Quikbide

Le pathétique du sportwear en guise de costume de travail pour tenter de masquer des cornes de démon de midi aux yeux d'une jeune assistante.

Digital

L’Iphone sert à occuper le pouce du grand garçon qui ne peut plus le sucer pour calmer ses angoisses.

Sac

Sonnerie téléphone :
- Maika Bai ?
- Agur, c’est Pantxika. Alors ton intervention à la fac, tu as vu du mignon ?
- Bai, du mignon et du jeune dans les couloirs. Mais je m’interroge.
- … ?
- Pourquoi les garçons avec le jean au milieu des fesses portent toujours des caleçons/sacs informes et non de jolis boxers moulants ?

Au nord

Machine à café du lundi.

« Alors, ces vacances avec Elorri ? »

« Bien, pas trop loin, pas trop de soleil non plus mais ce n’est encore que le printemps. » répond Periko en choisissant court sans sucre.

« Oh, vous avez fait du rafting ou un truc sportif ? »

« Ez, c’était plutôt culturel et vieilles pierres, pourquoi ? » demande Periko en récupérant le gobelet.

« Tu as pourtant le lobe de l’oreille écorché. »

« Ah, ça, ce n’est rien, une ronce en redescendant de la citadelle à Burgos. Je te paie ton café ? »

Burgos. Hôtel plein centre trouvé à une heure tardive avec des cloisons peu épaisses. Elorri n’est pas partageuse et ses dents se referment sur le lobe de l’oreille de Periko pour ne pas extérioriser l’orgasme.

L’égratignure sous le téton gauche de Periko, c’est St Vicente de la Barquera. Une étreinte nocturne derrière l’église romane avec un clair de lune fabuleux, un parapet un peu bancal et Elorri qui se rattache à ce qu’elle peut tandis que Periko burine comme un forcené.

Les trois griffures parallèles sous l’omoplate droite, c’est Covadonga, le besoin de relâcher la pression accumulée après la conduite bien trop sportive et rapide dans les gorges des Pics d’Europe.

« Donc, de bonnes vacances ? »

« Bai, une bonne coupure ».

Verveine

Vernissage. Berbena regarde les tableaux. Ixtebe également. Côte à côte, c’est déjà un début. Même s’il manque, bien sur, quelque chose.
Devant la petite table au fond, des choses pleines de graisses et de sel. Ixtebe se sert à pleines mains. Berbena le regarde. Ixtebe rougit et balbutie « A cette heure là, je mange n’importe quoi ». Berbena sourit. Un sourire, c’est déjà un début. Même s’il manque, bien sur, quelque chose.
Ixtebe essuie le sel et la graisse des cacahuètes sur son jean et propose « Je te sers quelque chose ? » « Ez, il n’y a rien qui me plaise » répond Berbena sans se départir d’un sourire qu’Ixtebe veut voir engageant. « J’ai vraiment faim, il y a du bruit ici, tu connais le resto à coté ? Ce n’est pas vraiment basque mais ça va assez vite » « Bai, allons y ». Un resto, c’est déjà un début. Même s’il manque, bien sur, quelque chose.
« Du vin, de la bière ? » interroge Ixtebe. « L’alcool, c’est ce qui permet de trouver que le monde est parfait et qu’il ne faut pas le changer. Je vais prendre une verveine ». On parlemente, on discute et cela finit par un compromis sur un thé à la menthe. Un compromis, c’est déjà un début. Même s’il manque, bien sur, quelque chose.

Le bourgeon et le baliveau sont comblés et satisfaits sous les toits du quai des corsaires lorsque la cathédrale vient y faire résonner ses trois coups de la nuit. Juste un petit quelque chose. « Cherche mieux » susurre Berbena « je suis sure qu’il te reste un sachet de verveine ».

Son a Felina

Cela pourrait presque coller avec ce qui est dessous. Ou même ce qui est dessus.

Bannière (4) Prévenir

Les pics verts de la bannière viennent de chez Groseil et Fruits


La bannière a été fabriquée avec un morceau de dessin copié quelque part sans noter l'adresse (hou !). Si quelqu'un reconnait (Nadège ?, Jalexis ?) l'autorisation pourra être demandée dans les formes.


Doucement

Jeudi saint d’avril, ciel bleu, 23° dans l’après midi. Bonheur. Nuages qui montent avec le soir et viennent piéger la chaleur. 23 heures, 22°. Bonheur. Sur le balcon terrasse avec vue sur le cloître, Ibabe et Txanton s’immergent dans la première soirée lascive de l’année. Aucune envie de rentrer, aucune envie de se coucher. Juste se baigner dans la douceur de la nuit. Assis cote à cote. Ne pas bouger. Ou juste un doigt dans un mouvement léger. Txanton tourne autour du petit portier d’Ibabe avec la pulpe de son majeur. Ibabe câline du pouce et de l’index le sommet de la hampe de Txanton. Doucement. Un désir conjoint qui monte en harmonie avec le moment. Doucement. Ne pas partir dans une fulgurance. Laisser éclore. A la limite du supplice et du sublime.

Bouton de nacre

Histoire soufflée par Berthoise

Devant la boite, Damattit réfléchit :






" Ez trop gros ; carré octogonal ez tout ce qui est pointu ça ne va pas ; le petit rond ez ; ça c'est pas mal avec les pétales très légèrement découpés qui vont faire des aspérités douces bai ".
Damattit choisit donc la petite fleur en nacre. C'est froid sous la pulpe du doigt, c'est parfait. Damattit attrape une culotte blanche, en coton, toute sage. Il coud le bouton de nacre à l'intérieur, juste à la bonne hauteur, avec un petit nœud rose discret sur la face externe pour masquer le point (fil double).

Sur le plan d'eau, Sustrai tire proprement sur les avirons avec une bascule du bassin parfaite et un dialogue discret entre deux boutons.

Au passage sous la douche à la Nautique, les commentaires des rameuses taquinent les dentelles noires de l'une ou le string minimaliste de l'autre. " Et toi, Sustrai, tu es quand même celle qui a les dessous les plus sages ! "

Avril, -70

1er avril 1939 outre-Bidassoa : Franco a gagné. Les 200 000 républicains fusillés trouvent la blague très mauvaise.
Les guitares jouent des sérénades
Dont les voix se brisent au matin
Non, jamais je n'atteindrai Grenade
Bien que j'en sache le chemin (Ferrat : Federico Garcia Lorca)

70 années plus tard, qui connait encore Franco ? Par contre, on lit toujours Lorca

Aquella noche corrí Cette nuit me vit galoper
el mejor de los caminos, De ma plus belle chevauchée
montado en potra de nácar Sur une pouliche nacrée
sin bridas y sin estribos. Sans bride et sans étriers (Lorca : la femme adultère)

Arrain

Le nez dans le soleil levant qui entre rose-orangé par les baies vitrées en dessous de Caradoc, Nerea s’étonne : « Mais pourquoi tu sors ? » tandis que, derrière elle, le poisson de Pette ne laisse que son absence au creux de la nasse où elle l’enserrait.

Pette tarde un peu à répondre. Nerea le sent se répandre sur son dos et murmurer dans un souffle « Ne bouge pas ». Les doigts de Pette dessinent avec la nacre déposée.

« 1er avril, un poisson ! »