Une chaussette dans la poche gauche du cargo pants, une autre
dans la poche droite. Deux boules humides comme des drapeaux pavoisant la
nouvelle année. Une série de 366 jours qui commence sur les sentiers à brebis pour brûler l’excès festif. Cette
année, on se grimpe le Mondarrain depuis le pas de Roland. Du dénivelé calorifique.
La première heure est rude. On se tient la main, on souffle,
on se dit que gambader comme un cabri doit avoir un sens caché. On est
toujours dans la vallée et le sommet ne se rapproche guère.
Un tout petit bout de ruisseau, des rejets de noisetiers, un
couteau dans la poche : je saute sur l’occasion pour souffler un peu :
« Attends, je vais faire un moulin ».
Les pales rudimentaires tournent dans le filet d’eau.
Je veux augmenter le débit en bougeant une pierre et mon
pied gauche finit dans l’eau glacée.
Tu te moques, tu ris beaucoup trop fort. J’essaie de faire
bonne figure en t’éclaboussant. Tu t’enfuies en riant. Je cours aussi. Ça grimpe
toujours un peu. Tu souffles et tu ries. Je te rattrape juste à l’entrée d’un
petit bois d’épicéas. On se serre en riant. Puis on rit moins et on se câline plus.
Ta tenue de randonnée n’est vraiment pas sexy mais vraiment pratique pour accéder
à ton bouton.
Tu jouis debout, vite et tu éjacules sur ma chaussette droite.
Je finis pieds nus dans mes chaussures avec mes chaussettes
mouillées dans les poches.