Basurde

Insufflée par la sorcière et soufflée par le plébéien

Il a plu. Tout est boueux, détrempé. Basurde(*) dans sa bauge se tourne et se roule en grognant de bonheur.
Il a plu. Tout est boueux, détrempé. Katixa, euskadun brune aux yeux verts qui revient par le chemin de la forêt à mi-pente, glisse, roule et s’étale à 4 foulées de basurde.
La fraction de seconde entre la chute et la charge furieuse, rageuse, sauvage de basurde est mise à profit par Katixa pour lancer « hemen laztanak dohainik ». Basurde suspend son intention de mouvement. La musique de la voix réveille de vieux souvenirs. Ses quatre pattes dans la boue, il attend. Il ne comprend pas ces sons ou il ne les comprend plus mais il ressent que quelque chose doit se passer. Katixa hésite, respire et s’avance lentement ; elle entre dans la boue de la bauge ; ses pieds collent ; elle s’approche de basurde qui tourne lentement ses défenses vers elle ; Katixa écarte ses bras et les referme doucement autour du corps boueux et puissant de basurde ; elle s’enfonce dans la toison épaisse et sale ; Katixa sent battre le cœur de basurde ; basurde sent battre le cœur de Katixa. Puis elle se détache, lentement. Basurde la regarde partir.

Basurde couvre sa laie le soir même. Les marcassins de la portée ont tous les yeux verts.

(*) sanglier

6 commentaires:

Prax a dit…

" hemen laztanak dohainik" qui littéralement signifie "ici les câlins sont gratuits" dixit l'illustre gueux qui se la pète.

Prax a dit…

Comme quoi les basques ont tout inventé même les free hugs.

Anonyme a dit…

Moralité : Les sangliers sont tous des cochons : il y a toujours qui sommeille en eux et les femmes aiment bien porter des ba surdes.
Ol na fera comme ça hein ! A+

Anonyme a dit…

Erratum : Lire : il y a toujours un homme qui sommeille en eux...

Anonyme a dit…

joli ! et bravo, presque un conte de fée ! j'ai adoré et je regarderai de plus près les yeux des sangliers que je croiserai :-)
cat

Anonyme a dit…

"Hemen laztanak dohainik"
Non mais le gueux a le droit de se la péter !!!
Sont forts ces basques...
D'ailleurs, les femmes en arrivent à aimer leurs cochons !