Rendre gorge

« Il faut que tu rencontres amatxi Grazia. C’est un peu plus loin que Baigori, alors on dormira sur place le samedi soir mais je te préviens, on aura 2 chambres séparées. Elle ne plaisante pas amatxi Grazia avec le mariage. Et tu ne lui parles pas politique » avertit Maialen en présentant le programme du weekend.

Lontxo assure bien en tant que futur entrant dans la famille. Il a pensé au petit bouquet de mimosas pour amatxi Grazia, il est drôle sans excès, il mange tout sans discuter et il arrive même à ne pas faire grincer les lames de parquet en rejoignant la chambre de Maialen.

Matin. La langue de Lontxo ouvre, encore une fois, la porte de l’infini. Maialen se rendort presque en même temps qu’elle jouit. Lontxo attend un peu puis se lève sans bruit.

Dans la cuisine, amatxi Grazia lit le supplément télé de Sud Ouest dimanche. En posant un musu sur la joue d’amatxi, Lontxo se rappelle, trop tard, qu’il est encore tout parfumé du miel de Maialen. Un regard.
« Prends toi un bol, je t’apporte le café ». Lontxo obtempère même s’il est plutôt thé le matin. Amatxi le sert jusqu’à raz bord. « Allez, je vais préparer des langues de porc pour Maialen. Elle aime bien quand je lui cuisine avec la sauce gribiche » Amatxi sort un paquet du frigo et en étale le contenu sur une planche à découper pas très loin du bol de Lontxo. « Oh » souffle-t-elle avec un rien de colère « Ce boucher ! Je lui demande des langues et il va me les chercher jusque dans l’estomac. Je ne vais pas lui faire de compliment demain, il y a autant de gorge que de langue. Et bien, les chiens vont se régaler. »
« On peut faire un pâté avec toute cette arrière gorge » s’entend répondre Lontxo avant de réaliser qu’il est en train de donner des conseils à amatxi Grazia dans sa propre cuisine. Un regard. Silence.
« Tu sais faire ça toi, le gars de la côte ? »
Lontxo n’a plus vraiment le choix. Il découpe, hache, oignon, sel, quatre épices. Amatxi revient du jardin avec du laurier. La terrine est dans le four au bain marie.
« Ça fait longtemps que je n’avais pas utilisé cette terrine » constate amatxi « Tu reveux du café ou tu veux aller te débarbouiller avant ? »
Lontxo hésite un instant. « Parce que tu as vraiment besoin d’aller te laver le museau » complète amatxi avec un sourire et des yeux rétrécis.
Lontxo rend sourire et regard : « Je vais reprendre du café avant ».

amatxi : grand-mère

3 commentaires:

Prax a dit…

Les odeurs ... de cuisine, ça rapproche.

Sorgina a dit…

Complicité d'une vieille amatxi avec la nouvelle génération à la langue épicée.

Prax a dit…

Sorgina : miel, épices, langue de porc et une pointe de piment d'Espelette, la gastronomie se met en marche.