Et près du tronc, cela fait une belle cabane sombre et profonde dans laquelle Alaia et Xalbat se glissent.
Un baiser à minuit au milieu du village, un baiser passionné à minuit au milieu du village, un peu plus qu’un baiser passionné à minuit au milieu du village, Alaia et Xalbat se prennent vite au jeu, Alaia s’accroche fermement au tronc tandis que Xalbat besogne vaillamment.

« Haize hegoa* cette nuit, un fameux coup de vent » déclare amatxi** le lendemain au petit déjeuner à Alaia et Xalbat, « tellement fort que le sapin devant l’église est tombé sur le monument aux morts ».

* haize hegoa : vent du sud
** amatxi : grand mère

Egun Olentzero

Olentzero, le charbonnier qui descend de la montagne au solstice pour annoncer que les jours rallongent (et occasionnellement distribuer des bonbons), vous vous en rappelez ? L’année dernière, c’était une histoire dans mythes et merveilles. Cette année, c’est plus contemporain et pas facile à classer.

Une heure de somnolence après l’amour, puis deux heures de vrai sommeil après l’amour, puis une demi-heure de rêverie après l’amour, tout cela rajouté aux moments d’amour entraine à la fin de la nuit sans plus aucune envie de dormir. Jaima et Bitxintxo s’emmitouflent dans ce qu’ils trouvent et filent en ville chercher des chocolatines.
Place de la République. La seule boulangerie du quartier ouverte le mercredi. 7 heures moins une. Il y a déjà trois anciens qui attendent dans la nuit et le froid que le rideau se lève. L’homme devant Jaima et Bitxintxo sent fort le tabac. Son survêtement flotte sur des fesses osseuses. 60 ans ? 50 ans ? Peut être beaucoup moins.
- « Une baguette, s’il vous plait - Il tend un billet - Vous vendez du vin aussi ? ». 7 heures du matin.
- « Rouge ou rosé ? » demande la vendeuse.
- « Rouge ». 7 heures du matin.
Elle emballe baguette, bouteille, rend la monnaie et se tourne déjà vers Jaima et Bitxintxo. L’homme reste à regarder sa main avec la monnaie
- « Et ça coute combien une bouteille ? » interroge-t-il.
- « 2.40 ».
- « Alors j’en ai assez pour une deuxième ». 7 heures du matin.

Jaima se fait servir et, à la surprise de Bitxintxo, bondit de la boulangerie pour rattraper l’homme.
« Hé, Olentzero, vous avez oublié les bonbons pour les enfants » dit-elle en lui tendant un kilo de sucreries.

Bannière (3) Eguberri on - Nedeleg Laouen

Ce qu'il y a de bien, c'est de retrouver les décorations de noël juste quand on les cherche. Le bien aussi, c'est de rajouter une guirlande ou une boule chaque année. Là, ce sont des pingouins.

En cherchant les guirlandes, on retombe sur des histoires de l'avent dernier.
Trop tard pour en écrire cette année alors juste des liens :
1er dimanche de l'avent
2ème dimanche de l'avent
3ème dimanche de l'avent
4ème dimanche de l'avent

Hiver loin

Ailleurs, il fait très froid, très humide. Les routes sont étroites, pleines de la boue des débardages. Les périodes de brouillard alternent avec les périodes de nuit.
- « Il n’y a rien d’autre que de la bouillie anglo-saxonne ? » interroge Ttole en surfant sur la bande FM.
- « Je ne pense pas … » murmure Hegoa sans quitter la route des yeux.
Les feux de croisement à toute heure, les antibrouillards indispensables, une tristesse lourde qui ne rend même pas jolie la neige des bas cotés, Hegoa et Ttole ne sont pas chez eux et réapprennent que l’hiver existe. Réchauffer la libido sous la couette limite le choix des positions surtout lorsque même la couette est froide.
- « Il n’en manque pas un peu ? » interroge Hegoa en se cambrant.
- « Je ne pense pas … » murmure Ttole sans conviction.
Mille kilomètres pour arriver dans un pays dur et perdu avec des paysans coriaces et âpres au gain.
- « On a fini ? On fait le plein et on s’en va ? » interroge Ttole en enfilant un pull supplémentaire.
- « Je pense que oui … » murmure Hegoa.
Mille kilomètres retour à zigzaguer entre les camions, les radars fixes et mobiles, les distributeurs de café des stations d’autoroutes et au matin, comme la radio se décide enfin à redevenir vivante et variée, le soleil se lève sur une journée de ciel bleu.


- « Tout se réveille » annonce Ttole.
- « J’en suis certaine » murmure Hegoa en avançant posément la paume de sa main vers le renflement de Ttole.

Egun on

Bilintx ouvre les volets sur le matin et dresse déjà à haute voix la liste des tâches à accomplir pour remplir pleinement la journée.

« Et si tu me disais bonjour ? » propose Petexa en repoussant le drap, les mains écartant les nymphes pour marquer l’accueil.



Cela n'a pas l'air comme cela mais il s'agit d'un message indiquant la mise en pause pour de mauvaises raisons.
Retour des histoires vers Noël.

Précoce

Sur le lit consciencieusement labouré par une nuit à deux, Periko voit éclore la fleur sombre de la toison d’Elorri dans l’aurore orangée du petit matin d’automne.

Tiens

- Tiens, il parait qu'un mec qui a tué sa femme à coup de beignes chante une petite chanson engagée.
- Tu veux dire un salaud qui frappe à mort et qui explique comment devrait marcher le monde ?
-Ouais, un truc comme cela.

Oublier le miel

Vous vous rappelez de Txantxo qui a gouté le miel de la bassandere ? Ez, vous l’avez oublié lecteurs insouciants du sort des personnages ? Et bien lui, il n’a pas oublié la bassandere et cela n’arrange pas ses affaires de couple.

Txantxo et Jabiera se tiennent devant sorgina Babe qui est un brin ironique « Tiens, le chasseur qui éloigne l’ours, la belle aux yeux profonds, le plus beau couple de la vallée a besoin de moi ».
Jabiera se lance : « Bai, nous ne savons plus comment faire, il y a un sort sur Txantxo et rien ne va ».
« Rien ne va, rien ne va, vous êtes beaux, les gens vous respectent, ils vous aiment même et tu dis que rien ne va ! Allons ! »
« C’est Txantxo, il ne se tend plus ! » crie Jabiera « Depuis qu’il a rencontré la bassandere, il ne se tend plus, elle lui a jeté un sort».
Sorgina Babe cherche le regard de Txantxo. Il sait qu’il ne faut surtout pas mentir à une fille de Mari.
« Alors, tu ne tends plus ? » demande sorgina Babe.
« Je ne me tends plus pour Jabiera » s’entend répondre Txantxo « pourtant je me tends toujours, aussi fort qu’avant, mais uniquement quand l’image de l’intimité de la bassandere me revient, quand son odeur me remplit ».
Jabiera s’en doutait un peu mais elle n’avait pas forcément envie de l’entendre. Mais avec une sorgin, il n’y a qu’un seul jeu à jouer et que c’est celui de la vérité. « Elle l’a enchanté ? » demande-t-elle.
« Ez, je ne pense pas » répond sorgina Babe « tu as une idée euskadun ? »
« C’est peut être parce que j’ai gouté le miel qu’elle m’avait donné pour l’ours » risque Txantxo.
« C’est pour cela aussi que tes poils poussent si drus » complète sorgina Babe en écartant les pans de la chemise de Txantxo. « Ce n’est pas un sort, c’est de la magie puissante, c’est tout ».
« Alors, il n’y a rien à faire ? » s’inquiète Jabiera.
« Il faut simplement que ta magie à toi, Jabiera, soit plus puissante ».
« Mais je ne suis pas sorgin » pleure presque Jabiera « Je ne connais rien de tout cela ».
« Tu connais tout cela depuis toujours et tu vas gagner Txantxo sinon tu seras la risée de la vallée » gronde sorgina Babe en les chassant de chez elle.

Txantxo et Jabiera montent vers la source la plus haute de la vallée, ils se mettent nus et Jabiera boit à la source, boit, boit, jusqu’à se remplir, jusqu’à n’en plus pouvoir, jusqu’à ce que son envie de miction soit irrépressible et qu’elle inonde d’un jet puissant et infini le corps de Txantxo, jusqu’à décrocher tous les poils d’ours, jusqu’à marquer complètement chaque parcelle de la peau de Txantxo en un acte de revendication primaire. Puis Txantxo et Jabiera se lavent dans la source, leurs peaux frémissent et Txantxo se tend enfin.
Le cri de victoire de Jabiera remplit alors toute la vallée, passe les cols et fait vibrer le pays tout entier jusqu’aux oreilles de la bassandere.

Brulé

Sonnerie téléphone :
- Maika Bai ?
- Bonjour, c’est Michelle. Alors, tu es prête pour Halloween ?
- Bien sur que non, tu sais bien que les vraies basques depuis la chasse aux sorcières de 1609, elles ne plaisantent pas avec ce sujet.
- C’est un peu de l’histoire ancienne quand même.
- Ez, des béarnais –salaud d’Henry IV- et des bordelais –salaud de Pierre de Lancre- qui veulent "purger le pays de tous les sorciers et sorcières sous l'emprise des démons, des guérisseuses et des cartomanciennes" et qui trouvent que bruler et torturer 600 femmes de marins - femmes seules censées courir le sabbat afin d'assouvir leurs pulsions- c’était une bonne chose. Ez, je te le dis, on ne plaisante pas avec les histoires de sorcières.
- Tu exagères. Il y a eu des recherches qui disent que ce ne sont pas 600 mais 80 qui ont été mises au bucher.
- Tu as raison, 80 basques innocentes, ce n’est vraiment pas grand-chose. Allez, je te laisse, il y a comme une odeur de brulé dans ma cuisine.

Une dame avec des chaussures vernies et un tas de cailloux

Est-ce qu'une dame avec des souliers vernis et un tas de cailloux font courir le risque de 3 années de prison et 75 000 € d'amendes ?










C'est Mère Castor qui a pris la responsabilité de publier le tas de cailloux et Sorgina de montrer ses souliers vernis.

Chène

Il arrive parfois à Lezana de ramasser un gland tombé sur sa pelouse et ce n’est pas toujours en automne.

Brume

Matin d’automne, à l’étale, l’Adour libère toute l’énergie reçue par l’océan au cours de leur nuit d’amour.
« C’est très bien que cela ne fonctionne pas à l’identique pour moi » pense Usoa en regardant le fleuve fumer dans le soleil levant « Cela pourrait être gênant socialement certains matins ».

Force

Otxanda a les épaules qu’il faut lorsqu’elle pousse sa brouette pleine. Otxanda a les biceps qu’il faut pour soulever les mesures de maïs. Otxanda a les mains qu’il faut pour attraper le canard à gaver et les cuisses qu’il faut pour l’immobiliser le temps nécessaire.
Otxanda a une délicatesse et une douceur infinie lorsqu’elle repousse lentement le prépuce de Xabi pour faire apparaitre le rose nacré avant d’y déposer un bisou.

Vol

- Tu fumes ?
- Ez.
- Alors tu boudes pour être toute seule dehors ?
- Je regarde les vols.
Ganix range son paquet de cigarettes, il n’a pas très envie de fumer en fait. C’est juste une excuse pour s’approcher de Zuriñe.
- Et ça passe ?
- Bai, j’ai déjà vu deux vols.
Ganix se pose là. Le monde derrière est mis en sourdine, son corps prend l’attitude de l’attente. Il n’y a rien d’autre à faire de manière évidente que de guetter le passage des palombes. Ganix respire.
- Pas de vent du sud, elles vont passer haut.
Zuriñe est mieux d’un coup, les mots de Ganix sonnent justes.
Et le vol arrive, compact, très haut, fondant du nord, très près de la côte.
Il n’y a rien à dire durant le spectacle. Et peu à dire après la dernière trace du dernier battement d’ailes.
- Tu as envie de partir, assure Zuriñe.
Ganix sursaute un peu - Comment …, bai, j’y pensais là, suivre le vol, voir le sud. Tu lis dans mes pensées ? C’est vrai ce qu’on dit que tu es un peu sorgin ?
Zuriñe sourit.
Ganix soupire doucement, laisse son regard vers l’endroit de l’horizon où le vol a disparu.
- Je ne sais pas si j’arriverai à partir, murmure-t-il. Tu n’as pas une formule magique pour ça dans ton répertoire de sorgin, demande-t-il en éclatant de rire.
Zuriñe se tourne vers lui, le dévisage longtemps jusqu’à trouver dans son regard ce qu’elle cherche.
- Viens, dit-elle en lui prenant la main et en l’entrainant à l’écart. Il faut juste que tu aies la volonté de te tendre jusqu’au passage du prochain vol. Ça peut prendre un certain temps, ajoute-t-elle malicieuse. Je vais t’aider.

Lorsque, bien plus tard, les palombes remplissent le ciel, le jet de Ganix parcourt tout l’espace et se fond dans l’énergie du vol.


Ez : non
Bai : oui
Sorgin : sorcière (prononcer chorguine si c'est gentil, zorguine si c'est méchant)

Asteartea

- C’est bizarre, c’est toujours le mardi qu’elle pose ses congés, Sabadina.
- Bai, c’est bizarre. D’habitude, on pose le lundi ou le vendredi, pour rallonger le weekend.
- Ou le mercredi, si on a des enfants.
- Bai, mais elle n’a pas d’enfant.
- Et personne avec qui partir en weekend, à ma connaissance.
- Ez, personne.
- Alors pourquoi le mardi ?
- Un truc en semaine, peut être qu’elle voit un médecin ?
- De manière régulière comme cela ? Elle ne fait pas de régime. Un psy alors?
- C’est peut être cela, elle a mal vécue sa dernière histoire. Elle doit essayer de mettre de l’ordre dans sa tête.

Le mardi, au quai Delure devant l’aciérie, un bateau vient charger les billettes d’acier.
Le mardi, le capitaine du bateau confie à son second la surveillance des opérations.
Le mardi, Sabadina badine convenablement.

Emenahikaria

« Dis donc, tu en as préparé beaucoup » constate, admiratif, Joxi en entrant dans la cuisine.
« Bai, je cherche une recette originale pour le concours de pintxo de Lurrama » répond Aintza
« Oh, tu en as même fait avec une base de taloa » remarque Joxi en apercevant des petits losanges taillés dans une galette.
« Ça c’est spécial pour toi, tiens, goute » invite Aintza en tendant un morceau.
« Taloa nature ? »
« Ez, ce n’est pas nature, c’est frotté »
Joxi porte le petit losange à sa bouche, attentif. Il rougit fortement lorsque l’évidence du gout s’impose.
« C’est spécial pour toi, ça n’a pas besoin d’autre chose ; je pense que je vais l’appeler emenahikaria »

Bai : oui
Pintxo : c'est comme des tapas sauf qu'on dit pintchos
Taloa : galette blé/maïs
Ez : non
Emenahikaria : désir féminin (attention, on ne mélange pas les genres)

Bannière (2) CC

Cela n'a l'air de rien mais le collage mal fait sur l'entête de cruditeetfleurbleue est une œuvre - oui madame une œuvre -, une œuvre dérivée certes mais une œuvre quand même. Du coup, il convient de préciser la source de la dérivation : c'est ici

Allégée

Bien qu’allégée par l’orgasme, la hampe est inexorablement attirée par le sol.
« C’est la loi de la gravité » soupire Ttale.
« Pas de fatalité » rebondit Nekane en commençant à chatouiller les aisselles et le buisson de Ttale « Face à la loi de la gravité, imposons la loi de la jovialité ».

Epépiné

C’est une bonne soirée, une rencontre associative en fin d’après midi qui se prolonge de manière informelle et naturelle par une plancha chez les participants les plus proches. Et tout le monde met la main à la préparation. Ça rapproche. Surtout Maika qui trouve terriblement craquant et spirituel le grand brun célibataire. Elle s’affaire à découper la ventrèche sans vraiment quitter Paxkal des yeux. Il manie le couteau avec aisance, sans trop en faire, un peu concentré quand même car cela coupe. Il sourit. Il a de belles dents. La plancha est chaude. Paxkal apporte le plat de ventrèche. Il propose de commencer le premier tour de cuisson. Maika va chercher 2 verres de Navarre et revient vers lui tandis que les participants se dispersent sur la pelouse. Paxkal dépose les tranches de ventrèche et ménage un espace pour les oignons émincés. Maika trouve que le jean de Paxkal le met plutôt en valeur. Le sourire de Maika se fige lorsqu’elle s’aperçoit que Paxkal jette sur la plancha les piments doux entiers.
« Tu n’enlèves pas les pépins ? » demande-t-elle avec un reste d’espoir.
Paxkal s’enfonce définitivement « Ben non, y en a trop ».
Maika fait un sourire et va s’insérer dans un groupe un peu plus loin.

Chipie

La chiffonnade est si fine que le rose du jambon rappelle celui des ibiscus d’amatxi. Les chipirons frémissent dans leur encre et leur fumet remplit, sans l’envahir, la petite cuisine qui sert aussi de salle à manger. Il n’y a pas à dire, Bitxintxo a préparé un joli repas en tête à tête, un diner qui fait suite à plusieurs conversations avec Jaiona, des rencontres simples, évidentes, prometteuses. Un repas riche de possibles. Et de l’autre coté de la table, Jaiona se dénude. Ce n’est pas forcément le lieu qu’elle aurait spontanément choisi. Salomé, la danse des 7 voiles, Jaiona voyait plutôt cela dans une chambre avec de la musique douce pour cette première fois de ce nouveau jeu, la toute première fois de sa vie toute entière. Cela aurait pu être après le repas aussi, pourquoi pas. Mais c’est maintenant que Jaiona décide de sauter le repas, de le bousculer. Ou de le remettre à plus tard pense Bitxintxo pragmatique.