Martinets

Au coin de la rue Daniel Argote, le voile devant la fenêtre du troisième étage oscille avec le souffle du soir. C’est l’heure où les rondes stridentes des martinets laissent la place aux vols soyeux des chauves souris. Enara et Ttale, allongés nus sur le dessus des draps, regardent le gris remplir la chambre.

« Elles sont enfin parties se coucher les hirondelles, murmure Ttale, elles font un boucan d’enfer avec leurs vols au raz des toits. »

« Ce ne sont pas des hirondelles, répond Enara, ce sont des martinets ; ils ne se couchent jamais ; ils vont dormir dans les thermiques à 1 000 mètres d’altitude. »

« Ils dorment en l’air ? »

« Bai, ils font tout en l’air même le sexe, complète Enara en enroulant sa main autour de la hampe de Ttale ; j’aime bien leurs courses de folie, toujours à fond, toujours au plus près des toits, des murs, des antennes, tout ça, c’est le début de l’été ; tu sais que tu es arrivé dans cette chambre en même temps que les martinets ? »

« Ça fait deux mois qu’on se voit » réfléchit Ttale

« Bai, comme les martinets. »

« Et ils repartent quand ? » s’inquiète Ttale

« Début aout, mi aout. »

« Je ne suis peut être pas capable de te prendre en plein vol, s’insurge Ttale, mais je t’assure que je peux tenir plus longtemps qu’eux, ma libido supporte très bien l’hiver au bord de l’Adour ».

7 commentaires:

Prax a dit…

Je peux faire le malin mais il n'y a pas si longtemps que j'ai constaté que le martinet noir était en réalité marron foncé.

Berthoise a dit…

J'en verrais un que je ne saurais pas le reconnaître.

Prax a dit…

berthoise : si tu habites à la campagne, tu as peu de chances de le croiser.

corinne a dit…

...l Adour ferait il des miracles ?? hi hi

Prax a dit…

corinne : ça, je garde !

Martin Lothar a dit…

Tiens, je vais en parler bientôt des hirondelles que j'admire tous les soirs de ma tanière. Ce sont des anges (comme ceux de Rilke — je repasse à ce sujet)
Ça sera une belle note du Martin Net...

Prax a dit…

martin net : bai, ça sonne bien