Vendredi souffle

- Tu te rappelles le marmitako des fêtes de l’année dernière ?
- Bai, tu nous as inscrits cette année ?
- Bien sur et je veux qu’on y aille en passant par la passerelle piétons du pont de fer. Et que tu marches devant moi !
- Pourquoi donc ?
- Parce qu’il y a toujours un petit coup de vent au-dessus de l’Adour et qu’il n’y a rien qui ne me mette plus en appétit que la vison fugitive de tes dentelles blanches quand ta jupe blanche s'envole.

Jeudi certitude


« De toutes façons, à 16 ans, si tu ne vas pas défier les vachettes place St André, c’est que tu es une petite bite ! »
Alors les cadets rugby deuxième année, ils y vont. Pas les gros de devant, ez, mais 6 des lignes arrières. Allez hop ! on passe les barrières.
« Finalement, j’y vais pas » lance un centre.
« Et bien garde nos téléphones, petite bite »
La première vache, ils ne voient pas grand-chose, cela se passe de l’autre côté de la place, vers la Treille.
La deuxième vache, une rouge, est vive et coureuse. Elle sème la panique très vite, ça vole en l’air sans que, au raz de la place, on comprenne bien où elle va débouler. Elle arrive très vite sur les cadets, qui par réflexe, évitent le bolide en sautant, en trébuchant. Eclats de rire.
« Ouh, elle va vite ! »
« Bai, c’est pas pour les petites bites ! »
« Si elle te chope, ça découpe ! »
La troisième et la quatrième vache, Gaizko, l’ailier de poche, prend de l’assurance : finalement une vache lancée ça va tout droit alors, avec un bon appui intérieur au dernier moment, tu évites les cornes. Le seul problème, c’est le monde, surtout ceux qui stationnent en rigolant et qui ne rigolent plus lorsqu’ils sont un obstacle devant la vache.
A la cinquième vache, Gaizko est chaud « j’suis pas une petite bite », il appelle la charge et lance sa course au plus près des cornes, il est vraiment à fond, l’adrénaline de la course sur max, il va prendre son appui pour décrocher lorsque l’idiot devant, avec sa bouteille en plastique, se fige, se retourne et se prend Gaizko plein cadre, pleine tête et la vachette en complément.

Gaizko se réveille dans l’ambulance des secouristes.
« Ça va mieux ? » lui demande la secouriste, plutôt jeune d’ailleurs.
« J’ai été touché où ? » interroge Gaizko en découvrant les traces de sang sur son teeshirt blanc.
« Nulle part, on a cru mais non, le sang sur toi c’est l’arcade sourcilière de l’autre gars, on est en train de le recoudre, toi tu n’as rien, tu as juste été bien sonné et la vachette n’a pas loupé ton fond de culotte ».
Et Gaizko s’aperçoit que les restes de son short et de son caleçon ne cachent plus grand-chose de son intimité à cette secouriste, plutôt jeune d’ailleurs.
L’érection qui découle de cette prise de conscience, et que Gaizko tente maladroitement de masquer avec ses mains en coque, le confirme définitivement dans sa certitude de ne pas être une petite bite.

Illustration Nadège

Ouverture patiente

D’accord, on ne met pas son foulard avant l’ouverture officielle des fêtes depuis le balcon de la mairie. Sinon, on est un touriste. Mantzio le sait.
D’accord, on ne fait pas un gros câlin tendre à Aintza, une presqu’inconnue, juste après avoir été présenté. Sinon, on risque de ne plus être invité nulle part –ah, ez, pas le mec en rut !-
D’accord, tout le monde a son foulard dans la poche et tout le monde va le sortir. Mais pas maintenant.
D’accord, Mantzio n’a pas rêvé le sourire échangé un peu au-delà de la courtoisie, le regard juste un peu trop appuyé, les petits signes évidents qui prédisent une suite. Mais la suite plus tard, pas maintenant.
D’accord, le début de soirée en groupe va s’éterniser et n’en plus finir : apéro, tiens t’es là ? on ne se voit qu’aux fêtes ! on va plus loin ? apéro, tapas, tiens te voilà ! apéro, laisse c’est pour moi, on va plus loin écouter une banda ? apéro, on mange quelque chose ? apéro, pintxo, laisse c’est pour moi, tu veux un bout de jambon ? apéro, elle joue bien cette banda pourtant ce sont des landais, on va sur la place de la mairie pour voir le lancer des clés ? Toutes ses déambulations en groupe, attendez on a perdu Xan ! tous ses mouvements de bar en bar avec des regards de plus en plus appuyés entre Aintza et Mantzio, avec des frôlements de moins en moins fortuits, tout cela pour se retrouver, enfin, sur la place de la Mairie, serrés, collés, enfin, au milieu d’une foule compacte les bras en l’air avec son foulard, avec des gens au balcon dont Aintza et Mantzio se moquent tant leur premier baiser les occupent complètement.

« Quand je pense qu’on vient de perdre 3 heures de notre vie alors qu’on aurait pu s’embrasser tout de suite » soupire Mantzio en reprenant son souffle.
« Bai, et ce n’est pas fini » complète Aintza « on a encore au moins pour 4 heures à marcher, à danser, avant de se retrouver entre des draps »
« Ce rituel de l’ouverture des fêtes est vraiment infernal » maugrée Mantzio.
« 7 heures d’attente, c’est un bon délai pour tester l’éjaculation précoce, ez ? »

e-fêtes de Bayonne (suite)

Ami(e)s,

Vous avez lu le billet en-dessous à propos du lancer de clés USB des e-fêtes de Bayonne.
Les fêtes de Bayonne appartiennent à tout le monde, au million de personnes qui passent sur 5 jours mais aussi à tout ceux qui veulent les faire, même si c'est dans leur tête et à des milliers (ou centaines) de kilomètres.
Alors ami(e)s de la blogosphère qui ne viendrez pas cette année ou qui n'êtes jamais venus, cruditéetfleurbleue vous invite-vous lance un défi - vous propose le thème de billet suivant (rayez les mentions inutiles) : racontez, dessinez, imaginez vos fêtes de Bayonne telles que vous les imaginées, rêvées, fantasmées .... N'ayez pas peur, parmi le million de festayres, il y en a bien un ou deux qui vont réaliser ce que vous imaginez.

Maj 1 : Milesker à Mme de K qui s'est lancée la première :















Maj 2 : Milesker à Nadège qui se rappelle des vachettes sur la place St André










Maj 3 : Milesker à Berthoise qui nous offre un pantoum

Aux fêtes de Bayonne,
Je voudrais bien aller.
Quand les tambours tonnent,
C'est bon d'aller danser.

Je voudrais bien aller,
Voir la foule joyeuse.
C'est bon d'aller danser,
Légère et amoureuse.

Voir la foule joyeuse,
Me laisser entraîner,
Légère et amoureuse,
À donner un baiser.

Me laisser entraîner
Par le rouge et le blanc,
À donner un baiser,
M'y perdre follement.

Je voudrais bien aller
Aux fêtes de Bayonne.
C'est bon d'aller danser
Quand les tambours tonnent.

e-fêtes de Bayonne

On nous prie d'insérer :

Les E-Fêtes de Bayonne
Pour cette édition 2009 des Fêtes, nous, le Carnet Bayonnais (groupe de sympathiques blogueurs du Pays Basque) organisons une ouverture inédite et conviviale : en parallèle à la cérémonie officielle, nous donnons rendez-vous à tous les e-Festayres place de la République, pour un lancer de clés... USB.
Le but de cet évènement est d'ouvrir aux Fêtes traditionnelles de nouveaux horizons numériques. Sur le mode contributif ces e-Fêtes s'adressent à toutes et tous, puisque ces clés sont appelées à circuler de main en main et recevoir des contributions électroniques
(photos ou textes) en rapport avec les Fêtes de Bayonne.
Ces témoignages seront ensuite publiés sur le site bayonne-usb.net.
Venez nombreux prendre avec nous Place de la République (Saint-Esprit), ce mercredi 29 juillet, à 22h pétaradantes.

-- Le Carnet Bayonnais

Site : http://bayonne-usb.net/
Mail : mailto:bayonne.usb@gmail.com

Pavoiser

« C’est plus court si on passe par le pont de fer » lance Yakue en constatant que Lezana prend la direction du pont St Esprit.
Lezana n’entend pas. Ou si elle entend, elle ne change pas pour autant la direction de son guidon ni la puissance de son pédalage. Au rire qui fuse soudain, Yakue se dit qu’elle a, en fait, parfaitement entendu.
Il dirige alors ses propres roues dans la direction choisie par Lezana. Il fait beau et pédaler en bord d’Adour est un plaisir que les touristes, agglutinés sur les plages surveillées, n’ont pas encore intégré. Sur le pont St Esprit, Yakue accélère pour se porter à hauteur de Lezana dans le couloir de bus. Le visage de Lezana est fermé et Yakue est obligé d’appuyer fort pour suivre le rythme. Le pont est avalé à toute vitesse, les rues suivantes aussi, les vélos vite rangés, la porte à peine poussée et Lezana se jette sur Yakue, lui arrache son cuissard de vélo, attrape son vit à pleine main et entreprend d’y imprimer un mouvement vif et impérieux. Yakue hésite entre la stupéfaction et le plaisir, entre le cri de révolte et le cri de plaisir. Sa hampe, elle, n’hésite pas et gonfle, enfle, dialogue de toute sa longueur avec la main pressante de Lezana.
Et soudain Lezana se redresse et contemple avec un sourire retrouvé la vigueur dressée de Yakue.
« Ben … » proteste stupéfait Yakue.
« Ah, ça va mieux » lui répond Lezana. « Je me faisais une joie de passer sur le pont St Esprit maintenant qu’il y a tous les drapeaux accrochés sur les mats pour les fêtes. Mais, t’as vu ? Pas un souffle ! Sur ce pont où il y a toujours du vent, rien ! Absolument rien pour agiter les drapeaux. Ce n’est pas un pont pavoisé si les drapeaux pendent comme de vieux chiffons, il faut que cela claque, faut que cela vibre ! »
« Et là moi, je pavoise ! » répond Yakue en se contemplant.
« Bai. Milesker. Ça rétablit mon équilibre. Il y a des choses qui se tiennent bien dans mon quartier ! »

Passion

Betza l’éboueur est heureux. Il s’amuse comme un gosse sur son marchepied à l’arrière de la benne verte. Ces collègues sont heureux aussi, par contagion, de voir ce grand maigre et musclé qui refuse de monter dans la cabine et qui pousse des cris de joie en lançant son poing vers le ciel à chaque bosse, à chaque secousse, à chaque bouche d’égout mal ajustée, à tout ce qui menace son équilibre mais qu’il récupère à la force de ses biceps puissants.

« Il est fou » concluent les collègues en faisant écho à l’éclat de rire à l’arrière de la benne et en accélérant plus que raisonnable sur l’avenue Benjamin Gomez pour faire danser Beltza.

Beltza pourrait se tuer mais Beltza rit.

Beltza aime surtout la tournée du vendredi soir. C’est la collecte du tri sélectif, les sacs de briques de lait, de cartons d’emballage, de bouteilles plastiques, de canettes aluminium. C’est le soir où Otxanda déboule à fond sur son vélo, en sens interdit de la rue Bourbaki, avec son sac plein à la main et qu’elle accélère sur toute la fin de la rue Sourrigues pour rattraper la benne avant le virage de l’avenue Aristide Briant. Beltza à l’arrière de la benne l’encourage, crie, tend son bras au maximum. Et lorsque que le relais se fait, lorsque le sac change de main avant le freinage du bout de la rue, le cri de victoire d’Otxanda n’a rien à envier au hurlement de Beltza.

Beltza et Otxanda se satisfont pleinement de ce rendez vous hebdomadaire.

Langue explicative

C’est un baiser long, langoureux, avec des lèvres douces, une caresse des langues sans intrusion.
C’est presque un modèle pour les amoureux débutants qui passent sur le boulevard Jean Damou ou pour les anciens qui reviennent du café rue Daniel Argote.
C’est un baiser échangé par Bakarne et Fermintxo dans l’encadrement de la fenêtre ouverte et qui veut raconter que la scène de ménage qui a résonné dans le quartier hier soir, et bien, ce n’était pas eux. Ou c’était hier soir.

Pronostic

Courses hebdomadaires dans le supermarché du rond point le vendredi soir en sortant du boulot pour ne pas gâcher le week end dans les magasins. Deux retraités qui viennent juste pour une baguette de pain encombrent l’allée charcuterie libre service. De l’allée fromages, de l’autre coté, monte une voix féminine qui considère qu’il est indispensable de parler très fort dans un téléphone portable car l’interlocuteur est loin :

« Ouais, on a été à Alcampo*, on a chargé le 4X4 de Freddy jusqu’à la gueule et là, on fait des courses avant d’aller boire l’apéro ».

« Je parie qu’elle porte une robe d’été noire avec des bretelles toutes fines, des seins qui tombent, pas de soutien gorge et qu’elle est tellement boudinée qu’on voit son string ».

Le virage à 180° au bout du rayon confirme le pronostic.

« La faute de nos amatxi** et de nos aitatxi** a du être très grande pour que la punition de vivre dans une région touristique s’abatte toujours sur nous ».


* Alcampo : Auchan (en castillan), la première sortie d’autoroute après la frontière, on peut y trouver de tout (un hypermarché Auchan classique) mais les touristes n’en connaissent que l’extension hangar sur le coté permettant d’acheter alcool, alcool, alcool et cigarettes. Tu as été en vacances au Pays Basque ? Ouais, c’est chouette comme pays, on a ramené plein d’alcool. On a vu Biarritz aussi.

** Grand-mère, grand père.

Amourettes

Ça se joue à pas grand-chose, c’est très serré. Au lit, il y a surement égalité entre Sustrai et Domenga. Physiquement, le privilège de l’âge joue en faveur de la taille de guêpe de Sustrai mais l’horloge biologique de Domenga la place, elle, en pole position pour souffler sur les braises de l’envie de laisser une trace, de fonder une famille, d’avoir un enfant. 20 ans pour Sustrai, 30 ans pour Domenga. Johankoxe, 29 ans, au milieu incapable de choisir.

- Le ventre, il n’y a plus que ça, commente l’amatxi de Sustrai en connaisseuse, le ventre ; il faut qu’il comprenne que ce n’est qu’avec toi qu’il est homme.
- Ses coups de rein doivent le tranquilliser pourtant, tempère Sustrai.
- Ce n’est pas suffisant le rassurer au lit; le ventre, je te dis ; je vais te donner ma recette de rognons blancs.
- Mais où veux tu que je trouve ça, je fais mes courses en grande surface, modère Sustrai.
- Des rognons blancs d’agneau, continue amatxi sans tenir compte de l’interruption, on est en Euskal Herria, on sait ce que c’est que des agneaux.

C’est dans la boucherie halal de l’avenue Jean Jaurès que Sustrai trouve un kilo de rognons blancs d’agneau.
C’est dans sa cuisine qu’elle coupe en morceaux plus larges que son pouce, qu’elle fait revenir doucement.
C’est dans sa sauteuse que les rognons blancs suent, rendent leur jus, lentement.
Réserver les morceaux, faire réduire encore le suc, rectifier sel piment une pointe de gelée de coings, voir la volonté de Johankoxe fondre en même temps que les morceaux dans sa bouche et l’entendre, enfin, un peu plus tard, formuler sa décision définitive.

« Alors ça a marché ma recette ! » triomphe amatxi en voyant Sustrai et Johankoxe pénétrer ensemble chez elle.
Sustrai sourit sans préciser qu’elle a réalisé la préparation avec juste un petit tablier de cuisine blanc sans rien dessous. La touche personnelle.

Pleurer mon ange

Ci-dessous, ce n'est vraiment pas un format blog. Et, en plus, ce n'est ni crudité, ni fleur bleue (ou un tout petit peu). Tout au plus un hommage maladroit à Murakami.

Au milieu des phrases magiques de Rilke, de Cendrars, qui flattent mon ego lorsque je veux parler poésie ou simplement passer un moment de quiétude en soirée, se glissent quatre vieilles rimes de Billon et Sardou :

S'il y a des mots qui t'ont fait pleurer mon ange,
Et d'autres qui t'ont révoltée,
S'il y a des idées quelquefois qui dérangent,
J'en ai qui font danser.


Juste ce début de chanson. Après, il y a d’autres rimes sur une mélodie de Revaux qui ne m’est pas particulièrement agréable et sur laquelle je n’ai pas souvenir d’avoir serré très fort des jeunes filles pour cacher mes émois érectiles.
Ces quatre phrases n’ont que peu à voir avec la suite de la chanson, comme si les deux paroliers –ils signent à deux- avaient écrit chacun de leur coté puis rassemblé des morceaux d’histoires séparées. Je ne sais donc pas qui est à l’origine des quatre premières phrases.
La métrique n’est même pas bonne. Pour retomber sur ses pieds au dernier vers, le chanteur doit rajouter de la syllabe : Ouou j'en aiééé qui font danser.
Mais malgré ma capacité à dénigrer les rimes à deux sous d’une chansonnette, malgré ma volonté de demeurer brillant et cultivé, ces quatre phrases, cueillies il y a plus de trente ans, sont installées dans la rubrique « jolies phrases ». Comme je devais en être un peu honteux, elles étaient bien cachées quand même. C’est grâce à toi que je les ai exhumées et, finalement, assumées.

Tu pleurais sans bruit, dans la nuit, dans le lit, tournée de ton coté.
Il y avait surement une raison à tes pleurs. Et, en mon for intérieur, je devais surement trouver cette raison mauvaise, comme toujours, mais le fait était que tu pleurais.
J’ai collé ma poitrine contre ton dos et ma main sur ton sein. Nos peaux se parlaient. Mais ce n’était pas suffisant. Alors j’ai approché mes lèvres de ton oreille. Les mots de Billon et Sardou sont sortis sans que j’en aie vraiment conscience, comme un murmure évident dans l’instant :

S'il y a des mots qui t'ont fait pleurer mon ange,
Et d'autres qui t'ont révoltée,
S'il y a des idées quelquefois qui dérangent,
J'en ai qui font danser.


C’est comme cela que j’ai découvert que je les avais en réserve. Dans l’instant, j’aurais préféré te murmurer du Rilke. Surtout que tu as cessé de pleurer pour me demander « C’est joli, c’est de qui ? ». J’étais vraiment peu fier de t’annoncer un chanteur populaire comme référence. Du coup, tu ne pleurais plus : « Ah bon ? Tu écoutes ça ? ». Tu t’es collée un peu plus contre moi en murmurant : « Tu es humain finalement ».
Tu étais endormie avant que je ne trouve un poème de circonstance plus flatteur.

Martinets

Au coin de la rue Daniel Argote, le voile devant la fenêtre du troisième étage oscille avec le souffle du soir. C’est l’heure où les rondes stridentes des martinets laissent la place aux vols soyeux des chauves souris. Enara et Ttale, allongés nus sur le dessus des draps, regardent le gris remplir la chambre.

« Elles sont enfin parties se coucher les hirondelles, murmure Ttale, elles font un boucan d’enfer avec leurs vols au raz des toits. »

« Ce ne sont pas des hirondelles, répond Enara, ce sont des martinets ; ils ne se couchent jamais ; ils vont dormir dans les thermiques à 1 000 mètres d’altitude. »

« Ils dorment en l’air ? »

« Bai, ils font tout en l’air même le sexe, complète Enara en enroulant sa main autour de la hampe de Ttale ; j’aime bien leurs courses de folie, toujours à fond, toujours au plus près des toits, des murs, des antennes, tout ça, c’est le début de l’été ; tu sais que tu es arrivé dans cette chambre en même temps que les martinets ? »

« Ça fait deux mois qu’on se voit » réfléchit Ttale

« Bai, comme les martinets. »

« Et ils repartent quand ? » s’inquiète Ttale

« Début aout, mi aout. »

« Je ne suis peut être pas capable de te prendre en plein vol, s’insurge Ttale, mais je t’assure que je peux tenir plus longtemps qu’eux, ma libido supporte très bien l’hiver au bord de l’Adour ».

Bannière (5) Linge

Comme Nadège ne me fait pas une bannière personnalisée, je lui emprunte son linge.