A un mètre de Marc Perrone

Pakea et Antxo sortent du spectacle. Ils marchent un peu, en silence, puis s’arrêtent.
Antxo regarde l’Adour.
- Elle remonte. C’est marée haute, dit Pakea, appuyée à son côté dans la nuit.
Antxo est toujours à un mètre de Marc Perrone, fasciné par les doigts musclés de sa main gauche qui scandent les bourdons du diatonique …
- C’est une odeur marine ce soir, poursuit Pakea
… le profil mal éclairé de Marc Perrone et ses yeux, si loin, tandis que sa main droite joue seule avec la nacre des boutons …
- Si tu glissais ta main, tu sentirais que je n’ai pas de soutien-gorge.
… Marc Perrone qui joue et reprend et prolonge la mélodie de l’Atalante …
-Il fait juste assez frais pour que mes tétons pointent.
… et qui fait de la respiration des soufflets un hymne bouleversant.

Source et ressource

- Cela ne marchera pas.
- Mais si, cela a fonctionné l’an dernier ; regarde le beau bouquet que nous avons cette année.
- Je n’ai jamais entendu parler de cela pour le muguet, à la limite pour la mandragore.
- Mais non, tu n’es pas pendu –ou juste à mon cou-. Là, c’est simplement participer à la stabilité naturelle : on prend du blanc, on dépose du blanc, c’est l’équilibre en toute chose. Tiens, regarde.
Le jet s’envole, par secousses longues que Martixa dirigent avec précision sur les grandes feuilles vertes des pieds de muguet.

Chez Achille

Il est encore un peu tôt et le bar à vins est très calme. Joantxot assure discrètement le service.
Frantxa entre. Elle attend quelqu’un. « Un rouge chilien pour patienter ? » Petite moue légère. Joantxot la regarde, s’attarde un instant sur ses mains et essaye « Pessac Léognan ? » Frantxa sourit en se calant sur la banquette. Elle trempe ses lèvres dans le verre à pied. Joantxot récolte son assentiment souriant et disparaît.

Frantxa joue un peu avec son briquet. Elle boit une gorgée. Son sourire cueille Joantxot au passage. Il s’approche, attentif « Tout va bien ? » Frantxa sourit. Il se penche un peu « Quelques tapas ? » Frantxa fait non, sans cesser de sourire. « Des piquillos ? » risque-t-il avec un soupçon de regard sur le haut de sa gorge. Frantxa s’attarde sur son lobe d’oreille. Ils s’accordent sur du serrano.

A son retour avec la chiffonnade, Joantxot ne se souvient plus si le premier bouton du chemisier de Frantxa était défait auparavant.

Note(s) pour dédicace(s) future(s)

[...] la vie n'offre pas toujours une chute narrative à la hauteur de ses prémices [...]
Annie dans un commentaire chez petaramesh

Et si on supprimait les crédits aux scientifiques ?

(AFP) avril 2007, 21h06 - Un chocolat fondant dans la bouche fait plus d'effet qu'un baiser langoureux, ont conclu des scientifiques britanniques après avoir comparé l'activité cérébrale et cardiaque de couples se livrant aux deux exercices.

Une gariguette fait le printemps

« J’ai ramené des gariguettes du marché » dit Donaiki en déposant la barquette sur la banque de la cuisine.
« Je t’aime » lui répond Gaxuxa, arrivant du jardin avec des iris et du lilas.
Les vases sont rangés bien trop haut. Gaxuxa monte sur une chaise, se hausse sur la pointe des pieds et offre à Donaiki le spectacle de ses fesses nues sous la courte jupe en laine.
Donaiki la cueille, la dépose sur la banque, poursuivant avec sa langue la découverte de ses yeux.
« J’aurai fini les gariguettes avant toi » murmure Gaxuxa en s’ouvrant.
Donaiki ne peut répondre mais s’applique. Gaxuxa ne triche pas, alternant fraises et soupirs.

« Délicieuses » souffle Donaiki en savourant les 2 dernières gariguettes.

Eve/mina

Un appel d'offres chez Mina

Eve n'était pas la première femme dans cette salle de bains au matin. Mais c’est la première que Txomin regarde se coiffer. D’habitude, il indique où sont rangées les serviettes propres, place un petit bisou dans le cou en glissant « je vais faire du café » et abandonne l’endroit. Les après ne l’inspirent pas. Mais ce matin, Txomin reste, en silence, appuyé sur la porte. Et Eve se brosse les cheveux, lentement, en prolongeant le mouvement juste un peu plus loin que les pointes, comme une salutation à l’aube. Eve pose la brosse et commence à rassembler ses cheveux. Txomin s’approche « Laisse les libres. Encore un peu ».

Printemps, pins

Gexan et Elaia sortent les planches, les lycras, les combis. Le soleil acquiesce et prête ses rayons de printemps. Mais l’océan, lui, se sent frère de la méditerranée, calme, sans un rouleau, méditatif.
Gexan et Elaia ont des doutes, finalement, sur l’adéquation eau froide et absence de ride pour se lever.
Gexan et Elaia regardent l’océan, puis la dune, puis les pins sous lesquels il n’est, finalement, pas désagréable de s’assoupir après avoir fait l’amour dehors pour la première fois de la saison.

Un rayon taquine un peu Elaia qui soulève une paupière. Gexan est toujours assoupi, détendu, presque nu, recouvert d’une poussière soulignant de jaune ses creux, s’accrochant en un petit anneau plus dense sur sa pointe humide et saupoudrant sa toison de fleurs de ronces. Elaia souffle doucement sur le pollen des pins.

Préparatifs pascals

Tu veux un costume de lapin pour Pâques, avec les oreilles, le nœud papillon et la petite queue blanche ?
Ah bon, j’ai été trop rapide ?

Je peux peindre tes œufs pour Pâques ?
Je vais encore devoir me raser.

Tu as prévu quelque chose pendant que le gigot va cuire ?
Comme remettre le battant pour sonner la cloche ?

Un moulage en chocolat ? Mais c’est chaud !

La raison de la pulsion

Ce n’est ni le lieu, ni l’endroit. C’est simplement Joxin et Amorea, deux collègues, qui se croisent dans un escalier. Juste deux collègues et ce qu’ils font à l’extérieur ne regarde qu’eux.
Un sourire, c’est parfait quand on croise un collègue.
Joxin et Amorea, deux collègues, qui se croisent dans un escalier exceptionnellement désert.
C’est bizarre que les corps réagissent de manière autonome parfois et qu’Amorea se retrouve à embrasser à pleine bouche Joxin à qui elle destinait un sourire raisonnable.