Brulé

Sonnerie téléphone :
- Maika Bai ?
- Bonjour, c’est Michelle. Alors, tu es prête pour Halloween ?
- Bien sur que non, tu sais bien que les vraies basques depuis la chasse aux sorcières de 1609, elles ne plaisantent pas avec ce sujet.
- C’est un peu de l’histoire ancienne quand même.
- Ez, des béarnais –salaud d’Henry IV- et des bordelais –salaud de Pierre de Lancre- qui veulent "purger le pays de tous les sorciers et sorcières sous l'emprise des démons, des guérisseuses et des cartomanciennes" et qui trouvent que bruler et torturer 600 femmes de marins - femmes seules censées courir le sabbat afin d'assouvir leurs pulsions- c’était une bonne chose. Ez, je te le dis, on ne plaisante pas avec les histoires de sorcières.
- Tu exagères. Il y a eu des recherches qui disent que ce ne sont pas 600 mais 80 qui ont été mises au bucher.
- Tu as raison, 80 basques innocentes, ce n’est vraiment pas grand-chose. Allez, je te laisse, il y a comme une odeur de brulé dans ma cuisine.

Une dame avec des chaussures vernies et un tas de cailloux

Est-ce qu'une dame avec des souliers vernis et un tas de cailloux font courir le risque de 3 années de prison et 75 000 € d'amendes ?










C'est Mère Castor qui a pris la responsabilité de publier le tas de cailloux et Sorgina de montrer ses souliers vernis.

Chène

Il arrive parfois à Lezana de ramasser un gland tombé sur sa pelouse et ce n’est pas toujours en automne.

Brume

Matin d’automne, à l’étale, l’Adour libère toute l’énergie reçue par l’océan au cours de leur nuit d’amour.
« C’est très bien que cela ne fonctionne pas à l’identique pour moi » pense Usoa en regardant le fleuve fumer dans le soleil levant « Cela pourrait être gênant socialement certains matins ».

Force

Otxanda a les épaules qu’il faut lorsqu’elle pousse sa brouette pleine. Otxanda a les biceps qu’il faut pour soulever les mesures de maïs. Otxanda a les mains qu’il faut pour attraper le canard à gaver et les cuisses qu’il faut pour l’immobiliser le temps nécessaire.
Otxanda a une délicatesse et une douceur infinie lorsqu’elle repousse lentement le prépuce de Xabi pour faire apparaitre le rose nacré avant d’y déposer un bisou.

Vol

- Tu fumes ?
- Ez.
- Alors tu boudes pour être toute seule dehors ?
- Je regarde les vols.
Ganix range son paquet de cigarettes, il n’a pas très envie de fumer en fait. C’est juste une excuse pour s’approcher de Zuriñe.
- Et ça passe ?
- Bai, j’ai déjà vu deux vols.
Ganix se pose là. Le monde derrière est mis en sourdine, son corps prend l’attitude de l’attente. Il n’y a rien d’autre à faire de manière évidente que de guetter le passage des palombes. Ganix respire.
- Pas de vent du sud, elles vont passer haut.
Zuriñe est mieux d’un coup, les mots de Ganix sonnent justes.
Et le vol arrive, compact, très haut, fondant du nord, très près de la côte.
Il n’y a rien à dire durant le spectacle. Et peu à dire après la dernière trace du dernier battement d’ailes.
- Tu as envie de partir, assure Zuriñe.
Ganix sursaute un peu - Comment …, bai, j’y pensais là, suivre le vol, voir le sud. Tu lis dans mes pensées ? C’est vrai ce qu’on dit que tu es un peu sorgin ?
Zuriñe sourit.
Ganix soupire doucement, laisse son regard vers l’endroit de l’horizon où le vol a disparu.
- Je ne sais pas si j’arriverai à partir, murmure-t-il. Tu n’as pas une formule magique pour ça dans ton répertoire de sorgin, demande-t-il en éclatant de rire.
Zuriñe se tourne vers lui, le dévisage longtemps jusqu’à trouver dans son regard ce qu’elle cherche.
- Viens, dit-elle en lui prenant la main et en l’entrainant à l’écart. Il faut juste que tu aies la volonté de te tendre jusqu’au passage du prochain vol. Ça peut prendre un certain temps, ajoute-t-elle malicieuse. Je vais t’aider.

Lorsque, bien plus tard, les palombes remplissent le ciel, le jet de Ganix parcourt tout l’espace et se fond dans l’énergie du vol.


Ez : non
Bai : oui
Sorgin : sorcière (prononcer chorguine si c'est gentil, zorguine si c'est méchant)

Asteartea

- C’est bizarre, c’est toujours le mardi qu’elle pose ses congés, Sabadina.
- Bai, c’est bizarre. D’habitude, on pose le lundi ou le vendredi, pour rallonger le weekend.
- Ou le mercredi, si on a des enfants.
- Bai, mais elle n’a pas d’enfant.
- Et personne avec qui partir en weekend, à ma connaissance.
- Ez, personne.
- Alors pourquoi le mardi ?
- Un truc en semaine, peut être qu’elle voit un médecin ?
- De manière régulière comme cela ? Elle ne fait pas de régime. Un psy alors?
- C’est peut être cela, elle a mal vécue sa dernière histoire. Elle doit essayer de mettre de l’ordre dans sa tête.

Le mardi, au quai Delure devant l’aciérie, un bateau vient charger les billettes d’acier.
Le mardi, le capitaine du bateau confie à son second la surveillance des opérations.
Le mardi, Sabadina badine convenablement.

Emenahikaria

« Dis donc, tu en as préparé beaucoup » constate, admiratif, Joxi en entrant dans la cuisine.
« Bai, je cherche une recette originale pour le concours de pintxo de Lurrama » répond Aintza
« Oh, tu en as même fait avec une base de taloa » remarque Joxi en apercevant des petits losanges taillés dans une galette.
« Ça c’est spécial pour toi, tiens, goute » invite Aintza en tendant un morceau.
« Taloa nature ? »
« Ez, ce n’est pas nature, c’est frotté »
Joxi porte le petit losange à sa bouche, attentif. Il rougit fortement lorsque l’évidence du gout s’impose.
« C’est spécial pour toi, ça n’a pas besoin d’autre chose ; je pense que je vais l’appeler emenahikaria »

Bai : oui
Pintxo : c'est comme des tapas sauf qu'on dit pintchos
Taloa : galette blé/maïs
Ez : non
Emenahikaria : désir féminin (attention, on ne mélange pas les genres)

Bannière (2) CC

Cela n'a l'air de rien mais le collage mal fait sur l'entête de cruditeetfleurbleue est une œuvre - oui madame une œuvre -, une œuvre dérivée certes mais une œuvre quand même. Du coup, il convient de préciser la source de la dérivation : c'est ici

Allégée

Bien qu’allégée par l’orgasme, la hampe est inexorablement attirée par le sol.
« C’est la loi de la gravité » soupire Ttale.
« Pas de fatalité » rebondit Nekane en commençant à chatouiller les aisselles et le buisson de Ttale « Face à la loi de la gravité, imposons la loi de la jovialité ».

Epépiné

C’est une bonne soirée, une rencontre associative en fin d’après midi qui se prolonge de manière informelle et naturelle par une plancha chez les participants les plus proches. Et tout le monde met la main à la préparation. Ça rapproche. Surtout Maika qui trouve terriblement craquant et spirituel le grand brun célibataire. Elle s’affaire à découper la ventrèche sans vraiment quitter Paxkal des yeux. Il manie le couteau avec aisance, sans trop en faire, un peu concentré quand même car cela coupe. Il sourit. Il a de belles dents. La plancha est chaude. Paxkal apporte le plat de ventrèche. Il propose de commencer le premier tour de cuisson. Maika va chercher 2 verres de Navarre et revient vers lui tandis que les participants se dispersent sur la pelouse. Paxkal dépose les tranches de ventrèche et ménage un espace pour les oignons émincés. Maika trouve que le jean de Paxkal le met plutôt en valeur. Le sourire de Maika se fige lorsqu’elle s’aperçoit que Paxkal jette sur la plancha les piments doux entiers.
« Tu n’enlèves pas les pépins ? » demande-t-elle avec un reste d’espoir.
Paxkal s’enfonce définitivement « Ben non, y en a trop ».
Maika fait un sourire et va s’insérer dans un groupe un peu plus loin.

Chipie

La chiffonnade est si fine que le rose du jambon rappelle celui des ibiscus d’amatxi. Les chipirons frémissent dans leur encre et leur fumet remplit, sans l’envahir, la petite cuisine qui sert aussi de salle à manger. Il n’y a pas à dire, Bitxintxo a préparé un joli repas en tête à tête, un diner qui fait suite à plusieurs conversations avec Jaiona, des rencontres simples, évidentes, prometteuses. Un repas riche de possibles. Et de l’autre coté de la table, Jaiona se dénude. Ce n’est pas forcément le lieu qu’elle aurait spontanément choisi. Salomé, la danse des 7 voiles, Jaiona voyait plutôt cela dans une chambre avec de la musique douce pour cette première fois de ce nouveau jeu, la toute première fois de sa vie toute entière. Cela aurait pu être après le repas aussi, pourquoi pas. Mais c’est maintenant que Jaiona décide de sauter le repas, de le bousculer. Ou de le remettre à plus tard pense Bitxintxo pragmatique.