Pas de note avant Pentecôte

Cruditeetfleurbleue ne met plus le couvert jusqu'à la venue de l'esprit saint.
(oui, oui, il y a de bonnes raisons). Mais vous avez le droit de vous installer et de pique-niquer.

Longeurs et pointes

Parce qu'il n'y a pas de raison de ne pas proposer une réflexion échangée, à défaut d'être partagée, avec Oviri :

Une femme qui pénètre dans la chambre est beaucoup plus nue avec des cheveux longs qu'avec des cheveux courts.

Cèpes

Pantxika brule. Son physique filiforme le souligne tout comme sa capacité à boire et à manger sans arrière pensée. Pantxika a un métabolisme réglé sur combustion maximale, un besoin de ne pas s’encombrer de vêtements trop chauds, trop longs, une jupette sur des jambes interminables.
Udalaitz se méfie cependant avant de plonger amoureux : ce feu indique-t-il une amante passionnée ou une furie destructrice ?
C’est l’odeur de Pantxika qui le décide finalement : une femme qui sent le caramel blond après avoir mangé des cèpes ne peut pas avoir de mauvaises pensées.

Dominical

Les draps séchés au soleil et remis avant le soir qui emplissent le lit de leur odeur rassurante.
Le pain qui a levé, poussé, gonflé et déposé dans toutes les pièces de la maison l’odeur du levain.
Les mains qui gardent l’odeur du savon doux après avoir lavé le gros pull en laine qui s’égoutte doucement à plat.
« Odeurs d’enfance, odeurs d’enfance, je ne suis pas certaine d’avoir en catalogue une position adaptée » ronchonne Naroa devant la béatitude régressive d’Ugutz en ce dimanche soir.

Pollution(s)

Au sortir d’une conférence de la société d’astronomie, Petexa réalise que toutes les pollutions nocturnes ne sont pas lumineuses.

Double

23 heures. La rue Thiers est enfin vide et le grand magasin du centre ville silencieux. Mi commence à masser l’épaule de Fa.
« Oh là oui, ça va me faire du bien. Elle est folle la nouvelle communicante à nous faire prendre des poses insensées ».
« Oui, elle est spéciale mais, au moins, elle nous a mis ensemble » répond Mi en insistant un peu sur les omoplates de Fa « Avant, c’était homme d’un coté, femme de l’autre, à l’ancienne ».
« Là, c’est parfait, ça me détend, oh tu exagères … » murmure-t-elle comme Mi lui arrache délicatement le bras du torse.
« A peine » sourit Mi en détachant brutalement son propre bras « ça va nous faire du bien à tous les deux » ajoute-t-il en plaçant avec adresse l’embout mâle de son épaule dans l’embout femelle de Fa.
Les mouvements du torse cette dernière trahissent vite qu’elle n’a rien contre après une journée de travail.
« On s’entend bien tous les deux » minaude-t-elle sans cesser d’onduler.
« Oui, bien ajustés » complète Mi en maintenant le rythme.
« Je me sens en confiance avec toi, prête à aller plus loin ».
« Oui … ? » interroge Mi.
« Je crois que j’aimerais bien qu’on essaye, toi et moi » continue-t-elle en lui arrachant la jambe d’un coup sec.
« Et moi qui n’osais pas te le proposer » dit-il en même temps qu’il fait rouler la jambe de Fa sur le sol et s’ajuste parfaitement.
Leurs ondulations sont rapidement plus urgentes sans rien perdre en amplitude.
« Je savais qu’avec toi, ça allait marcher le double plaisir ».
« Ca marche avec nous deux, allez, on y va, on y va ».
Les conjonctions épaules et hanches sont parfaites, les ondulations impeccables.
« Oh oui ! » explose Fa.
« Moi aussi, c’est le pied ! » irradie Mi.

Avant l’ouverture des portes, la jeune stagiaire ne parvient pas à s’expliquer pourquoi les pieds de deux mannequins qu’elle a disposés en vitrine se trouvent au milieu de l’allée centrale.

Carte Postale #22

Sur la proposition imagée d'un cartophile

Les chemins de halage le long du Doubs, Txomin commence à les connaitre. C’est calme, c’est reposant mais c’est d’un ennui en fait. Txomin regrette vraiment d’avoir suivi les conseils de Cénas, son pote de régiment, médecin déjà à l’époque mais pas bégueule, avec qui il avait monté un petit trafic d’alcool passé en douce depuis l’Espagne à l’époque de leurs classes à Mont de Marsan. La jeunesse, le bon temps et des crises de foie vingt ans plus tard « Je te confie aux bons soins de mon confrère Lapusse à Besançon, c’est un spécialiste dans sa clinique, juste l’affaire d’un mois ».
Un mois à arpenter les berges du Doubs, bien loin de nives basques dans lesquelles les truites et les saumons doivent frétiller. Alors cet après midi, sous le ciel gris et bas, Txomin se remonte le moral en sifflant la moitié d’une bouteille de patxaran. Il voulait la garder pour le jour de la sortie mais cela lui semble trop loin et il a le mal du pays. Et cela marche. La prunelle et l’anis le réveille. Il part d’un bon pas, sans se trainer, le long du chemin qui suit le courant et au bout de 5 kilomètres, le rose revenu aux joues, il s’adonne à une miction salvatrice, puissante et infinie dans le Doubs.

La mémoire bisontine a conservé le souvenir de l’année 1906 où des saumons ont été vus de manière unique et extraordinaire, remontant jusqu’au milieu de la boucle du Doubs.


PS : proposition avec un grand succès et plein de participants en liens ci-dessous

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Audible

Tempête sur bizkaiko golkoa(*) ; les plages se remplissent de flotteurs, de casiers, de cordages, de filets déchirés que des glaneurs récupèrent au matin. Serré contre Otxanda derrière l’abri relatif d’un blockhaus oublié, Haitz se dit que la houle qui claque sans répit et les bourrasques incessantes de vent d’ouest sont beaucoup plus bruyantes que son érection potentielle.

(*) Bizkaiko golkoa : golfe de Biscaye ou golfe de Gascogne

Rétine

Fin de saison de ski sur les Pyrénées et nuit dans une station aux ¾ vides.
« On a une vue plongeante chez les voisins » s’exclame Txomin en reposant sa brosse à dents.
« Tu plonges surtout sur la cage d’escalier d’une résidence vide » répond Naiara en prenant sa place.
« Ah bon, tu crois ? Avec ces grandes baies vitrées ? Super, ne bouge pas ! »
Naiara l’entend farfouiller dans un sac, sortir de l’appartement. Elle finit de se brosser les dents comme elle aperçoit les sursauts d’une lampe de poche dans l’escalier en face puis plus rien qui ne trouble la façade sombre. Et soudain apparait, juste à sa hauteur, dans un halo parfaitement centré, le profil de la hampe de Txomin, fière et tendue dont l’image reste gravée dans la rétine de Naiara longtemps après que le noir soit revenu.