Gaspard, Melchior et Balthazar

Pour les vacances de fin d’année, la ferme au dessus de Bardos est assez grande pour accueillir, oncles, tantes, cousins, cousines, le tout marié, accompagné et chargé d’enfants petits et moins petits. Repas –copieux-, messe –religieux-, repas -copieux-, cadeaux -nombreux-, mus –parties longues pour ceux qui ne jouent pas-, repas -copieux-.
Damattit, trop jeune pour supporter de jouer au mus longtemps et trop vieux pour les dessins animés en boucle, occupe son après-midi à faire brûler les papiers des cadeaux de Noël dans la grande cheminée, pas trop vite, un par un. Il vide aussi les cendres, refait le feu, passe du temps à équilibrer les buches et les flammes. La seule chose de bien dans ces réunions de famille c’est la cheminée et le feu. Là, en fin d’après midi, Damattit sent franchement la fumée et son visage est mâchuré de cendres.

Dans la grande ferme au dessus de Bardos, pour les chambres, il y a ce qu’il faut. Pour la cuisine et les repas, ça tient facile. Par contre, la mise à disposition d’une multitude de salles de bains n’a jamais été une priorité pour les constructeurs il y a deux siècles. Et espérer trouver une douche non occupée par une tante ou une cousine relève du vœu pieux même à proximité de Noël.
La grange, un peu plus loin, a été aménagée en gîte. Comme pour toutes les vacances, c’est loué et il y a du monde vu le nombre de voitures garées devant. Derrière le gîte, il y a un coin spécial pour les groupes en été. C’est sommaire mais il y a des douches. Et personne pour les vacances d’hiver.

Shampoing, savon, des pieds à la tête, c’est un Damattit tout propre qui sort d’une des douches et s’apprête à s’essuyer lorsque la porte s’ouvre. Trois filles du même jeune âge que lui, trois filles de nulle part, du gîte, surprises mais vite rieuses et moqueuses parce qu’elles sont trois et Damattit tout seul.
« Oh ! Mais c’est le cadeau que j’ai demandé pour Noël ! » Damattit masque ce qu’il peut.
« Ah bon ? J’ai fait la même lettre que toi alors ! » Damattit cherche vainement à faire un tour complet avec sa serviette.
« Moi je pensais que les basques étaient un peu plus membrés ! »
« Tu as besoin de lunettes, regarde, c’est pas mal quand même » Damattit est visiblement de plus en plus troublé.
« Ah oui, tu as raison, cela commence à ressembler à quelque chose ».
Peut être parce qu’elles portent, qui un flacon de gel douche, qui un shampoing, qui un baume démêlant, mais l’expression « l’adoration des mages » traverse l’esprit de Dammattit lorsqu’il écarte largement ses mains et se redresse fièrement sous les regards, attendant les cris effarouchés.

7 commentaires:

Prax a dit…

C'est un peu en avance et les mages étaient plutôt des garçons.
Mais c'est euskal herria.

Aurélie a dit…

« Moi je pensais que les basques étaient un peu plus membrés ! »
... Euh... Rien!

Prax a dit…

aurélie : il faut glisser un peu de (fausse) modestie pour que cela ait l'air crédible.

Berthoise a dit…

Et tout ce beau monde admire le p'tit jésus.

Prax a dit…

berthoise : admire et adore !

mae a dit…

des cris effarouchés avant d'enfourchées crier???

Prax a dit…

mae : ça, c'est une autre histoire