Momotxorrak

Sorgina(*) guette dans l’obscurité le son de la corne du chef des momotxorrak. Sorgina est sure qu’ils vont descendre sur le village. C’est leur nuit, noire comme leurs desseins et Sorgina se sent particulièrement prête.
Sorgina, comme toutes les servantes de Mari, n’aime pas le mensonge. Aussi, dès que la corne résonne, accompagnée des cris stridents des hommes-vaches, elle ouvre grande sa porte. Les hurlements des villageois mal réveillés, des villageoises en panique ne l’impressionnent guère, elle attend ; pas très longtemps d’ailleurs ; trois momotxorrak passent son seuil en grognant, cornus, rouge sang. Sorgina écarte sa robe et les pétrifie, net. Elle s’approche d’eux « Alors momotxorrak, vous aimez le sang ? ». Elle les pousse tour à tour du doigt ; ils s’affalent sur le dos « Mon sang va, mon sang vient, je suis prête à partager ». Elle enjambe le premier « Tu aimes le sang, momotxorro, prouve le moi » dit-elle en lui plaçant son buisson menstrué devant les lèvres. « Rien, momotxorro ? vraiment rien ? » s’impatiente-t-elle « Tu es donc un menteur » dit-elle en se relevant. Elle lance « karakoil(**) » tandis que l’homme étendu hurle de douleur. Elle s’égoutte écarlate sur le visage du second « Et toi, momotxorro, rien non plus ? tu dis aimer et tu n’aimes pas ? tu es donc aussi un menteur ? karakoil ! » Et l’homme-vache crie à son tour.

Portant les deux autres, le dernier momotxorro quitte la maison de Sorgina, nu et couvert de sang de la tête aux pieds. Sorgina referme sa robe.

(*) la sorcière
(**) escargot

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Et qu'est-il arrivé aux karakoil ?
Ont-ils regagné une coquille ?

Anonyme a dit…

Dommage pour eux d'avoir débarqué avec les Anglais...

Prax a dit…

sorgina : oui, une coquille de noix

martin : ah c'est donc ça les uniformes rouges !

Anonyme a dit…

sans gland

Prax a dit…

comme l'étendard sans gland et levé ?