Petit

Rencontres Médias et Proximité, Biarritz, 30/08/2007

"Le journaliste a cela de supérieur à l'internaute bloggeur : l'intelligence, le recul, l'honnêteté intellectuelle"
Francis Letellier, présentateur de Soir 3 Week-end

Parfois, il y a une certaine fierté à proclamer haut et fort qu'on n'a pas la télé.

Recherche

- " Et si le ciment du couple était le dentifrice ? " s'interroge Mixel en pénétrant dans la salle de bains.
- " Il faut vraiment que tu arrêtes d'écouter cette version molle de Rameau par les Arts Prout-Proutants de William Flétri quand tu lis ton Ekaitza le soir " lui conseille Karia.

Nuit geek

Dédicace clin d’œil à Marie et Joël

- C’était bien ton apéro pros de la com et accrocs du clavier ?

- Ouais pas mal.

- Pas plus ? Tu connaissais déjà tout le monde ?

- Non, il y avait des têtes nouvelles.

- Des têtes ou des filles ?

- Ben, j’ai rencontré une fille, une vraie geek.

- Ah ?

- Oui, une capitaliste de la capitale descendue avec son patron pour les rencontres M&P, une vraie geek. Mignonne avec son teeshirt WYSIWYG. On a parlé Silobreaker, Skaaz, Birenbaum. C’était sympa.

- Et ?

- On aurait pu continuer longtemps, il y avait le feeling mais son patron était un peu, comment dire, présent : « Allez, on y va, on nous attend pour le cocktail, faut y aller, il y a des trucs à faire ».

- C’est tout ?

- Non, on a bricolé un plan discret pour après, du genre, « Oh, mais quelle surprise, on se recroise par hasard, et bien oui, on peut encore boire un coup ensemble, n’est-ce pas boss, c’est cool ici ».

- Tu l’as retrouvée ?

- Oui, au Caveau, 3 vodkas, 2 Village people et le boss était dans un taxi, cuit, direction l’hôtel. On a filé sur la grande plage.

- Je vois bien le truc romantique, vagues, clair de lune, main dans la main.

- En fait, on a parlé Netvibes, Schmedley, Goowy, PS3, une vraie geek.

- Elle n’est pas venue chez toi alors ?

- Si, le wifi de son hôtel était en rade, elle voulait juste lire ses mails.

- Alors, tu as pu savoir si ce que tu voyais avec le teeshirt était ce que tu obtenais sans le teeshirt ?

- Ben, c’est une geek, une vraie. Alors, le temps qu’elle lise ses mails, qu’elle y réponde, qu’elle réponde aux commentaires sur son blog, qu’elle lise les blogs de ses potes, qu’elle leur laisse des commentaires, qu’elle ait une idée de mise à jour, qu’elle vide son APN, qu’elle mette à jour son Flickr*soupir* je me suis endormi.

Thriller saumon

...........12H42 : Un consultant se rend dans la salle de pause avec sa stagiaire pour parler tranquillement du rapport fin de stage.

...........12H52 : Deux ingénieurs d’études, sur la phase finale d’un projet, préfèrent aller prendre un café en salle de pause que de sortir déjeuner.

.............13H02 : En voulant réchauffer ses tagliatelles carbonara, un responsable qualité découvre une petite culotte saumon dans le micro ondes de la salle de pause.

Aliénor exagère à la campagne

Vision campagnarde d’ « Aliénor exagère » du groupe Anamorphose.

Ihintza et Ekain pédalent dans l’été, Ihintza avec une robe légère boutonnée sur le devant –comment peut-on pédaler avec son amoureux en été autrement qu’en cotonnade légère boutonnée sur le devant qui, à chaque coup de pédale, découvre légèrement l’été – et Ekain, un peu ridicule à ses cotés, avec son cuissard de VTT.

Ihintza et Ekain pédalent un peu loin d’euskadi, au milieu d’une plaine moissonnée sur laquelle de grosses balles parallélépipédiques s’empilent en d’impressionnants châteaux forts.

« On fait l’attaque du castel ? » propose Ihintza.

« C’est moi qui fait Richard ! » répond Ekain en riant.

« Attend » dit Ihintza en posant son vélo. Elle soulève sa robe, se débarrasse de sa dentelle, la donne à Ekain « Tiens, il serait dommage pour un chevalier d’aller à l’assaut sans étendard » et disparait de l’autre côté des bottes de paille.

Ekain prend du recul et se met à déclamer à haute voix : « Diantre, vu d’ici, ce castel semble imprenable. Pourtant, nous avons juré sur le saint prépuce de le faire notre. Aussi, par le sang bleu, il tombera. Nous ne pouvons l’attaquer dans ces tenues indignes de l’étendard qui nous a été remis. Débarrassons-nous de ces braies malvenues pour un chevalier ». Le cuissard tombe à terre. « Et abandonnons ces chemises grises de la poussière des chemins ». Le teeshirt ikuriné glisse à son tour ». Nu, la dentelle à la main, il observe avec défi le castel.

Ihintza apparaît tout là haut. Elle déboutonne sa robe, lentement.

« Or donc, moi -bouton- demoiselle et pucelle –bouton- je suis retenue par mon père dans ce castel –bouton-. Il me veut marier avec un vieux françois –bouton- tout vermoulu. Il ne se trouvera aucun chevalier –bouton- capable de me soustraire –bouton– à mon destin –bouton– ennuyeux » –bouton-. Elle écarte les pans de sa robe ouverte et caresse délicatement ses pointes. « Je me languis ». Elle se tourne « Rien à l’orient ». L’autre coté « Rien à l’occident ».

Ekain se raidit à la vue d’Ihintza. Il bondit vers les bottes en poussant un grand cri : « Attaque surprise »

Dans le castel, c’est l’affolement « Alarme ! Alarme ! Richard nous attaque ! »

Ekain commence l’ascension des bottes, vite gêné par la hampe de son étendard. Il progresse cependant : « Vils félons, nous vous ferons rendre gorge »

Le castel se ressaisit : « Vite, des carreaux d’arbalètes, des pierres, repousser leurs échelles ».

Mais Ekain monte toujours : « Nous perçons vos défenses, rien ne nous arrêtera ».

« Rien ? Ha, ha ! Tu ne connais pas notre arme secrète, Richard ! » Et debout sur la plus haute botte, Ihintza dirige sur Ekain le jet puissant et précis de sa miction en criant, sardonique : « L’huile bouillante ! »

Amour de pluie

« Huitres, fondants au chocolat, champagne, vous êtes nos petits amoureux de la soirée » sourit la serveuse en apportant à ses derniers clients qui s’attardent un peu, les décas dans des tasses vertes.
Hegoa et Manex rougissent du compliment offert par quelqu’un qui pourrait être leur fille. C’était une bonne idée cette sortie, un soir en semaine, en pleine saison, sous la pluie.

Souvenirs de vacances - 7 & 8 & fin -

Couleurs matinales et finales

Breakfast assuré

Aimilios s’installe, souriant, à égale distance du bar et de la piscine, au beau milieu des tables du petit déjeuner. Sans qu’il ne commande, un serveur lui apporte les éléments exacts de son breakfast avec Sofia. Aimilios lui serre la main, le remercie et échange quelques mots en souriant. Sofia arrive, même âge de grand-mère, même sourire sans arrière pensée, une couleur blonde en harmonie avec les cheveux blancs d’Aimilios et le même plaisir à trôner au centre de cette sympathie. Une gouvernante venue chercher un plateau fait un léger crochet pour la saluer. Elles plaisantent sur la chaleur de l’eau de la piscine.

La nuit dernière, Sofia a porté les sous vêtements rouges un peu coquins qu’Aimilios lui a offert il n’y a pas si longtemps. Cela les a bien amusés comme toujours et très convenablement émoustillés. Aimilios et Sofia sont pleinement heureux au matin.

Breakfast potentiel

Loukas et Vaïa longent le buffet, chargent leurs plateaux et vont s’installer dans l’angle le plus éloigné, sur la dernière table à l’écart, avec l’inquiétude de ceux qui craignent que l’on brise leur histoire toute neuve. Loukas et Vaïa s’assoient côte à côte, leurs regards tournés vers la piscine et déjeunent dans un silence que leur bref vécu de couple ne leur permet pas encore de remplir. Loukas et Vaïa sont habillés avec l’élégance et la propreté maniaque de ceux qui ne peuvent pas encore se permettre un léger laisser aller sur le détail.

La nuit dernière, parfaitement baignée et parfumée, Vaïa a laissé la langue de Loukas descendre jusque dans son intimité. Un plaisir techniquement parfait. Les mots doux devraient venir à la fin du séjour.

Souvenirs de vacances - 5 & 6 -

Des couleurs d'écrits

Bronzer intelligent 1

Nikoletta vieillit mal et elle le sait. Nikoletta arrive sur la plage avec 100 bons mètres d’avance sur Vaïos. Elle s’installe sur le transat et commence immédiatement à lire son roman. Un livre par jour comme anxiolytique. Elle ne quitte pas sa page des yeux lorsque Vaïos s’installe à son tour. Vaïos attaque le journal sans y trouver un intérêt autre que celui de meubler le silence. A la page 4 de son quotidien, il pose tout en vrac sur la petite table et va se baigner sans demander à Nikoletta si elle désire l’accompagner. Brasse tranquille, sans effort apparent, puis retour sur le transat. Il ne reprend sa lecture que lorsque ses cheveux poivre et sel sont secs. Le silence accélère l’évaporation. Des heures plus tard, Vaïos abandonne les pages séparées du journal à leur sort et regagne la suite sans un mot. Nikoletta finit largement son chapitre avant d’envisager de se déplacer à son tour.

Nikoletta ne lève pas un sourcil lorsque Vaïos la rejoint enfin dans le lit bien qu’elle l’ait parfaitement entendu s’affairer aux toilettes. Le ronflement post-onanique de Vaïos n’est qu’un léger désagrément comparé à la bonne soirée de lecture qui s’annonce.

Bronzer intelligent 2

Sur le sable, Antonia et Nikos lisent le journal ensemble mais pas forcément le même article. La gestion des pages n’est pas optimale avec ces quotidiens qui commencent un sujet en première de couverture pour le finir en page 13 ou 25. Antonia et Nikos échangent les pages et les réactions au fur et à mesure. Lire une publication leur demande beaucoup de temps. Ensuite, ils prennent chacun leur livre, de préférence un que l’autre a déjà lu ce qui leur permet de confronter leurs impressions.

Le soir, Antonia et Nikos ouvrent leur kamasutra et discutent assez longtemps du choix de la position. Ils commentent, analysent et se mettent en place. Ils échangent et comparent les sensations ressenties. Il arrive même parfois à Antonia et Nikos de ne plus formuler de sons articulés.

Tourisme littéraire

En période de vacances, n'hésitez pas à pousser jusque chez Cat qui nous démontre qu'elle sait aussi écrire des histoires (si, si)

Souvenirs de vacances -3 & 4 -

D'autres lieux colorés par d'autres couples
Solitude carrelée 1

Evangelia est belle, ferme, avec un maillot sexy sans vulgarité. Evangelia enchaine sans palme crawl, brasse, dos dans une mer d’huile et se retourne de temps de temps pour voir où Stavros barbotte.
Stavros peine à remonter ses palmes sur les 15 mètres –un peu en pente, certes – qui sépare la plage de la suite, marbre et climatisation, que son métier de consultant lui permet de s’offrir avec Evangelia. Stavros sait qu’il doit faire attention lors de ses repas d’affaires et que son maillot tirebouchonne sous son ventre.
Après un missionnaire, Stavros s’endort toujours rapidement. Evangelia finit toute seule à l’eau froide dans la salle de bains.
Solitude carrelée 2
Thekla se moque du patrimoine culturel mondial qui se déploie devant eux. Elle préfère se coller à Dimitrios. Thekla n’a cure du coucher de soleil somptueux sur le patrimoine culturel mondial. Elle cherche les lèvres de Dimitrios. Thekla ignore la douceur du soir au sommet du patrimoine culturel mondial. Elle tient Dimitrios fermement par la main et l’entraine vers leur chambre où elle le prend derrière la porte, sur la moquette, contre le canapé, au dessus de la table TV, sur le lit, sous la douche, contre le carrelage.
Dimitrios apprécie ce voyage culturel surtout lorsque, seul dans la salle de bains, il peut enfin calmer le feu de son intimité mise à vif par l’exigeante Thekla avec un jet d’eau froide.

Souvenirs de vacances -1 & 2 -

Quelque soit le lieu, ce sont toujours les couples qui colorent le paysage

Mâle appréciation 1

Grigorios a été musclé, il lui reste le volume. Grigorios a eu une jeunesse, il lui reste les tatouages qui ne vont plus vraiment avec son coupé Mercédès. Tout en téléphonant, l’air absent, depuis le transat sur la plage privée, Grigorios palpe avec la tendresse d’un maquignon les cuisses d’Alanasia.

Alanasia a la jeunesse, la blondeur, la maigreur et la dépendance financière convenues. Alanasia a également le pubis rasé de rigueur sur lequel s’ajuste impeccablement son maillot de bain de couturier. Alanasia utilise peu son pubis. La plupart du temps, elle avale ou reçoit sur son visage. Grigorios apprécie.

Mâle appréciation 2

Anarguiros n’a jamais été musclé, il est sympathiquement rond. Anarguiros a un début de calvitie, porte les palmes de Kassiani et se serre contre elle lorsqu’ils passent tous les deux sous la douche de la plage.

Kassiani ne s’inquiète pas vraiment de la mollesse de sa silhouette, ni du sac qui lui sert de maillot de bain. Kassiani aime bien faire la planche tandis qu’Anarguiros la fait tourner doucement dans l’eau. Souvent le soir, Kassiani fait l’amazone avec un rythme parfait. Anarguiros apprécie.

Session de rattrapage

Alatz et son frère quittent le spot et remontent la plage, leurs planches sous le bras. Session moyenne, manque de houle. Déshabillage, rhabillage et vérification machinale des portables.

« J’ai un message » dit Alatz « Ah, c’est juste un bonjour de vacances de Babesne, tu vois qui c’est ? Elle m’a mis une photo »

Le frère jette un coup d’œil « Tu vas la rejoindre ? »

Alatz est surpris « Non, pourquoi ? »

« C’est bien ta copine ? »

Alatz s’esclaffe « D’où tu sors ça ? C’est juste une copine qui me fait coucou »

« Repasse moi le portable avec la photo qu’elle t’envoie, oui, là, qu’est ce que tu vois ? »

« Qu’elle est en vacances dans un endroit où il n’y a pas de vague » répond Alatz en souriant

« C’est vrai, pas de surf et encore ? »

« Que l’image n’est pas droite et surexposée » tente Alatz

« Prise en plein midi, couchée sur le sable, oui et encore ? »

« Qu’elle s’est fait le maillot et qu’elle a un piercing » essaye Alatz attentif

« Ouais, on va s’y prendre autrement. Je vois qui c’est Babesne, tu sais, vous êtes tout le temps ensemble »

« Oui et non, on fait partie de la même bande de copains et on sort beaucoup, oui, pas rien que tous les 2 mais tous ensemble »

« Ouais, tous les 2 avec d’autres mais tout le temps tous les 2 »

« Oui, si tu veux, on discute bien, elle est sympa, enfin on rigole surtout. VTT, ski, bowling. Et surf aussi »

« Et la dernière fois que tu l’as vu, elle t’a dit quoi ? »

« Qu’elle partait en vacances »

« Avec toute la bande ? »

« Non, toute seule. Enfin je crois »

« Elle te dit qu’elle va partir en vacances toute seule et toi tu lui réponds quoi ? »

Alatz hésite un peu « … Que tu vas venir et qu’on va surfer … », un coup d’œil à la photo, « je suis un peu con là, non ? »

« Oui, alors qu’est ce que tu vois sur cette photo ? »

« Qu’elle m’envoie son mont de Vénus, que j’ai un long trajet et que tu vas passer un bout de vacances sans moi »

« C’est pas grave, j’ai des trucs à lire »

La chance du dernier jour

« Amatxi(*) ! Vous avez mis votre tenue ! Vous n’allez quand même pas y aller avec tout ce monde ! » déclare sa belle-fille un tout petit peu trop fort au gout de Gaxuxa.
« J’ai rencontré aitatxi(*) le dernier jour des fêtes et depuis 52 ans nous n’en avons pas raté un seul ».
« C’est bien beau les souvenirs mais ils ne vous serviront à rien si vous tombez dans cette foule ».
« Allez Lontxo, on y va » déclare
Gaxuxa en plantant là sa belle-fille. « C’est qu’elle nous prendrait pour des vieux ».
Gaxuxa porte une robe blanche et un foulard rouge « je ne mets plus de ceinture rouge, ça me fait un gros ventre ». Lontxo porte beau la tenue complète et tient avec fierté la main de Gaxuxa . Il y a des festayres partout mais Gaxuxa et Lontxo savent où ils vont. Une première peña, saluer des connaissances, trinquer à la sangria, une deuxième association, d’autres saluts, du blanc limé et ils arrivent, surs d’eux, au but : un petit bar près du théâtre. Il y a toujours autant de monde. Il y a 52 ans, Lontxo et Gaxuxa se dévoraient des yeux depuis une ½ heure lorsqu’une banda était entrée jouer dans le café, provoquant une bousculade et les repoussant au fond, la main de Gaxuxa plaquée sur l’entre-jambes de Lontxo, au sein d’une masse compacte rendant tout mouvement impossible lorsque la protubérance de Lontxo fut devenue honorable sur le devant de son pantalon. Dans la mythologie familiale cette rencontre primordiale racontée par Gaxuxa est devenue : « Il était tellement mignon que j’ai saisi ma chance ».
Depuis 52 ans, même sans bousculade, Lontxo répond toujours honorablement à
Gaxuxa.

(*) aitatxi : grand-père / amatxi : grand-mère

Solitude intellectuelle

A la 4ème nuit des fêtes, Kimetz s’interroge : doit-il danser comme les 3 nuits précédentes ou faire l’amour comme les 3 nuits précédentes. Au vu de la fermeté de son déhanchement sur les rythmes de la peña cubaine, il y a malheureusement fort à parier que Mailen ne partage absolument pas son questionnement.

Guk euskaraz over midnight

Minuit, place Lacarre, si enclavée que cela en fait presque une cour intérieure et un espace étrangement calme au milieu de la fête. Un ciel dégagé qui laisse entrevoir des étoiles malgré les lampadaires. Guk Euskaraz qui arrive assourdi mais juste, joué par une banda de l’autre coté des immeubles, sur la rue poissonnerie. Une petite terrasse déserte qui domine la place, du champagne dans des flutes en verre (incroyable pendant les fêtes), un banc.
« Tu crois qu’il y a deux personnes plus heureuses, à cette seconde précise, sur la terre ? » demande Grazia.
« Assurément non » répond Ganix avant de déposer un baiser doux, long et définitif.

Encierro txiki et moins txiki

Fils est très fier. Avec sa tenue de festayre taille 6 ans, il va courir son premier encierro txiki. Dans la main, il a même une page de Sud-Ouest roulée pour essayer de toucher les toros en carton. Zorione et Ttale trouvent fils très beau. Ils sont serrés l’un contre l’autre, plus que la foule des parents attendant le départ ne le rend nécessaire. Les petits attouchements doux et précis de Ttale font leur effet et la chaleur qui envahit l’intimité de Zorione ne doit rien à la température extérieure.
« Ils courent vers la place du réduit en passant par les halles ? » questionne doucement Ttale
« Oui » acquiesce Zorione les yeux brillants
« Donc, si on coupe par la rue Bourgneuf, on arrive avant eux ? »
« Oui » l’encourage-t-elle
« Et le code d’accès de l’immeuble de Pantxika, tu te le rappelles ? »
« 1154*, cela ouvre sur un couloir sombre, aveugle avec une minuterie difficile à trouver » souffle Zorione.
Et le départ de l’encierro txiki est donné. Des centaines d’enfants en blanc et rouge, poursuivis par les toros à roulettes, s’élancent vers la rue Pannecau tandis que Zorione et Ttale , après un dernier regard vers fils, remontent en courant la rue Bourgneuf, tapent le code « ouf, il n’a pas changé », pénètrent dans le couloir aveugle, se donnent mutuellement accès à leurs intimités, partent dans une cavalcade effrénée, Zorione les mains contre la porte, Ttale, accroché à sa croupe relevée, burinant avec rythme et puissance, Zorione part la première « comme toujours dans cette position », Ttale la rattrape, ils se réarrangent, rouvrent la porte, finissent la rue en sprintant main dans la main, arrivent place du réduit comme les premiers enfants déboulent et se placent sous l’arbre repère juste comme fils arrive, très fier : « J’ai bien couru, je suis tout essoufflé ».
« Nous aussi » répondent-ils en riant.

Ouverture nuit

22 h, quai Bergeret. Les fusées tonnent là-bas au dessus de l’hôtel de ville. Les corolles des feux d’artifices illuminent les façades des allées Boufflers, le pont St Esprit, l’Adour toute entière et les seins nus d’Erregina qui, en soulevant son teeshirt de festayre, les offre à la nuit, au fleuve, à la fête et à Garikoitz qui lui tient la taille.

Ouverture pré

Dialogue téléphonique entre une accorte touriste, 95 B sans soutien gorge et un autochtone bien sous tous rapports.

Elle appelle impérative:
« Alphonse, je veux qu’tu me défonces ! »

Il répond, plaintif :
« Ma Mie, ce soir je ne puis,
Une migraine, oui, quel ennui.
Bien installée, je le crains
Pour 5 longs jours, elle me tient. »

Il raccroche et note sur son frigo cette règle de vie définitive
« Avant les fêtes, surtout pas,
Ton numéro tu n'donneras. »

Inculture

Temps 1 :
Migeltxe, sitôt ses ablutions vespérales effectuées, se glisse dans les draps, attrape le livre en cours et retrouve les pensées quittées la veille. Santxa le rejoint. Il continue encore un peu, une page, un chapitre. Et lorsque la lumière s’éteint, Migeltxe flotte encore dans l’univers du livre, juste à coté de Santxa. Migeltxe est cultivé.

Temps 2 :
Migeltxe se glisse dans les draps. Il ne touche pas le livre. Il attend. Il écoute Santxa dans l’appartement, Santxa dans la salle de bains. Elle entre dans la chambre. Migeltxe admire ses collines lorsqu’elle se penche, la houle de ses cheveux bien brossés lorsqu’elle se redresse. Migeltxe distingue l’odeur de sa crème de nuit lorsqu’elle soulève le drap. Il ressent la fraicheur propre qui se coule à son coté. Migeltxe n’est pas cultivé.