Cerisier

En rebond, très lointain, d'une phrase que Coumarine n'a même pas vraiment écrite :
Un arbre, ce n'est pas fait pour être figé par une image vide d'une histoire qui ne s'est jamais dite (en fait "arbre" et "histoire jamais dite" doivent vraiment être de l'auteur précité)

Première vraie flambée de la saison. Ce n’est pas vraiment nécessaire, il fait encore bon, mais c’est agréable et cela ouvre bien le weekend.
« Ce sont des buches de fruitier, elles viennent d’où ? » interroge Usoa
« Du vieux cerisier au fond du terrain de Baigori, tu sais, on l’a coupé il y a deux ans »
« Bai, il avait quel âge cet arbre ? »
« Je ne sais pas, une bonne cinquantaine d’années » tente Ramuntxo
« Cela veut dire que le feu nous raconte une histoire vieille d’un demi siècle ? »
« Si tu veux. Peut être pas la grande histoire ; juste ce qui c’est passé dans les 10m² autour du tronc »

« Itz su » murmure Usoa
« Qu’est ce que tu dis ? Je ne comprends pas ton euskara »
« Ce n’est pas pour des oreilles humaines de toute façon. Regarde le feu »
Des images se forment dans les flammes, visions irisées de jaune et de bleu
« Mais comment tu fais tes trucs de sorgin … ? » grogne Ramuntxo interloqué
« Il n’y a pas de truc, c’est simplement le feu qui raconte l’histoire du bois, regardons c’est tout »
« Mais, c’est quoi … c’est … mais je me reconnais … » sourit Ramuntxo
« Bai, moi aussi je la reconnais, tu la secoues après avoir pissé sur le tronc du cerisier »
« Il n’y a pas que moi, regarde, celle-ci c’est à qui ? »
« Je ne sais pas, je n’ai pas été sous la douche avec les membres de ta famille mais visiblement c’était une institution pour les mâles d’aller pisser au fond du jardin. Regarde-moi cette collection ! »
Et cela défile. Le cerisier se les rappelle toutes, les petites, les toutes petites, les banales et les très grandes, classées par ordre chronologique, de la plus récente à la plus ancienne.
« Ça c’est l’oncle Xan, il était réputé dans la famille pour en avoir une très grosse. Oh là, on remonte dans le temps, regarde les boutons de manchettes. Et là, mais, …, »
Là, ce n’est visiblement plus une miction et la main qui s’occupe de la hampe est indiscutablement féminine. Elle s’en occupe très bien d’ailleurs car un jet majestueux crie sa victoire. Et les images disparaissent des flammes.
« C’était la dernière, donc c’est la plus vieille histoire »
« C’est l’histoire de ceux qui ont planté l’arbre alors »
« Bai, aitaxi avait de la sève et amatxi était une bonne horticultrice ».

Carnet bayonnais octobre

Voici une note de blog sympa (rien à faire juste mettre un lien vers une note écrite par quelqu'une d'autre et auquelle il n'y a rien à rajouter) et qui démontre que les blogeurs sont des gens normaux.

Tactile

Un truc que les filles ont toujours sur elles et qu'elles caressent du bout des doigts ?

Si tu penses à autre chose qu'un IPhone, c'est que tu n'es pas de la bonne génération.

Vous pouvez pas comprendre (2)

« Soyez prudents, il y a une soirée pour les prisonniers* basques au trinquet et les gendarmes font toujours des contrôles ces soirs là » conseille la patronne de l’auberge d’Helette en orientant le choix vers une demi-bouteille pour accompagner la palombe rôtie.

C’est une soirée radicale effectivement, pas forcément pour les presoak*. Public jeune et très jeune. Le groupe qui assure la première partie avec un rock country gentillet chauffe comme il peut, sans trop de succès, avec beaucoup plus de monde agglutiné devant l’immense bar que devant la scène. Puis le chanteur lance « Allez, en place pour le fandago ». Et la piste devant la scène se remplit instantanément de jeunes aux teeshirts noirs revendicatifs ; les cercles se forment, les bras se lèvent, les mêmes bras qui tendront les poings plus tard dans la soirée pour scander des slogans ; le fandango démarre. Et tout le monde sait les pas. Et tout le monde tourne ensemble comme les amatxis et les aitatxis d'il y a cent ans.









Le radicalisme du fandago ? Tais toi et danse !

Un vague sentiment de culpabilité sur le bout de la langue

En rebond d'un picorage chez Coumarine

C’est sur qu’elle exagère un tout petit peu : il y a décolleté et il y a « tu as vu la naissance de mes seins ? tu as vu ? tu as bien vu ? ». Là, c’est le deuxième cas. Et Ganix tombe sans résistance dans le sillon. Et même sur la pente douce qui suit la naissance. Et même, lorsqu’elle se penche, parce qu’elle se penche forcément vers lui, sur la lisière de la dentelle qui retient légèrement deux seins peu volumineux mais ne demandant qu’à pointer. D’ailleurs, deux verres de Navarre et quinze éclats de rire plus tard, Ganix est presque certain de leur érection.

C’est la main d’Aiala qui reprend possession de celle de Ganix et qui remet imperceptiblement de l’ordre dans cet apéro qui suit la rencontre sportive « On va peut être y aller, il est déjà 14 heures et on a plein de choses à faire ».
Plein de choses, dont une petite sieste après le sport et l’apéro. Et lorsqu’Aiala jouit magnifiquement, la fierté de Ganix reçoit le picotement d’un vague sentiment de culpabilité car, sur le bout de sa langue, se mélangent tout à la fois le petit portier d’Aiala et le téton d’une autre.

De la dispartion inévitable de la pêche artisanale

Marché aux poissons. Du merlu, du merluchon, du merlu friture sur tous les étals.
Il gare son Audi immatriculée région parisienne très riche et s’approche du premier étal.
« Bonjour, je voudrais de la dorade ».
« Cette nuit, c’est du merlu qu’il y avait dans les filets ».
« Ah mais je voulais de la dorade »
« Aujourd’hui il n'y a que du merlu, désolé »
« Vous en aurez demain de la dorade ? »

Vol de glace

Un ciel vide de lune et des étoiles tellement glacées qu'elles peinent à éclairer la nuit.
L’un contre l’autre sur la banquette arrière.
« C’est obligé la vitre ouverte ? On gèle ! »
« Serre moi plus fort, tais toi et écoute »
« … je n’entends rien »
« Ca va venir, attends »
« … on ne peut pas … juste … simplement quoi … fermer la fenêtre et se réchauffer l’un dans l’autre ? … on est obligé de faire un truc new-age écolo … et de ne même pas jouir ? »
« Là ! »
Le cri des grues vrille la nuit.
Le vol n’est pas très haut mais invisible dans le noir.
C’est perçant, c’est brut et il devient difficile de croire que seul le froid est responsable de la chair de poule.
Et cela dure aussi longtemps que le vol n’a pas gagné le sud.
Longtemps.
Et l’étreinte qui suit le silence est terriblement silencieuse également.

Orgue

« C’est trop facile les gros tuyaux, dès que tu joues de l’orgue, les filles pensent que tu es un super coup » se lamente Donaiki en regardant l’un des concertistes partir avec une beauté à la fin de l’inauguration du nouvel instrument d’Urrugne.
« Parce que toi, tu joues de quoi ? » interroge Pakita de l’autre coté du bar déjà prête à consoler ce musicien triste.
« Txirula et txistu » soupire Donaiki.
« Les petites flutes à 2 trous ? » grimace Pakita
« Bai, enfin, à 3, il y a le pouce aussi »
« C’est sur qu’un petit bout de buis et 2 doigts agiles, cela ne parle pas pareil qu’un gros tuyau » compatit Pakita « Et ton copain là-bas, il joue de quoi ? »
« Lui, c’est encore pire, il joue de la txalaparta. Tu t’imagines avec un gars qui change de rythme tout le temps ? »

Pastore lore

Le meilleur endroit pour voir les pottock quitter la Rhune avant de s’élancer dans les rues d’Ascain est au dessus du parking des carrières : il y a un peu de pente, la piste s’élargit et les pottock prennent de l’élan poussés par les courageux qui ont couru la Rhune toute la matinée pour les rassembler. Gehaxina s’est placée au croisement à coté d’autres spectateurs qui, comme elle, vont tenter de canaliser le déferlement des pottock dans le virage à droite.
Gehaxina attend. Il ne pleut pas encore. Elle sait que Fermintxo court la montagne depuis ce matin. Il lui a promis un irrintzina au passage de la crête.
Gehaxina est patiente. Elle devine avant même de le voir au dessus d’elle dans le ciel, juste sous le nuage, bai, c’est un vol, une dizaine d’oies qui se relayent en V vers le sud. Son premier vol de la saison. Presqu’aussitôt un irrintzina jaillit, puis un autre répond. Et le premier pottok apparait se découpant sur la crête. Et d’autres pottock en file se détachent à contre jour. Il semble à Gehaxina que le défilé n’en finit pas là-haut. Il y a un blanc, un creux puis les premiers guides apparaissent à grandes enjambées, suivis de juments suitées puis cela déboule, cloches, hennissements des poulains dans le flot, martellement des sabots sur les pierres de la piste. Le flux accélère, les hommes, les chiens courent, les pottok évitent les spectateurs et coupent le virage de l’autre coté, ils coupent même beaucoup, écrasant sur plus de trois mètres les bruyères, les tuyas, tout ce qui se met devant eux. Gehaxina sent la palpitation sourde des 600 sabots qui lui remonte jusqu’au creux du ventre tandis qu’elle voit Fermintxo courir après un poulain noir échappé, Fermintxo tomber, se relever, reprendre sa course le bâton en l’air et ramener le poulain dans le flot. Il ne va pas la voir tellement il est porté par la course ? il cherche du regard sans ralentir, bai. Sourire éclatant d’un bonheur primitif.

La pluie n’en peut plus de patienter et elle se lance pleine force. Effort et pluie, les pottock fument très vite et lâchent leurs tonnes de crottin dans les rues d’Ascain. La pluie nettoie.

« Tu as encore de l’énergie après une matinée passée à courir la Rhune ! » s’exclame Gehaxina en contemplant Fermintxo au sortir de la douche.
« Bai, c’est moi l’étalon du troupeau ! »
« Quel troupeau ? La seule et l’unique c’est moi, sinon je coupe ! » hennit Gehaxina en assurant sa prise sur la hampe.

Dans le lit de Gehaxina, après.
Gehaxina ne peut pas dire que Fermintxo ronfle, ez. Il dort simplement. Brisé, rompu, heureux.
Gehaxina quitte le lit, gagne la fenêtre et regarde la pluie tomber.
« Pluie, pottock descendus, premier vol. C’est le bon moment pour convaincre Fermintxo de s’installer ici pour qu’on passe l’automne ensemble. Au moins l’automne ».

Professeur

09/10/2009 A Finkielkraut à propos de R Polansky accusé de viol sur une mineure de 13 ans :
« La victime n’était pas une fillette, une petite fille, une enfant aux moments des faits, c’était une adolescente qui posait nue, dénudée, pour Vogue Homme »

11/08/2005 J Grenet, maire de Bayonne, à propos d’un viol durant les fêtes :
" Je dis simplement que quand on se met en string et torse nu à 3h du matin, on a plus de chance de se faire violer ".

Finalement un notable de province pourrait tout à fait être prof à Polytechnique (chaire de culpabilisation des victimes).

Fluide

Octobre, 23 heures, 23°, l’océan est trop paresseux pour envoyer un souffle et la fumée stagne au dessus des fumeurs.
« Je crois que je vais m’endormir sur la terrasse » murmure Pago en laissant la cendre produire un cylindre régulier, « je n’ai plus d’énergie ».
« Je confirme » répond Udana en tirant sur sa menthol « je la sens qui coule ton énergie ».

100/100

Ça n’a pas beaucoup d’importance -sauf pour ceux qui aiment la numérologie- mais l’histoire en dessous était la 100° crudité qui avait rejoint la 100° fleur bleue
Avec un peu de scories quand même, cela devient brouillon, ez ?

Herborisation

« Tiens, on fait un tour par le jardin botanique » propose Oilhan au sortir de la poterne.
« Pourquoi pas mais pourquoi maintenant ? » interroge Maialen.
« Car, bien qu’il fasse 28°, nous sommes quand même le 6 octobre, le jardin va fermer le 15 octobre et, comme tous les ans, on va se réveiller trop tard pour s’embrasser sur le pont japonais ».

Oilhan et Maialen déambulent dans les petites allées bien rétrécies par la pousse des plantes durant tout l’été. Les grosses carpes japonaises assistent à leur baiser sur le petit pont rouge.
« Ce sont les mêmes que lorsque nous étions lycéens ? » se demande Oilhan.
« Bai, la grosse jaune se rappelle que tu as failli m’étouffer avec ta langue tellement tu l’enfonçais » déclare Maialen dans un éclat de rire.

Ils flânent et entrent dans la bambouseraie au fond du jardin. C’est plus calme, plus tamisé aussi. Maialen laisse glisser sa main sur les tiges de bambou qui pointent, serrées, vers le ciel. Entre le pouce et l’index, elle teste « Celle-ci peut être ? Ez, trop fine ; celle-là alors ? bai, c’est plutôt ça » sourit-elle en refermant complètement sa main sur le bambou et en imprimant un mouvement très lent de haut en bas qui ne laisse pas Oilhan indifférent. « Confrontons » propose-t-il en se rapprochant. Maialen vérifie que ses perceptions tactiles sont bien identiques au creux de chaque main. Le merle qui gratte les feuilles sous les bambous à deux pas reste indifférent à l’activité comparative de Maialen. Par contre, il n’apprécie pas du tout le jet violent qui vient frôler son bec quelques minutes plus tard.

Patxaran bat

1) Un mec m'a forcé la main pour participer à un concours d'écriture ("Allez, on y va tous les 2, j'écris en euskara et toi en français"). Un défi de mec quoi !
2) Résultat : j'ai écrit (en respectant à peu près le thème)
3) Résultat : il n'a rien écrit du tout (honte à lui + 1 verre de vin)
4) Précautions :
41) Attention ! Il n'y a pas de crudité (c'était un concours "tous publics") ça manque un peu.
42) Attention ! C'est un peu long (il y avait des bornes sup et inf) (et il y a des personnes bien meilleures pour ce type de format).
Vous êtes prévenu(e)s, c'est ici.