La mythologie basque date d'avant l'Histoire mais cela n'interdit pas d'en raconter
La pluie incessante qui baigne les montagnes et les vallées d’ipparalde en hiver enchante lamina. Elle passe des heures, nue sous la pluie, à coiffer avec son peigne en or ses longs cheveux blonds en écoutant les sources déborder. Et lorsque la puissance de l’eau se conjugue à la montée de la lune vers son plein, lamina est envahie d’un besoin irrépressible de conjonction. Mais la pluie éloigne des sources préférées de lamina bergers, chasseurs et autres pêcheurs. Aussi remonte-t-elle inlassablement les cours d’eau à la grande vitesse de ses pieds palmés. Elle finit par rencontrer un vieux charbonnier ramassant du bois mort malgré les trombes d’eau. Il est tout entier dans sa tâche et peu ému par la blonde nudité de la lamina.
Elle s’en offusque : « Et bien euskaldun ! Tu n’as pas la politesse de te tendre pour moi ? »
« J’ai deux bonnes raisons, lamina, deux bonnes, vraiment »
« Nomme la première raison euskaldun ! »
« Le bois ! Sans lui, sous cette pluie, j’ai froid et je meurs »
Lamina claque des doigts et tout ce que la forêt compte de bois mort se retrouve empilé à l’arrière de la cabane du vieux charbonnier en un tas énorme.
« Allons chez toi et tu me nommeras la deuxième raison euskaldun ».
Le vieux charbonnier entre dans sa cabane, suivi de lamina. Il jette de grandes brassées de bois dans l’âtre, place ses vêtements dégoulinants devant les flammes. Il reste un long moment devant le feu avant de retourner son corps sec vers la lamina en déclarant : « La seconde raison, lamina, est que je ne me tends plus, ni pour toi, ni pour personne ».
Lamina retire le peigne en or de ses cheveux, s’approche du charbonnier et commence à peigner le taillis blanc entre les jambes de ce dernier, lentement, patiemment. Le buisson quitte le blanc, se grisaille, puis s’assombrit franchement, s’assouplit et laisse se dresser en son milieu un baliveau bien proportionné que lamina se plait à utiliser à sa guise.
Au matin, le vieux charbonnier se réveille près de son feu bien entretenu, un peu rompu et un peu déçu de constater que son buisson a retrouvé la couleur neige de ses cheveux.
4 commentaires:
Un peigne en or, ça a quand même plus de classe qu'une pilule bleue.
oviri: est-ce que la pile de bois était toujours dans la cabane le lendemain?
C'est chouette la Mythologie basque. C'est aussi chaud , mais détaillé que la Grecque.
Oviri : oui, le petit vieux avait bien fait l'affaire donc le bois était toujours là. (Les laminak sont des êtres magiques bienveillants mais il ne faut pas les embêter quand même)
Martin : chaud devant les feux de bois pour se préserver de la pluie.
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