L'appel du froid

Les vols d'oies et de grues qui passent en longeant la côte, c'est un appel irrésistible à remonter vers le nord chercher des prunelles (des vraies, gorgées de jus, pas les rachitiques espagnoles vendues à Irun) pour préparer le patxaran de l'année prochaine. (et même le praxaran).

Et c'est loin, il faut du temps, une bonne semaine.

Alors, vous pouvez faire une pause dans Harry Potter, avec des fleurs bleues, des crudités, un peu de trucs en vrac, ou même Maika.

Guerre des sexes

- Mais qu'est ce que tu fais à regarder des femmes nues ? questionne Naiara le menton en avant pointé sur l'écran de l'ordinateur.
- Ce n'est pas une femme nue, c'est un test pour comprendre le fonctionnement du cerveau, répond Pello
- C'est ça, c'est plutôt ta libido que tu testes.
- Allez, fais le avec moi.
- Pas question que je regarde des trucs cochons sur un écran. Si elle est mieux que moi, tant pis pour toi !
- Alors, tu la vois tourner comment : aiguille d'une montre ou l'inverse ?
- Tu révises ton kamasutra avec elle ?
- Non, je me rends compte que je suis cerveau gauche.
Naiara jette un coup d'oeil, quand même, à l'écran.
- Aiguille d'une montre. concède-t-elle
- C'est pour cela que nous sommes complémentaires mon amour, susurre Pello.

Bichonne

En rebond sur quelque chose pioché chez Swann d'outre-Escaut

Moi je suis l’amante, celle qui pique le mec des autres, celle à qui on écrit des lettres d'amour, celle à qui on susurre des mots doux pendant des heures au téléphone. Moi je suis l’amante, l’aimée et c’est bien fait pour moi.
Là, il est un peu cassé l’amant ; dans ce lit d’hôpital, le bel hidalgo a objectivement besoin qu’on s’occupe de lui. Et je te croise, toi la légitime, toi l’officielle. Et tu es très forte pour jouer à l’infirmière, à la grande sœur attentive qui assume dans les coups durs, à la solide qui écrase une larme avec discrétion, à la nounou douce, bref, tu tiens à la perfection tous les rôles qu’il te regardait jouer avant, alors qu’il attendait simplement que tu sois femme. Alors bichonne si tu veux, il en a besoin, c’est sur, cela ne lui fera pas de mal. Mais je peux te dire un truc ; quand il sortira d’ici, je sais très bien qu’il viendra vers moi. Et tu sais pourquoi ? Parce que moi, dans sa chambre d’hôpital, sous ses draps d’hôpital, j’ai glissé ma main. Et j’ai vu sa fierté quand je l’ai rendu homme. Alors bichonne si tu veux, j’ai tout mon temps et je n'ai aucun doute.

Retraite internationale

Si vous avez raté le début de Maika, c'est dommage car c'est fini. Mais vous pouvez vous rattraper en commençant par le bas

Sonnerie du téléphone
- Maika bai ?
- Bonjour, c’est le Journal du Pays Basque, service des sports. Alors, c’est vrai, vous arrêtez ?
- Oui, je confirme, c’est définitif. La Coupe du Monde est finie, je n’aspire plus qu’à retrouver mon mari.
- Mais enfin, c’est incroyable, avec tout ce que vous avez apporté ! Vous avez enrichi le dictionnaire amoureux - avec « laporte », qualificatif peu amène certes -. Mais vous êtes surtout l’inventrice du strip-rugby !
- Oui, et j’ai appris avec plaisir que cette discipline était de plus en plus pratiquée, même par des couples peu sportifs.
- Vous voyez ! Alors pourquoi vous retirer maintenant ? Et le tournoi des six nations qui arrive ? Vous n’avez pas votre place ?

- Non, c’est décidé, j’arrête. Retour au calme, les amants c’est fini. Je prends ma retraite internationale. Et je vais faire du sport avec mon mari, nous allons nous mettre au golf ensemble, des petits trous, des petites balles, rien que des choses simples.

Paz de la noche

Dans la douceur de la nuit, Betixa attise le point rouge de sa mentholée ; un appel long auquel répond le bout incandescent de la blonde ibérique de Pantxo. A cette heure, il n’y a plus que les cigarettes qui poursuivent leur dialogue. Les pensées s'unissent dans les volutes qui montent lentement vers le quartier de lune.

Sauvetage

S Royal/N Sarkozy : Certains font un enfant pour sauver leur couple, d’autres essayent d’être Président de la République. Cela ne marche visiblement jamais dans le second cas.

Gâchis

Sonnerie du téléphone
- Nathalie à l’appareil.
- Salut, c’est Maika. Tu sais, tu m’as embrouillé la tête l’autre soir avec tes histoires de petite finale, petite mort. Et mon mari s’y est mis aussi : « la petite finale, c’est pour les branleurs ». Ca m’a fait une nuit agitée. J’ai rêvé que tous les spectateurs mâles du Parc des Princes partaient dans une séance d’onanisme collectif et que le flot noyait le sous secrétaire des tas. Un tel gâchis m’a réveillée.

Fiction théatralisée et soyeuse en 3 actes.

Acte 1, scène 1
Candidat à un scrutin helvète écoutant sa petite voix intérieure.
« Fritz, si tu fais de la politique, c’est pour gagner. Et si tu veux conquérir les suffrages il faut que tu sois visible. Donc une campagne de pub de la Migro, tu peux difficilement trouver mieux comme visibilité. C’est pour des sous-vêtements, d’accord mais tu es encore présentable. De toute façon, tu gardes ton teeshirt ».










Acte 1, scène 2
Le même candidat, la même petite voix intérieure.
« Voilà, c’est fait, c’est dans la boite. Avec un peu d’humour, ce n’est pas si compliqué finalement. Allez le peignoir. Ca donne quoi, les photos des autres ? Oui, mignonne la petite candidate des Jeunes VertEs, mais à son âge ce n’est pas très difficile. Oui, celui là, il pourrait être mon fils, triathlète, sans un gramme de graisse, 24 ans, devrait s’intéresser aux filles plutôt qu’à la politique. Et celle ci, …








Acte 2, scène unique
Le même candidat, une autre candidate.

- Bonjour, je suis boxer et teeshirt noir.

- Oui, moi je suis élue du canton de Soleure, vous êtes sur mon téléphone de permanence, en quoi, puis-je vous aider ?

- Vous êtes élue certes et également soutien gorge et culotte nacre liseré noir.

- Vous parlez de la pub de la Migro ?

- Oui, de cette même pub pour laquelle j’ai été choisi pour faire boxer et teeshirt noir. J’ai fait les photos moi aussi….. C’est pour des sous-vêtements, d’accord mais tu es encore présentable. De toute façon, tu gardes ton teeshirt.

- Oui, je me suis dit à peu près la même chose, sauf que je n’ai pas gardé mon teeshirt, moi.

- Je sais, je sais. Quand mes prises ont été dans la boite, j’ai renfilé mon peignoir et j’ai regardé les photos des autres. Et c’est là que je vous ai vue. Et que je suis tombé amoureux, raide, d’un coup.

- C’est flatteur mais j’ai du mal à vous croire, j’ai aussi regardé les photos et il y a de jeunes élues charmantes.

- Vous avez raison mais le monde est mal fait, je suis amoureux de vous.

- Mais notre rencontre n’aurait aucun sens, vous connaissez déjà mes dessous.

- Vous allez vite en besogne.

- Si je fais de la politique, c’est pour gagner. Et je vois un obstacle majeur.

- Ah ?

- Nous ne sommes pas du même parti.

- Alors, c’est peut être cela la vraie aventure.


Acte 3, scène unique

- Tiens, tu as mis des dessous rouges ?

- Il fallait bien que je te fasse une surprise, tu me connaissais déjà nacre liseré noir.



Effet retard

Tous les jours, vers 10 heures : « Café ? » propose obstinément un collège.
« Non, toujours pas, merci » répond invariablement Orhi, ajoutant in petto « Je n’ai aucune envie de perdre le gout du rouge à lèvres que Jaiona m’a laissé, comme chaque matin, avec son baiser de départ ».

Vol et pages

Marée basse, vent de terre dressant des arcs-en-ciel sur l’écume des rouleaux, ciel incroyablement bleu et sans nuage. Un papillon prend le travers de la plage, à toute allure. Calé contre la dune, Oinatz lit dans la douceur d’octobre.
Lezana sort de l’eau et remonte le sable, sa planche sous le bras. Oinatz lit.
Lezana pose sa résine à coté d’Oinatz, détache son leash « Je ne sais pas pourquoi j’ai pris ma 6.0 », se plante face à l’océan et regarde avec dépit « Mais pourquoi j’ai laissé la 6.8 à la maison ? ». Oinatz lit.
Lezana tire sur la fermeture de sa 5/3 « Et j’ai trop chaud avec cette carapace », dégage ses épaules, ses seins. Oinatz lit.
Lezana quitte sa combi, la pose sur la planche, ébouriffe sa toison et se redresse nue tournant le dos à l’océan. C’est le moment choisi par Oinatz pour lever les yeux et par le vent pour déposer un papillon sur les ronces douces de Lezana.

Beau jeu

Sonnerie téléphone :
- Maika Bai ?
- Agur, c’est Pantxika. Tu as 2 minutes ?

- En fait pas trop, je suis en train de me préparer pour ce soir, pour la demi-finale.

- Toi Maika qui va suivre le rugby ! Tu vas dans quelle peña ?

- Ce n’est pas vraiment une peña, c’est une soirée huitres, champagne, caviar d’Aquitaine.

- Je vois, soirée parisiens, bordelais, ah que j’aime ce sport viril, surtout les joueurs du Stade Français, si craquants avec leur polo rose.

- Voilà c’est ça, des amateurs de rugby comme moi, le grand écran plat dans un salon mais on n'est pas obligé de regarder.

- Alors tenue correcte et pas de maquillage bleu-blanc-rouge sur les joues pour soutenir l’équipe ?

- Tenue de ville quand même, pas tenue de soirée mais je prépare une petite surprise.

- Raconte.

- Et bien je vais me mettre une minuscule mouche bleu-blanc-rouge, juste à la naissance du sein gauche, je suis sure que je vais ferrer un maximum avec ça.

Home made

A Bayonne, on sait travailler le chocolat (ceci est une affirmation depuis 1496)






Gâteau : Plébéien
Photo : Drakar

Pêche à la mouche

Le grain de beauté sur la naissance d'un sein est un appât imparable.

Pré-sens

Olaria ressent l’ombre de la main de Xabi sur ses cheveux avant même que celui-ci n’en esquisse le mouvement.

Regarde-moi

Elle, tu sais, elle n’existe que parce que tu la fais vivre ; elle n’est réelle que dans tes rêves. Mais en vrai, il n’y a rien, pas de sang, pas de règle, pas d’humeur, pas de miel, rien, juste une représentation.


Alors que moi, regarde-moi, je suis une vraie femme. Et je peux le prouver, si, si. Regarde bien mon ventre. Examine ce sur que quoi est faite la mise au point. Tu les vois, oui ? Tu les vois ? Ils sont fins, ils sont doux, un vrai duvet sur lequel il est bon de poser la tête ou la main ou ce que tu veux. Ce n’est pas une preuve ça ? Et oui, je suis une vraie femme sans retouche. Et regarde encore, oui, un peu plus bas, oui, à la limite de mon ventre si doux et de mon jean, tu la vois, tu la devines ? Et oui, les vraies femmes de la vraie vie ont toujours une culotte à enlever. Les autres sont juste des pixels retouchés.



Statue de Kate Moss : bronze peint, 3 m

Photo de Riotgirl


Isis

D'après un fil (ténu) trouvé il y a déjà longtemps chez Oviri : ne pas être persévérant dans sa désespérance.

Le culte est vieux comme Plutarque : Isis porte le membre à ses lèvres et Osiris revint d’entre les morts. Et pourtant, Janbattit est désespéré : Nagore n’est pas une grande prêtresse du culte d’Isis. Elle reste sur le conceptuel, le rite, la répétition d’une liturgie. Certes, Janbattit suit l’office jusqu’au bout et, entre les lèvres de la prêtresse, son propre jaillissement rend hommage à Osiris. Mais il n’en ressent pas intimement le mystère, il reste au seuil de l’infini. Il sait, intuitivement, qu’Osiris a été emporté par une pulsion suffisamment forte pour le ramener à la vie alors que lui, Janbattit, est à chaque fois désespéré de n’en avoir éprouvé qu’une infime étincelle.

Mais Janbattit n’est pas très persévérant dans sa désespérance. Il suffit que Nagore s’adonne au culte d’Isis pour que Janbattit l’assiste de nouveau. Il croit au miracle, à chaque fois. Il essaye d’associer sa voix à la prière de Nagore, modestement, par de simples murmures d’approbation, d’encouragement mais cela a souvent pour effet d’interrompre brutalement la cérémonie « Je t’ai fait mal ? Tu veux qu’on change ? ». Alors Janbattit se désespère silencieusement de voir Nagore se fourvoyer et le laisser si loin d’Osiris.

Jusqu’à ce matin où Nagore a quitté le rite pour se livrer à une interprétation personnelle de la liturgie. Et où le soleil est apparu à l’horizon.

Définition lexicale

Sonnerie téléphone :
- Maika Bai ?
- Agur, c’est Pantxika. Alors, la dernière soirée rugby, ton amant, il était comment ?
- Ne m’en parle pas, une horreur ce mec, un vrai Laporte !
- Un Laporte ?
- Ben tu sais ces mecs qui sont tout le temps dans les préliminaires. J’aime bien un peu, léger, on se met de la pression dans la poitrine et ailleurs, on essaye deux ou trois trucs pour s’échauffer. Mais pas trop longtemps, faut que cela démarre. De l’endurance, de la présence, du souffle, un mec qui fait son travail quoi.
- Et là ?
- Un Laporte, je te dis, ça papote, ça léchouille, ça s’emmêle les lignes en mêlée, ça papote, ça change d’aile, ça essaye à l’arrière, ça reléchouille. Mais on n’a pas toute la nuit, coup de sifflet final, le mari va lever les yeux de la télé, je me rhabille, je rentre chez moi et je n’ai pas pris mon pied.
- Et lui ?
- Pas plus, un Laporte, y doit toujours y être dans ses préliminaires.

One text for Burma

Mieux vaut une femme qui sourit qu'un général qui grince.

Distraction

DRH reçoit stagiaire pour lui remettre les documents de fin de stage et conduire un entretien rapide qu’il pilote presque en mode automatique avec l’habitude.
- DRH : Bien, c’est donc votre dernier jour de stage. D’après les échos de vos collègues, cela c’est bien passé.
- Stagiaire : Oui, très bien, j’ai beaucoup appris et progressé. Mon maître de stage m’a bien fait évoluer.
- DRH : Parfait.
Il ouvre le parapheur,
« Voici les documents signés, tenez, …
Il tourne la page cartonnée du parapheur,
« le chèque du montant prévu dans la convention, tenez, …
Il tourne la page, trouve deux enveloppes en craft qui ne sont pas présentes habituellement lors des sorties de stagiaires,
« Ah oui, c’est ça, vous avez été un peu distraite et vos collègues ont retrouvé, une petite culotte dans le four à micro-ondes de la salle de pause, celle-ci, tenez … et une autre culotte, non un string si j’en crois ce qui est écrit sur l’enveloppe, dans la voiture de service, tenez ... Donc pour résumer votre passage chez nous, oui, votre maitre de stage est satisfait et l’intérêt pour vous est de dépasser, lors de votre prochain stage, les petites distractions pour entrer un peu plus dans le monde professionnel. Alors bon courage et je vous raccompagne »