Corbeau, castor, lapin, devant, derrière

Sur un défi de Mère Castor (qui n'a pas peur) avec une liste de mots impossibles et un bricolage devant être double figure, double-face, double ce que tu veux.

Txabi dépose son désir au profond de Marixa.
Marixa mêle ce désir au sien propre et expulse le tout sur le seuil de la maison.
Le gel de la nuit sculpte le désir en un cristal ivoire que le corbeau blanc prend dans ses serres à minuit.

Un corbeau blanc ?
Évidemment qu’il est blanc le corbeau sinon ce n’est pas une histoire !

Le corbeau blanc, donc, trace son cercle au dessus de la campagne gelée. Il cherche le souffle du vent du sud qui fait fondre le givre et laisse dans son sillage les pâturages verts et gras. Le corbeau blanc, il le trouve ce vent chaud dans la trouée du bosquet qui prolonge l’échancrure du col. Il refait un tour pour bien choisir l’endroit idéal, descend lentement et dépose avec précaution la gemme qu’il tient dans ses serres.

Wouh, il faut plusieurs ingrédients et plusieurs intervenants pour cette potion de sorgin !
Et ce n’est pas fini.


À minuit, Marixa se dirige vers les cages de ses lapins. Elle libère le gros mâle fauve qui s’élance dans la cour en cercles fous puis s’arrête, hume le vent du sud et part à travers champs, ventre à terre. Le lapin fauve trouve toujours l’endroit où le corbeau blanc a déposé la gemme de désir.

Toujours ?
Bai, il trouve toujours l’endroit.

Le désir glacé a fondu dans le vent du sud et s’est mêlé à la terre rouge. Le lapin s’y roule, s’en couvre et refait son voyage à l’envers vers ses maitres, jusqu’au creux d’une boite en carton rempli de linge blanc que Marixa dépose sur le seuil. Le lapin s’y blottit et s’endort. Juste un peu plus tard, Marixa récupère le linge dans la boite, l’applique sur son buisson puis sur le baliveau de Txabi. Et le bouton de Marixa se met à grandir. Et le baliveau de Txabi devient bourgeon. Et le vide devient plein et le plein devient creux. Et Marixa donne et Txabi reçoit. Tout s’inverse mais tout est évidence. Et ce qu’il reste de nuit suffit juste pour apaiser le nouveau désir.

Et il y a une contre potion, quelque chose qui remet tout comme avant ?
Tu crois que Marixa et Txabi ont envie de changer ? Peut être. Alors il faut juste de l’eau. Et le soleil du matin.
Et le chant du coq aussi ?
Ez, le coq rouge c’est une autre histoire.

8 commentaires:

Prax a dit…

Le plus dur est de noyer tous les mots imposés dans une potion basque.

la Mère Castor a dit…

Dur, peut être, mais réussi haut la main, de l'authentique Prax. Chapeau. Pourrai-je l'emprunter pour le 31 janvier ?
Et merci encore.

Berthoise a dit…

Bon, il va falloir que je m'y mette sérieusement sinon j'aurai honte de ma maigre production.
Tu crois qu'on peut échanger les rôles comme ça...avec autant d'évidence.
En tout cas, l'histoire est bien jolie. Le gemme de désir est une belle trouvaille.

Prax a dit…

Mère castor : je ne sais pas si c'est dans la ligne éditoriale d ton blog sage. Je ne me vexerai pas si cela reste entre nous.

Berthoise : dans les histoires, tout est assez évident.

Aurélie a dit…

La faune & la flore basques ont l'air riche...

Prax a dit…

aurélie : ça, c'est une réalité.

madame de K a dit…

ben il s'en est passé des choses cette nuit ! jolie histoire poétique !

Prax a dit…

mme de k : après, tout le monde se lève avec les yeux noirs.