La fièvre du voyage

Ce matin quand je suis partie, le petit aitatxi de l’autre coté de la route faisait bruler des feuilles mortes. Elles n’avaient aucun plaisir à bruler et fumaient en attendant la pluie. Le petit aitatxi n’était pas plus pressé que d’habitude et, la cigarette aux lèvres, il m’a saluée lorsque je suis sortie avec mon sac vers la gare.

C’est pour toi, Damattit, que j’ai chargé mon sac des petites choses de chez nous et que je me suis ennuyée durant 5 heures dans ce train. Ton hôtel près du Luxembourg est très classe, ta boite ne se moque pas de toi pour ce déplacement longue durée. J’aurais préféré qu’elle soit garnie la chambre, garnie de toi et qu’on évacue tout de suite ce désir bloqué depuis une semaine. Mais, travail, travail, travail, les galipettes, c’est en soirée. « Profite des derniers jours des soldes, Otxenda ». Bai. La fin des soldes à Paris c’est aussi triste que les ventas au col d’Ibardin après le 31 août. J’ai quand même trouvé un petit truc plein de dentelles, terriblement cher et pas du tout soldé. J’ai fait un tour au Luxembourg aussi. C’est joli. Très civilisé mais joli. Beaucoup plus petit que la forêt d’Iraty cependant.

Il est tard. Et te voilà. Enfin, il semble qu’une partie de toi vient de rentrer. La fièvre qui te dévore n’est pas de la même nature que la mienne et dans tes yeux la flamme est pour le moins vacillante. Ne me dis pas que tu es … malade ! Ne me dis pas, Damattit, que tu m’as susurré des coquineries au téléphone durant toute la semaine pour ce soir être … malade ! Ne me dis pas que ce que ma main va cueillir au bas de ton ventre, c’est tout ce que tu es en mesure d’offrir à une basquaise en pleine santé !

Tu es sous les couvertures dans les bras accueillants de ta fièvre. Tu penses que je vais te veiller comme une bonne amatxi. Erreur ! Le feu, ça se soigne par la glace. Sens ! Je viens de me passer sous l’eau glacée, je suis un bloc de froid, mes tétons pointent comme des clous de givre et je te crucifie. Tiens ? ma cuisse toute entière sur ton entrejambe te fait frémir ? Bien. Je retourne sous la douche, je me glace, je reviens, je me colle. Tiens ? tu changes de registre de fièvre ? Egun on Damattit.

Je ne regarde pas l’heure. Il est un peu plus tard. Je t’entends juste fouiller dans le mini bar de la chambre à la recherche de la chiffonnade de jambon et de l’ardi gasna que je t’ai montés. Je me dis que tout va bien.

7 commentaires:

Prax a dit…

Toutes les fièvres ne se valent pas.

Aurélie a dit…

C'est intéressant de voir que tu écris aussi très bien et décris finement ces sensations, en narrant au "féminin".
Bravo!

Prax a dit…

aurélie : je ne ferai pas l'exercice trop souvent quand même, j'ai une fierté mâle placée.

Nadège a dit…

Excellent tout ça !!!

Prax a dit…

nadège : la chiffonade de jambon est toujours excellente.

mae a dit…

merci prax...

je te rassure, pas de maladie à l'hôtel du Luxembourg... mais bien une fièvre partagée, avec tout ce qu'il y a de plus chaud et savoureux à offrir à une basque en pleine santé... Sans chaud-froid...

Au point de n'avoir qu'une envie après: oublier l'ardi gasna et la chiffonade... pour en vrais gourmands, recommencer!!

:)

Prax a dit…

mae : ouf