Cuisine vitale

Quelle vitalité la cuisine basque !
Sur un sujet imposé avec des règles contraignantes, les bloggeurs du carnet bayonnais ont fait exploser la chaine, dynamiter les règles et cela donne du jubilatoire, du libératoire, de la vie quoi !

Avec 'No et sa raclette/crevette/cantal supersonique
Avec Cat et ses recettes délicieusement coquines
Avec Fleurlafleur et sa gourmandise des mots
Avec Marco et son rock basque gastronomique

Egizu bazkari, egizu afari
(même la formule bon appétit est multiple et diverse)

Perches

Sonnerie téléphone :
- Dominixe Bai ?
- Agur, c’est Maika. Tu pourrais me prêter ton baudrier d’escalade un jour ou deux ?
- Bien sur, tu veux ramoner ta cheminée ?
- Non, ma cheminée est régulièrement entretenue. J’en ai besoin pour aller sur le terrain de rugby de Lourdes.
- C’est plutôt d’un ballon dont tu aurais besoin !
- Non, c’est pour la venue du pape. Ils veulent scier les poteaux du stade Antoine-Béguère. Tu imagines ! Les plus hautes perches de France ! Des tiges immenses dressées infiniment vers le ciel qui clament haut et fort que les hommes du sud ouest ont les plus grandes.
- Oui, je comprends mais qu’est ce que tu veux faire avec mon baudrier ?
- Et bien m’accrocher, nue, en haut des perches avec une banderole « On ne soigne pas l’impuissance d'un mec en robe par la castration de tout un stade».

Poussée de feuilles

Dans cette vallée d’ipparralde tellement loin de tout que chaque foyer dispose d’au moins deux véhicules, une jeune femme seule à l’arrêt de bus avec un gros sac, cela interroge. Surtout lorsque le seul car de la journée est passé depuis deux heures.

Amatxi Mari-Antxon vient voir, questionne et clopine chez amatxi Gaxuxa. Elles élaborent un plan d’action en 2 secondes.

« Agur, c’est moi » hurle Gaxuxa dans le téléphone
« Amatxi ? » s’interroge Patxi
« Oui, il faut que tu viennes »
« Mais amatxi, je suis au travail »
« Si tu réponds sur ton téléphone portable, c’est que tu n’es pas si occupé que ça. Il faut que tu viennes »
« Amatxi, je suis à Anglet, au travail »
« Et bien tu dis à ton patron que ton amatxi t’appelle et qu’il faut que tu viennes »
« Mais ça ne peut pas attendre samedi ? Je passe te voir samedi si tu veux »
« Non, tu viens maintenant, il y a quelqu’un qui t’attend »
« J’en ai pour 2 heures de route »
« Je peux la faire patienter un peu après tout ce temps »
« Mais de qui me parles-tu ? Qui m’attend ? »
« Viens, je ne peux pas t’en parler au téléphone »
« Amatxi, tu ne parles pas au téléphone, tu hurles ! »
« Mais c’est loin Anglet ! Pourquoi tu travailles si loin aussi ! Ça serait beaucoup plus simple si tu habitais ici, je ne serais pas obligée de m’occuper de tes affaires et de réparer tes bêtises. Allez, je lui dis que tu arrives». Et elle raccroche.
« Il arrive mon petit fils, il arrive » claironne-t-elle.

A l’arrêt de bus entre les deux grands-mères, Caroline hésite à se pincer. Hier, elle s’est mise au lit à 18 heures, n'ayant même plus la force de pleurer ni même celle d’avaler tous les tubes de médicaments disponibles de son appartement. Elle s’est réveillée, hagarde, deux heures plus tard avec un rêve d’une telle évidence qu’elle a bouclé un sac, pris un RER, un train de nuit, un bus à la gare de Bayonne dans la foulée pour arriver dans ce village où, il y a neuf ans, elle a passé quinze jours de vacances avec ses parents, les plus belles vacances de sa vie. Les deux grands-mères à ses cotés ont l’air de trouver cela normal, pas plus fou qu’autre chose. Caroline s’excuse, s’excuse encore. Elle va appeler un taxi pour repartir à la gare. Les deux grands-mères n’ont pas l’air de vouloir comprendre, elles se parlent en euskara, lui sourient, disent que tout va bien, que le gite loué il y a neuf ans est fermé, que les taxis ne viennent pas ici, que les montagnes sont bien dégagées aujourd’hui.

Patxi reconnait tout de suite Caroline même s’il le cache bien. Il ne pensait pas que cela faisait de telles décharges électriques de revoir une petite copine des années plus tard. Peut être que la première amoureuse à quinze ans possède un statut particulier. Patxi fait la tête à amatxi Gaxuxa « oui, je vais ouvrir le gite mais tu sais très bien où sont cachées les clés ». Patxi est juste aimable avec Caroline « j’aurais été prévenu de votre arrivée, cela aurait été mieux ». C’est quand il voit une larme sur la joue de Caroline et qu’amatxi Gaxuxa lui lance « Urde basurde buru zikina » qu’il ferme les yeux, respire, prend la main de Caroline et l’emmène vers le chêne près de la source.

« Elle te disait déjà ça ta grand-mère il y a neuf ans je me rappelle. C’est quoi ? Une malédiction ? »
« C’est quelque chose comme espèce de tête de sanglier ».

Cuisine en chaine

Un grognard que je pensais ne se nourrir que de viande crue à laisser trainer une chaine sur les plaisirs culinaires. Il faut :

- mettre le lien honteux de celui qui a tagué - mettre le règlement en dessous - répondre aux 6 questions suivantes - taguer 6 personnes à la fin du billet en mettant leurs liens - avertir directement sur leurs blogs les personnes taguées.

1- un aliment ou produit que je n'aime pas du tout.
La soupe du soir faite avec la purée du midi (un traumatisme d’enfance toujours pas réglé)
2- mes trois aliments favoris.
Des chipirons à la plancha (c’est comme des calamars sauf qu’on dit chipirons)
Des cœurs de canard à la plancha
De l’ardi gasna (fromage de brebis à tête noire) très vieux (le fromage, pas les brebis)
3- Ma recette favorite
Une seiche cuisinée (tomates, oignons, aneth en grains) et servie froide en pinxos (c’est comme des tapas sauf qu’on dit pintchos)
4- Ma boisson favorite.
Du patxaran avec trois grains de poivre (du praxaran quoi)
5- Le plat que je rêve de réaliser et que je n'ai toujours pas fait.
Un marmitako (un ragout de thon)

6- Mon meilleur souvenir culinaire.
Mon premier foie gras mi-cuit au torchon (la chance du débutant, le temps de cuisson était parfait, du beurre)

A suivre peut être
chez ‘No qui hait tellement de choses que je suis curieux de voir ce qu’il aime en cuisine
chez Xan pour qu’il arrête deux secondes avec sa cuisine politique
chez Marco qui en connait un rayon en cuisine quand il ne se prend pas pour Bernie Bonvoisin
chez Gabilatruffe s’il ouvre enfin un blog de recettes
chez Cat si elle arrête de jouer au héros
chez Fredlafleur s’il se décide à ne pas mettre une photo

Camille

Un hommage/poignée de main/bise/clin d'œil à Camille, figure de la blogosphère graphique (même pornographique -avertissement : ce n'est pas pour les petits-) qui non seulement mélange les genres mais, en plus, entretient un mystère sur son genre personnel.


Dans le petit jour, Camille se gratte les sacs d’un geste machinal puis place les mains en coupe sous sa poitrine. Tout est en place. Ce matin, la miction de Camille c’est debout mais à l’envers, le dos vers le réservoir. Hier, c’était assis mais à califourchon, le dos vers la porte. Camille se lave les mains mais pas toujours, referme la porte mais pas toujours.

Le petit déjeuner de Camille c’est un thé vert, bon pour la ligne et un café noir, bon pour l’haleine. Les tartines sont toujours beurrées. Camille lit la page sports du journal du matin et la page culture/sorties. Lorsque les petits cochons roses du Stade Français vont au Lido, Camille n’a qu’une page à lire.

Sous la douche, Camille se passe la croupe au gant de crin avec la main gauche et le gland au savon avec la main droite. Camille replace son prépuce avec douceur et pince ses mamelons avec vigueur pour les faire pointer.

Devant son armoire, Camille n’hésite pas pour le porte-jarretelles mais a toujours beaucoup de mal à coordonner un slip kangourou confortable avec un soutien gorge pigeonnant.

Par principe, Camille ne se manuelise jamais au travail mais le soir au calme dans son appartement en dessinant des instantanés pornographiques. La main droite ferme sur la hampe, deux doigts gauches dans le fourreau, Camille doit lâcher son crayon. Les pollutions diluent parfois la couleur des aquarelles.

Soupçon

La laitance de Ramuntxo que Domenga a déposée sur l’herbe grasse est compacte, nacrée, naturellement belle dans le soleil.
Les brebis à tête noire remontent lentement la pente.
« Je me demande quel gout va avoir l’ardi gasna si elles viennent brouter par ici » s’interroge Ramuntxo en souriant.
« Probablement un peu salé » répond Domenga.

Veuve

En top 14, après le match, le grand chapiteau partenaires est un point de passage obligé. Les flutes à champagne se remplissent et se vident. Maika catalogue consciencieusement les partenaires qui s’affichent avec la veuve Clicquot pour faire oublier la veuve Poignet.

Manifestation

Lorentxa vient d’avaler deux heures et demie de route plus un orage sur Tarbes pour arriver à l’heure sur Blagnac et récupérer son collègue descendant de Paris avec lequel elle file vers leur rendez-vous centre ville Toulouse.
Lorentxa enrage depuis ¾ d’heure, coincée avec son collègue dans la voiture au bout de la rue Peyrolières à regarder le cortège des manifestants s’écouler du Pont Neuf. Le prospect au bout du fil compatit mais ne peut vraiment pas décaler le rendez vous. « Vous me rappellerez avant votre prochain passage sur Toulouse pour caler quelque chose »
Lorentxa enrage.
« Ne te fatigue pas » lance-t-elle à son collègue qui joue de la langue entre ses colonnes dans cette chambre d’hôtel près de l’aéroport qu’ils ont pris par dépit pour essayer de calmer toute la frustration accumulée, « je suis trop tendue pour y arriver ».
« Nous sommes ici par la volonté du désir et nous n’en sortirons que par la force de l’orgasme » manifeste-t-il en poursuivant assidument.
L’éclat de rire vient à bout de tout.

Pages

Matin silencieux avant les premiers rayons. La fenêtre de la chambre est grande ouverte sur l’impasse du Chanteur Paulus. L’air frais rentre avec vigueur et chasse méticuleusement toutes les molécules chaudes et tièdes issues de la nuit.
Rien ne dépasse de la couette si ce n’est les paupières fermées de Pakita et les yeux de Janbattit ouverts sur de la poésie exotique.
Rien ne bouge si ce n’est une page parfois et l’index délicat de Janbattit feuilletant toute la longueur des nymphes de Pakita.
« Tu peux lire un peu plus vite s’il te plait » murmure Pakita « j’ai envie de connaitre la fin ».

Mésalliance

C’est puissant, titanesque, un orgasme définitif qui cambre Dulantzi au maximum de son arc vertébral. Txantxo tient bon dans ce déferlement, usant de ses deux mains et de ses dix doigts pour emmener le chef d’œuvre à son paroxysme et même un rien plus loin.
Txantxo est comblé par l’abandon total qui suit. Il dispose ainsi d’un peu de temps pour trouver les mots qui lui permettront d’expliquer à Dulantzi qu’une fouille passionnée dans une intimité désirante conduit parfois à une perte d’alliance.

Précision

Stand de fête foraine sur les allées Paulmy. Otsanda empoigne une carabine. Bloquer, aligner, tirer. Quatre plombs groupés parfaits et le cinquième un rien plus haut mais le tout en plein centre de la cible.
« Et une peluche pour la petite dame » lance le forain.
Otsanda sourit, choisit un nounours et l’offre à Xabi en susurrant « N’imagine même pas qu’il puisse y avoir une autre femme dans ta vie ».

Originels

Certaines nuits, sur la plus haute montagne d’iparralde, Mari la déesse mère écarte posément ses nymphes face à la lune et libère les rêves.
Aux creux des vallées, les euskadunak se retournent dans leurs sommeils, satisfaits.

Euskadunak : ceux qui parlent basque
Ipparalde : pays basque nord