Double

23 heures. La rue Thiers est enfin vide et le grand magasin du centre ville silencieux. Mi commence à masser l’épaule de Fa.
« Oh là oui, ça va me faire du bien. Elle est folle la nouvelle communicante à nous faire prendre des poses insensées ».
« Oui, elle est spéciale mais, au moins, elle nous a mis ensemble » répond Mi en insistant un peu sur les omoplates de Fa « Avant, c’était homme d’un coté, femme de l’autre, à l’ancienne ».
« Là, c’est parfait, ça me détend, oh tu exagères … » murmure-t-elle comme Mi lui arrache délicatement le bras du torse.
« A peine » sourit Mi en détachant brutalement son propre bras « ça va nous faire du bien à tous les deux » ajoute-t-il en plaçant avec adresse l’embout mâle de son épaule dans l’embout femelle de Fa.
Les mouvements du torse cette dernière trahissent vite qu’elle n’a rien contre après une journée de travail.
« On s’entend bien tous les deux » minaude-t-elle sans cesser d’onduler.
« Oui, bien ajustés » complète Mi en maintenant le rythme.
« Je me sens en confiance avec toi, prête à aller plus loin ».
« Oui … ? » interroge Mi.
« Je crois que j’aimerais bien qu’on essaye, toi et moi » continue-t-elle en lui arrachant la jambe d’un coup sec.
« Et moi qui n’osais pas te le proposer » dit-il en même temps qu’il fait rouler la jambe de Fa sur le sol et s’ajuste parfaitement.
Leurs ondulations sont rapidement plus urgentes sans rien perdre en amplitude.
« Je savais qu’avec toi, ça allait marcher le double plaisir ».
« Ca marche avec nous deux, allez, on y va, on y va ».
Les conjonctions épaules et hanches sont parfaites, les ondulations impeccables.
« Oh oui ! » explose Fa.
« Moi aussi, c’est le pied ! » irradie Mi.

Avant l’ouverture des portes, la jeune stagiaire ne parvient pas à s’expliquer pourquoi les pieds de deux mannequins qu’elle a disposés en vitrine se trouvent au milieu de l’allée centrale.

11 commentaires:

Prax a dit…

A ceux qui diront que Mi et Fa ne sont pas des prénoms basques, je répondrai que la rue Thiers se trouve à Bayonne.

Prax a dit…

épaule contre épaule, c'est le missionnaire des mannequins.

Anonyme a dit…

Fan.

Je suis fan de tes crudités.

Prax a dit…

Milesker Sorgina

lataupe a dit…

Habitant désabusé d'une ville d'Oc., habitant d'une transparence urbaine, en nostalgie profonde des campagnes (de France, de Corse, De Navarre...). Vos chroniques me font grand bien, et grand air. Restez tels qu'en vous-mêmes. Ne vous dissolvez pas dans la foule. lataupe http://silvere.unblog.fr/

Anonyme a dit…

les pieds de mi et de fa sur le sol...
prax au risque de confier un truc perso, te lire c'est comme boire du patxaran (et le fait que je n'ai jamais bu de ma vie de patxaran ne discrédite en rien ce que je viens de dire)

Prax a dit…

lataupe : ce que tu dis résonne en ce moment car je m'interroge (si, si) sur ce qui est culturel et ce qui est identitaire (et j'ai du mal à balancer)

la grande bijou : jamais bu de patxaran ? donc je te situe beaucoup mieux géographiquement : 97 % du territoire français.

Anonyme a dit…

On s'étonne après que les vendeuses soient de mauvais poils ...
cat

Prax a dit…

cat : halte aux conditions de travail inhumaines.

Anonyme a dit…

Tout est dans la chute... j'aime beaucoup!

Prax a dit…

milesker