Pause copie

Petite absence pour accompagner un grand départ.

Avec comme musique d’attente, une fois n'est pas coutume, les mots d'un autre,
les mots d’un grand monsieur qui n’ont, pour l’instant, été braillés par personne.

Ouvre tes bras ouvre ton âme
Que j'en savoure en toi le goût
Mon amour frais mon amour femme
Le bonheur d'être et le temps doux

Pour me guérir de mon enfance

Jeu d'été

Version cruditeetfleurbleue d’un petit jeu chez bob2bob

En montagne, quand il revient de la boulangerie, le chasseur Matxin pleure de rage à chaque fois que Domikutza le harcèle en lui tendant sa baguette : « Tiens, impuissant qui préfère tirer les palombes que les honnêtes travailleuses »

Minéralogie

L’autoroute est calme. Dultzia enclenche le régulateur un tout petit peu au-dessus de la vitesse autorisée. Elle conduit calmement de la main gauche. Dans sa main droite, Petrox est ferme, solide, rassurant. Dultzia jette un coup d’œil dans le rétroviseur, un regard sur la plaque d’immatriculation du camping-car qu’elle s’apprête à doubler, « Loiret » déclare-t-elle en imprimant à Petrox le premier des 45 allers retours prévus par la règle.
L’autoroute continue. Dordogne et Eure font frémir doucement Petrox. Marne et Oise, à la suite, le mènent presque trop loin. Heureusement, une portion d’autoroute bien dégagée lui permet de se retrouver. La Côte d’Or le relance mais les Alpes maritimes l’indiffèrent.
Petrox pense terminer sans encombre le trajet en apercevant le panneau annonçant la sortie dans deux kilomètres. C’est sans compter sur les Hauts de Seine qui le font se répandre sur le pare-brise avant la barrière de péage.
« Gagné » annonce fièrement Dultzia.
« Je conduis au retour » répond Petrox un rien revanchard.

Bouton de rose

Plutôt que de rire de quadragénaires croyant qu’en s’agitant/dansant avec une coupe de champagne, elles vont attirer l’attention de jeunes musiciens exotiques et retarder ainsi leur ménopause, Xabi préfère expliquer à un acadien du Nouveau Brunswick que seules les filles ont un bouton de rose (et pas les garçons, non, non, revois ta chanson)

Prunel

Patxi sert à Jabiera du patxaran maison pour la première fois.
« Si une prunelle tombe dans ton verre, tu peux la sucer mais pas la croquer » précise-t-il.
« Bien évidemment » susurre Jabiera.

Bicyclette

Dédicace à Lilas et à son nombril

22 heures, 33° celsius, pas un souffle de vent. L’océan est étale et accueille Loredi et Axulan nus dans de minuscules rouleaux. Des minutes de plaisir complet. L’air lourd les reprend dès qu’ils sortent de l’eau, main dans la main.
« Il fait tellement chaud qu’on va se sécher comme ça, rien qu’en marchant » assure Axulan en fourrant les habits dans le petit sac à dos. Ils remontent alors la dune au milieu des œillets vers les arbustes de la frange où ils ont laissés leurs vélos. Loredi saute la première en selle et part nue en riant vers la sente sous les pins. Le temps pour Axulan d’ajuster les bretelles du sac et il n’aperçoit déjà plus que les épaules claires de Loredi dans la pénombre du sous-bois. La trace n’est pas très large, les roues bousculent les fougères à l’odeur sucrée. Loredi pédale vite. La vitesse et l’air chaud finissent de sécher sa peau. Axulan la rejoint. Il observe les mollets, les cuisses, les fesses de Loredi, belle dans son effort régulier. Elle sait qu’il la regarde. Ils rejoignent une piste un peu plus large, roulent de front, ralentissent naturellement pour profiter de la douceur de la nuit qui tombe.
« On rallonge un peu ? Par le chêne liège ? » propose-t-elle à la bifurcation. Ils roulent.
Ils devinent la venue du nuage. Les premières grosses gouttes isolées qui éclatent sur leurs peaux chaudes les font frissonner. Loredi se redresse, offre sa poitrine à la pluie et sent ses tétons pointer. Les mollets d’Axulan manquent d’accélérer tous seuls sous le coup de fouet mouillé mais Loredi ne change rien. Elle les emmène tous les deux à l’allure idéale.

Vert/blanc (contribution)

Igon, ingénieur informaticien, a une vie sexuelle régulière- si, si -. Jaiona est une vraie femme, même pas rencontrée sur internet, qui fait de la finance à Paris la semaine et des galipettes avec Igon le weekend. Avant, Igon portait exclusivement des slips kangourou en coton blanc, hyper confortables, mec, quand tu restes des journées entières sur ta chaise à pisser du code. Pas hyper sexy certes. Même hyper hilarants pour Jaiona la première fois qu’elle en a vu un sur Igon. Cela a été son premier cadeau : un boxer vert bien moulant « pour-ton-joli-petit-cul-bien-ferme ». Et depuis, Jaiona a pris en main cette partie de la garde-robe d’Igon qui apprécie grandement. C’est comme une base de données bien rangée : le weekend : vert sexué, la semaine : blanc asexué. Facile.

Mais là, Igon est dubitatif le dimanche soir devant sa valise. Il part une semaine chez un client à Deauville et Jaiona le rejoint vendredi en fin d’après midi pas trop tard. Alors vendredi est-ce blanc ou vert ? Peut-il travailler avec le client en boxer vert « pour-ton-joli-petit-cul-bien-ferme » ? Peut-il se présenter devant Jaiona avec un slip kangourou blanc ? Emporter 5 blancs et 3 verts et se décider au dernier moment vendredi matin ? (« je ne vais pas dormir la nuit de jeudi »). Mettre le blanc, garder le vert en réserve et faire l’échange avant de partir de chez le client (« C’est quoi ce truc vert qui dépasse de votre poche ? »). Mettre le blanc et le vert par-dessus ? (« Jolie la couche »).

Igon allait se résoudre à lancer une recherche sur Google lorsque la solution lui apparait : vendredi, il ne mettra rien.

Réveil (V2)

France Musique fait irruption dans le sommeil paradoxal de Xisto et celui, profond, d'Iturrieta. Un bisou bonjour mou, les yeux encore fermés. Attraper de quoi se couvrir un peu, retrouver un début d’ordre rationnel devant le thé et le café. Iturrieta picore sa tartine en mode automate. Xisto chaloupe vers la salle de bains et, dans un geste d’hygiène intime machinal, décalotte avant d’actionner le robinet de la douche.

Le subtil mélange des fragrances d’une nuit d’amour partagée qui envahit la cabine réveille instantanément Xisto.

Sirop (précédée de La gelée - jeu de rôles)

La gelée – quête demandant un bon niveau de points de vie.

Cueillir 8 kilos de groseilles en évitant la pluie – niveau 1, facile mais demande du temps.
Egrapper les groseilles sans éclater les baies – niveau 2, facile, astuce : passer le niveau avec d’autres joueurs autour d’une table de taverne.
Dans la grande bassine en cuivre, faire éclater les fruits à feu vif en faisant fi des éclaboussures partant indifféremment bruler la peau nue ou tâcher durablement les teeshirts – niveau 3, premier niveau vraiment baston, astuce : éviter les teeshirts de marque.
Egoutter le jus, sans presser pour éviter d’obtenir une gelée trouble – niveau 4, assez facile, possibilité de gagner 4 kilos de jus.
Amener 4 kilos de sucre et 4 verres d’eau à dépasser le nappé, le lissé, le perlé pour s’arrêter finement au boulé (petit boulé) sans tomber dans le cassé – niveau 5, second niveau baston, astuce : laisser un magicien conduire le combat. En effet, tremper ses doigts dans le sirop brulant pour déterminer la consistance de la goutte entraine inévitablement des cris rageurs de la part d’un nain ou d’un barbare et des hurlements de douleur de la part d’un elfe.
Mélanger jus et sirop dans la bassine en cuivre, cuire 10 minutes en remuant avec la cuillère en bois – niveau 6, baston assez proche du niveau 3, astuce : garder le même teeshirt.
Remplir de gelée brulante 14 pots propres, niveau 7, s’agissant du combat final les cris et hurlements sont tolérés.


Les aventuriers se reposent après la quête. Entre son pouce et son index, Goizane examine le sirop d'Eneko qu’elle vient de faire jaillir entre ses collines.
« Tu nous as fait du perlé ».

La ligne bleue

Le premier réveil de Mantxot est toujours auditif : il guette le bruit d’un rouleau un peu plus fort, là-bas, une force brute qui frappe le sable et dont la vibration sourde et lourde se répercute jusqu’au bois du lit. Là, aucun rouleau n’accompagne son réveil. « L’océan est calme ce matin ». Par contre, un cri affirmatif « tsivitt » puis deux autres « tsivitt, tsivitt », des cris d’oiseaux que Mantxot n’arrive pas à confondre avec les habituelles trilles des merles de la haie, sèment le doute dans son esprit mal réveillé. Il ouvre un œil, sort du lit, pousse les rideaux et redécouvre la prairie verte striée par le vol noir des hirondelles filant pour approvisionner leurs petites dans un trou du mur sous la fenêtre « tsivitt ».

L’océan est à près de 1 000 kilomètres, le paillasson difficilement entretenu à coup d’arrosage vespéral a cédé la place à une herbe grasse sur laquelle il est doux de marcher pieds nus, les hirondelles font leurs petits, les fraisiers, les cassissiers, les groseilliers lancent leurs appels dès le matin afin que l’on vienne les décharger de leurs fruits. L’été est beau, riche, pas grillé.

Rien n’est pareil.

Rien, sauf la bascule du bassin de Goizane qui emmène Mantxot toujours plus loin qu’il ne le souhaite.